Pourquoi et comment le PSG a franchi un cap en Ligue des Champions
Paris tient enfin son défi ultime. Après d'innombrables désillusions, le PSG est en finale de la Ligue des Champions pour la première fois de son histoire. Opposé à l'ogre Bayern Munich ce dimanche, le club de la capitale va tenter, à l'issue d'une campagne où il est enfin parvenu à briser son plafond de verre, de décrocher sa deuxième Coupe d'Europe, 24 ans après son sacre en Coupe des coupes (C2). Et si ce Final 8 était finalement ce dont avait besoin Paris ?
Mardi soir dernier. Le Paris Saint-Germain s'impose sans trembler face au Rasenballsport Leipzig (3-0), et devient le premier qualifié pour la finale de cette édition si particulière de la Ligue des Champions. Se remémorant les débâcles de Stamford Bridge, de l'Etihad Stadium, du Camp Nou, du Parc des Princes, où même plus récemment d'une rencontre face à l'Atalanta lors de laquelle les Parisiens ont frôlé la correctionnelle, ces derniers exultent. Après des années de galères, partagées entre sentiments de frustration et de honte, les coéquipiers de Marquinhos y sont enfin. Ce dimanche les attend une échéance dont ils ont tant rêvé, mais dont ils ne s'étaient pour autant jamais rapprocher avant ce mois d'août 2020.
Le déclic Dortmund
Toujours à l'aise lors phase de poules, les Parisiens ont pour habitude d'entrer dans le vif du sujet à l'occasion du début des huitièmes de finale, qui sonnent le coup d'envoi de la phase à élimination directe. Souvent convaincants lors des rencontres aller, le Paris Saint-Germain a pourtant démarré cet exercice 2019-2020 par une défaite très inquiétante à Dortmund (2-1). Une rencontre à l'issue de laquelle les démons de l'équipe parisienne ont semblé refaire surface, à l'aube match retour des tous les dangers.
Mais, coronavirus oblige, les Parisiens ont dû faire face à l'interdiction pour les supporters de prendre place dans les tribunes du Parc des Princes pour la réception du club de la Rhur. Alors qu'on avait longtemps pensé au pire, les coéquipiers de Neymar ont finalement pris la mesure des hommes de Lucien Favre (2-0), dans une rencontre à huis clos où ils ont su mettre tous les ingrédients nécessaires pour effacer un ballotage défavorable, et une nouvelle angoisse. Après trois échecs consécutifs à ce stade de la compétition, les Parisiens ont enfin passé le cap des huitièmes de finale, se donnant ainsi le droit d'aller disputer un Final 8 où tous les espoirs étaient permis.
Un Final 8 à matchs secs, la bonne formule ?
À Lisbonne prenait donc place un format tout nouveau pour terminer cette édition de la plus belle des compétitions européennes. Cette nouvelle formule, due à la situation de crise sanitaire exceptionnelle qui frappe le monde entier, a sans doute contribué à ce que les joueurs du club de la capitale franchissent un nouveau cap. Débarrassé des matchs retour à gérer après une rencontre aller souvent maîtrisée, le Paris Saint-Germain peut désormais se concentrer sur des rencontres couperet de 90 minutes, sur lesquelles il joue son va-tout.
Un format qui a semblé plutôt bien réussir à l'armada parisienne, puisqu'après un succès certes in-extremis face à l'Atalanta (2-1), où Neymar et les siens ont de nouveau montré une force de caractère qu'on ne leur avait pas connu par le passé, ces derniers ont assumé leur costume de favori lors des demies, en écrasant une équipe de Leipzig sans solution face à la qualité technique et tactique des Rouge et Bleu (3-0). Une maîtrise que l'on avait là aussi très peu vu sur la longueur d'une confrontation aller-retour en Ligue des Champions, chez ce PSG version QSI.
