À l'approche de la nouvelle saison, Alexis Pinturault tente de repartir à zéro après une période aussi difficile l'année dernière. L'enfant de Courchevel veut enfin être à la hauteur de son immense potentiel et se remettre sur les rails après son incroyable succès en 2021. Après être passé des hauts aux bas, n'y a-t-il qu'un seul moyen de s'élever ?

On peut être le vainqueur du gros globe de la Coupe du monde, un skieur aux 34 victoires, un candidat sérieux au titre de meilleur du monde, un monstre physique et mental, et pourtant connaître une saison catastrophique. C'est ce qui est arrivé à Alexis Pinturault lors de la saison 2021-22. Aucune victoire, trois podiums et une olympiade ratée l'ont convaincu que sa démarche n'était pas la bonne après avoir atteint le saint graal il y a 18 mois. Pinturault a fait le point, a compris ce qu'il devait changer et espère maintenant redevenir lentement celui qu'il était.
Les chiffres étant souvent le meilleur moyen de faire passer un message, en voici quelques-uns. Depuis 2012 et son premier succès en Coupe du monde, il n'a jamais terminé la saison sans victoire. Depuis la saison 2010-11, il n'a pas récolté aussi peu de podiums (toujours au moins quatre et souvent huit). Enfin, sa 10e place au classement général de la Coupe du monde est de loin son plus mauvais bilan – il a sinon toujours été dans le top 6 depuis 2013. Bref, pas beaucoup de place pour l'optimisme sur la base de ce que nous avons vu la saison dernière.

IL EST TEMPS DE TOURNER LA PAGE

Comment l'explique-t-il ? “Je n'ai pas pris assez de temps pour moi, pour me reposer, j'étais extrêmement fatigué”, dit-il à Eurosport. “J'étais un peu désinvolte la saison dernière. Tout cela ne fonctionne pas automatiquement dans le sport de haut niveau.”

Pinturault a essayé de surmonter les problèmes avec lui-même, la météo, les sensations sur les skis, sans jamais trouver ses marques malgré deux podiums en deux semaines fin 2021 et début 2022. Et même se mettre en condition pour les Jeux Olympiques s'est avéré vain. Un échec oui, mais une saison loin d'être dépourvue d'enseignements.

Cette saison difficile marque sans doute un tournant dans sa carrière. S'il fallait en être convaincu, la sortie de son livre “De l'or au cristal” est un bon argument. Le contrat de livre lui avait déjà été proposé mais il pensait initialement attendre la fin de sa carrière professionnelle. “Je suis toujours actif, je skie toujours, mais j'ai senti qu'il était nécessaire de clore un chapitre”, explique-t-il à Eurosport à propos de ce changement d'avis. Il est temps d'aller de l'avant.

Comment ? En prenant le temps, dit-il. Pinturault n'a repris son entraînement que lorsqu'il en a eu envie. Son emploi du temps s'est adapté à lui, et non l'inverse. “Il était important pour moi de prendre le temps de la réflexion. Est-ce que j'en ai encore envie ? Est-ce que j'aime ça ?” révèle-t-il. Oui, le mot retraite a traversé l'esprit du skieur français le plus titré de l'histoire de la Coupe du monde.

https://twitter.com/AlexPinturault/status/1582313706477658112?s=20&t=FcYoledb9QnZidAJLKRbQQ

LES GRANDS GLOBES ? CE N'EST PLUS LA PRIORITÉ

Ne lui parlez donc pas de l'ensemble et du gros globe. Cet objectif n'a désormais plus aucun sens pour lui. “Ce n'est pas ma priorité. Aujourd'hui, je n'ai pas d'acquis, je n'ai pas gagné la saison dernière, je n'ai fait que trois podiums. Je repars de zéro.” À 31 ans, la nouvelle approche est passionnante. “Il faut que je retrouve le plaisir, l'envie, il faut que je mette ça en place dans les compétitions. Cela prendra peut-être un peu de temps. J'ai envie de skier le plus vite possible et d'enchaîner les victoires… Sauf que je ne sais pas si en début de saison je vais en être capable.”

Ne vous attendez donc pas à ce que Alexis Pinturault décolle le toit lors de l'ouverture de la saison en slalom géant à Solden. Dans le sport de haut niveau, le résultat prime toujours sur le reste. Du moins de l'extérieur. De loin, personne n'a vraiment compris ce qui se passait dans la tête de Pinturault la saison dernière. Même s'il s'est confié sur son mal-être, en identifiant les sentiments qui l'habiteront en Autriche, ce sera toujours compliqué. S'il retrouve du plaisir et de la confiance, les choses iront dans le bon sens. Et dans son cas, ce sera tout sauf anodin.