Après plusieurs années de marasme et de résultats en demi-teinte, le XV de France s'apprête à ouvrir une nouvelle ère de son histoire à l'occasion de cette édition 2020 du Tournoi des 6 Nations, trois mois après un Mondial 2019 qui aura été riche en enseignements. Et quoi de mieux qu'un duel fratricide face à l'Angleterre pour lancer les hostilités…

 

Place au vivier de jeunes talents

Exit Guilhem Guirado, Louis Picamoles, Sébastien Vahaamina, et plus globalement toute une génération qui n'aura jamais réussi à connaître de succès marquant en Bleu. Pour sa première liste en tant que sélectionneur officiel du XV de France, Fabien Galthié a fait le choix de l'originalité. Le technicien français avait en effet dans un premier temps convoqué 42 joueurs pour préparer le début du tournoi, parmi lesquels ont compte 19 novices, qui découvrent pour la première fois le groupe France (comme par exemple Cyril Cazeaux, Cameron Woki, Maxime Lucu, Matthieu Jalibert, Kylan Hamdaoui ou encore Lester Etien). Ajouter à ce répertoire de jeunes talents d'autres noms plus connus des standards internationaux comme ceux de Damian Penaud, Gaël Fickou, Antoine Dupont, Romain Ntamack ou Charles Ollivon (qui a d'ailleurs été désigné comme étant le nouveau capitaine des Bleus) et on a là assurément un groupe de qualité, dans lequel Fabien Galthié tentera d'insuffler une dynamique en vue de l'échéance majeure que représente la prochaine Coupe du monde de rugby, qui se déroulera en France en 2023. Néanmoins, pour le rendez-vous de ce dimanche, le sélectionneur français a été contraint de ne retenir que 28 noms, libérant les 14 autres pour disputer le Top 14 avec leur club, avant de réintégrer le groupe France en début de semaine.

 

Un XV de la Rose avec ses garanties 

Côté Anglais, toute la question sera de savoir dans quel état d'esprit allons nous retrouver l'équipe qui nous a certainement fait, en compagnie de l'Afrique du Sud, la plus forte impression lors du dernier Mondial. Au Japon, si la dernière rencontre de poule face aux Bleus avait été annulée en raison de conditions météorologiques trop complexes, les hommes d'Eddie Jones nous avaient par la suite plus qu'époustouflé, après avoir notamment terrassé les Néo-Zélandais en demi-finale et malgré une défaite en finale face aux Springboks.

Pour ce rendez-vous, Jones a choisi des joueurs cadres de la sélection qui s'était présentée au pays du Soleil Levant, parmi lesquels Owen Farrell, Manu Tuilagi, Maro Itoje ou encore Jamie George, et y a incorporé quelques petits nouveaux (Fraser Dingwall, George Furbank, Alex Moon, Will Stuart et Jacob Umaga) en espérant trouver le juste équilibre. Un groupe qui devra gérer la pression dû à leur statut de favori, par les bookmakers notamment.

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Quel visage pour les Bleus ?

Si le nouveau visage que vont nous montrer les Bleus reste pour l'instant assez flou, bien que le nouveau staff ait annoncé vouloir mettre en place un jeu de mouvement, on attend avant tout de ce nouveau groupe qu'il démontre une force de caractère qu'on n'a plus aperçu depuis de trop nombreuses années, ainsi que les prémisses d'un style de jeu qui nous ferait sortir d'un jeu de position dont on ne peut plus, et qui n'est de toute façon pas vraiment le domaine de prédilection des profils de joueurs dont le XV de France dispose actuellement.

Pour ce premier rendez-vous du Tournoi, Fabien Galthié a fait le choix d'aligner une première ligne inédite (où on retrouve la surprise Haouas) et une deuxième ligne pour le moins rugueuse afin de relever le défi physique imposé par le pack anglais, ainsi qu'une ligne arrière explosive et une charnière complémentaire (Antoine Dupont – Romain Ntamack) dans l'optique de dynamiser les offensives mais aussi d'organiser au mieux le collectif français. Les principales interrogations (et surement les attentes les plus prononcées) reposeront sans doute sur les titularisations de François Cros, “l'oublié” de la dernière liste de Brunel pour le Japon, et d'Anthony Bouthier, titularisé à l'arrière et qui vivra dimanche sa première cape. On notera le forfait de dernière minute de Damian Penaud, remplacé par Vincent Rattez. Globalement, ce groupe promet. De plus, le technicien français ayant assuré en conférence de presse que les observateurs auraient affaire à “une équipe qui ne lâche rien” lors de ce match d'ouverture, on ne peut qu'être impatient de voir ce qu'il va se passer dimanche, au Stade de France.

 

Comment contrer l'armada anglaise ?

Eddie Jones a lui, comme on pouvait s'y attendre, composé une équipe très proche de celle qui avait atteint la finale de la Coupe du monde il y a quelques mois de cela, avec les Marler, Sinckler, Itoje, Lawes, Farrell, Tuilagi ou encore Youngs. George Furbank est quant à lui titularisé à l'arrière pour la première fois, et son duel avec Bouthier sera évidemment scruté de près.

Côté terrain, toujours très puissant, très pragmatique et maîtrisant ses schémas de jeu à la perfection, le XV de la Rose sera compliqué à bouger s'il se présente dans les mêmes dispositions que ce dont il en a l'habitude. Oui mais voilà, un match d'ouverture, qui plus est en France et dans le contexte d'un Crunch, peut parfois être émotionnellement plus compliqué à gérer qu'un match “lambda”. Au vu des compositions, ce duel entre frères ennemis pourrait bien faire des étincelles. La victoire reviendra très certainement à celui qui se montrera le plus pragmatique dans les zones de vérité, et qui saura le mieux défendre et maîtriser ses nerfs. Les Bleus devront jouer intelligemment et bien gérer le jeu au pied d'occupation des vices champions du monde, en plus de se montrer particulièrement efficaces techniquement pour scorer.

 

Crédit photo de l'image en Une : FFR

 

Grégoire Allain