Des joueurs matures, un effectif mieux équilibré et un Neymar en état de grâce
Inévitablement marqués par les multiples échecs du PSG en Ligue des Champions ces dernières saisons, les vieux briscards du vestiaires tels que Thiago Silva, Marco Verratti ou même Marquinhos avaient évidemment à cœur de bien figurer dans un tableau qui n'a (récemment) jamais été aussi court pour aller au bout. Bien qu'absent face à l'Atalanta Bergame, le milieu italien avait été un des principaux artisans de la qualification face à Dortmund, et il était écrit qu'il devrait revenir épauler ses coéquipiers pour le dernier carré.
Les deux brésiliens ont quant à eux pris la relève, en se montrant solides défensivement et omniprésents dans les moments clés. Avec seulement un but encaissé lors des sept rencontres du club depuis le restart, “O Monstro” a, à l'aide de son compère de charnière Presnel Kimpembe, soulagé toute son arrière-garde, quand Marquinhos a une nouvelle fois prouvé toute sa polyvalence au poste de sentinelle, en plus de se montrer décisif face à l'Atalanta puis face à Leipzig, en inscrivant deux buts capitaux pour la suite des événements.
L'absence de Verratti quasi permanente depuis le début du Final 8 a par ailleurs mis en lumière la pluralité d'options dont dispose Thomas Tuchel pour composer son milieu de terrain. Si d'autres secteurs comme celui des latéraux posent encore quelques questions sur la construction de l'effectif parisien, le milieu, tant décrié depuis le départ à la retraite de Thiago Motta, semble lui plus costaud que les saisons précédentes, avec les recrutements de joueurs comme Leandro Paredes, Ander Herrera ou Idrissa Gueye l'été dernier. A défaut d'avoir toujours été convaincants lorsqu'on a fait appel à eux, ces trois joueurs ont montré suffisamment de qualités pour être légitimes de prendre place dans l'entre-jeu parisien. Un volume que l'on a encore pu observer lors de la demi-finale, où le duo Paredes-Herrera s'est montré à son avantage en permettant constamment à Paris de prendre l'ascendant sur les joueurs de Nagelsmann dans ce secteur primordial du jeu. Même constat pour Keylor Navas dans les buts, dont le niveau et l'expérience ont également contribué au beau parcours des siens.
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Neymar, au révélateur Ligue des Champions
Et puis… comment ne pas évoquer le renouveau de Neymar Jr ? Souvent absent au printemps lorsque Paris avait besoin de lui ces dernières années, le Brésilien a pris ses responsabilités, et a enfin assumé le statut qui devait être le sien depuis tant de temps déjà. Celui d'un véritable patron, arrivé avec l'étiquette d'un des meilleurs joueurs de la planète, et capable de changer le destin de n'importe quelle rencontre.
Auteur d'une véritable masterclass face à la Dea, malgré du déchet dans la finition en première période, “Ney” semble concerné comme il ne l'a peut-être jamais été sous les couleurs parisiennes, et s'est affirmé comme l'homme fort du club de la capitale à l'occasion de ce Final 8. Épaulé par un Kylian Mbappé revenu de blessure, et avec qui la complicité n'est plus à prouver, le natif de Mogi das Cruzes est en mission, et aura bien évidemment un rôle fondamental à jouer en finale.
Avec un Neymar au sommet de son art, le Paris Saint-Germain devient immédiatement une équipe différente, semble-t-il capable de renverser des montagnes. Après avoir vaincu tant de signes indiens ces derniers mois (pour toutes les raisons évoquées précédemment), il est désormais temps de prouver à l'Europe entière que le PSG a les épaules pour s'élever au rang auquel on l'attend, et ce même face au rouleau-compresseur bavarois, si impressionnant depuis le début de l'année civile. Là est très certainement le défi ultime de l'institution parisienne, qui a tant investi pour atteindre cet objectif.
Crédit photo de l'image en Une : Yahoo Sport
Grégoire Allain