Comme révélé par Le Progrès et confirmé par L’Équipe, l’ancien président emblématique Roland Romeyer fait l’objet de deux plaintes pour harcèlement et outrages sexistes aggravés, avec lien hiérarchique.

L’ombre d’un scandale plane sur l’AS Saint-Étienne, loin des résultats sportifs en Ligue 2. Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Saint-Étienne en juin 2025, après un audit interne mené dans le club.

Des accusations accablantes

Les faits rapportés par plusieurs salariées dressent le portrait d’un climat toxique, entretenu sur près de vingt ans à l’ASSE. Parmi les comportements reprochés à Romeyer, aujourd’hui âgé de 80 ans : mains aux fesses dans les couloirs, bises sur les coins des lèvres, sifflements, léchage de joue au moment de dire bonjour, tirage de cheveux ou de décolletés, accompagnés de propos sexistes tels que « T’es pas encore passée sous le bureau ? ». Selon des témoignages relayés lors d’ateliers de sensibilisation menés en interne, Romeyer utilisait aussi des surnoms infantilisants ou sexualisés (« ma puce », « mon écolière »), contribuant à une dégradation de l’environnement de travail.

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Une prise de parole tardive mais massive

C’est à partir de fin 2024 que la parole s’est libérée, notamment grâce aux ateliers ELLES et à l’association Her Game Too. Salariées, partenaires et même supportrices ont brisé le silence, jusque-là maintenu par peur de représailles ou par habitude d’un climat jugé « normal ». Une quinzaine de personnes, majoritairement des femmes, ont été auditionnées entre février et mai 2025. Le rapport interne évoque un « effacement des statuts professionnels », où les employées étaient réduites à une identité affective ou décorative, loin de leur rôle réel dans le club.

Romeyer dément, le club coopère

Par la voix de son avocat, Roland Romeyer dément fermement : il se dit « très surpris », affirme « ignorer ce qu’on lui reproche » et promet de se défendre « avec l’énergie nécessaire ». L’ancien président, qui a dirigé l’ASSE de 2006 à 2024 avec Bernard Caïazzo, se dit « blessé mais serein », et peut encore compter sur des soutiens fidèles. De son côté, le club a condamné « toute forme de comportement inapproprié » et assure coopérer pleinement avec la justice, sans commenter davantage.