Opposée à la France ce samedi à Twickenham, l'Angleterre pourrait déjà dire adieu à ses espoirs de titre dans le Tournoi des 6 Nations en cas de défaite. Un résultat qui enfoncerait un peu plus le rugby anglais dans la crise, lui qui est déjà à la dérive depuis plusieurs années.

En l'espace de cinq ans, le rugby anglais a complètement changé de visage. Et pas dans le bon sens. En 2020, l'équipe d'Angleterre sortait d'une finale de Coupe du monde et venait de remporter le Tournoi des 6 Nations. Côté clubs, les Saracens puis les Chiefs d'Exeter avaient remporté coup sur coup la Champions Cup, faisant de l'Angleterre la place forte du rugby européen.

Sauf que cinq ans plus tard, en ce début d'année 2025, les dynamiques se sont complètement inversées. Le XV de la Rose reste sur quatre tournois terminés au mieux à la troisième place, et c'est encore pire du côté des clubs. Exemple le plus frappant, Exeter, champion d'Europe en 2020, s'est fait marcher dessus par Toulouse (21-64) puis l'UBB (17-69) et a terminé bon dernier de sa poule.

Si l'Angleterre du rugby va si mal aujourd'hui, c'est la conséquence de plusieurs années très difficiles sur différents plans, aussi bien économique que sportif et extra-sportif. Et qui résulte donc en une crise qui ne semble pas vraiment partie pour s'arrêter.

De gros problèmes financiers

C'est l'un des maux principaux du rugby anglais depuis le tournant des années 2020. Autrefois prospère, la Rugby Football Union (RFU) connait depuis plusieurs années une crise financière majeure, accusant une dette très importante. En 2019, déjà, au moment de la prise de fonction de l'actuel président de la RFU Bill Sweeney, l'union affichait un déficit de 30,9 millions de livres qui n'a, depuis, pas été entièrement résorbé.

Ces problèmes financiers se sont étendus à tout le rugby anglais et ont notamment eu un impact énorme sur les clubs anglais. En l'espace de quelques années, plusieurs clubs dont les London Irish et les Wasps ont fait faillite ou été placés en liquidation financière. La Premiership – le championnat national – a depuis été réduit à dix équipes, mais la situation économique reste difficile pour de nombreux clubs.

Ces problèmes financiers ont provoqué une perte d'attractivité du championnat, où les clubs ne peuvent plus offrir de gros salaires aux joueurs anglais d'envergure qui s'exilent donc vers d'autres championnats – notamment le Top 14. Et cet exil de joueurs comme Jack Willis (Toulouse),David Ribbans (Toulon) ou encore Owen Farrell (Racing 92) affaiblit mécaniquement le XV de la Rose, puisque les joueurs n'évoluant pas en Angleterre ne peuvent pas être sélectionnés en équipe nationale.

Des cadres à la retraite, parfois sur fond de scandales

Dans cette liste d'anciens internationaux anglais aujourd'hui non-sélectionnables, on aurait pu rajouter Billy Vunipola. Sélectionné jusqu'en 2024 avec le XV de la Rose, ce dernier a rejoint Montpellier l'été dernier et donc mis entre parenthèses une carrière internationale qui semblait de toute façon sur la fin, notamment à cause d'un scandale survenu en avril dernier.

Alors qu'il était encore sélectionnable, le troisième-ligne avait été arrêté dans un bar en Espagne après avoir été maîtrisé avec deux coups de taser. Son arrestation, révélée par le Daily Mail, avait fait grand bruit, notamment car le vétéran (32 ans) avait voulu s'en prendre à s’en prendre à des clients et des salariés du bar où il se trouvait avec des bouteilles et des tables. Un évènement qui a entaché le rugby anglais, mais qui n'est pas le seul à avoir secoué le monde rugbystique dernièrement.

En effet, un autre ancien cadre du XV de la Rose, Joe Marler, a défrayé la chronique après une publication polémique sur les réseaux sociaux. Dans un post, le pilier avait jugé le “haka” néo-zélandais ridicule, avant de s'excuser pour cette prise de position très contestée. Cette frasque l'a conduit à mettre fin à sa carrière internationale, puis à prendre sa retraite quelques semaines plus tard.

Ces évènements ont un peu plus fragilisé le rugby anglais, qui est donc dans une situation plus que délicate au moment d'aborder le Crunch contre le XV de France à Twickenham. Les Anglais devront tenter de faire abstraction de tout ce contexte pour rester en vie dans le Tournoi des 6 Nations et laver l'affront subi il y a deux ans, lorsque les Bleus s'étaient largement imposés en terres anglaises (53-10).