Après onze mois fournis en évènements sportifs, notamment à cause du report de nombreuses compétitions qui devaient avoir lieu l’an passé, le mois de décembre conclut un cru 2021 encore riche en émotions. De la septième bague de Tom Brady au titre de champion du monde de Fabio Quartararo en Moto GP, en passant par les Jeux olympiques et paralympiques, We Sport revient sur 30 moments marquants qui ont rythmé l’année civile. Aujourd’hui, retour sur le deuxième sacre mondial consécutif pour Julian Alaphilippe, une première dans l'histoire du cyclisme français.
Alaphilippe face à lui-même
Être champion du monde de cyclisme apporte un poids supplémentaire à chaque coureur arborant le maillot multicolore. Julian Alaphilippe l'aura découvert, d'abord fin 2020 où le coureur originaire de Saint-Amand-Montrond s'incline sur Liège-Bastogne-Liège, ayant levé les bras vingt mètres avant la ligne puis la semaine d'après lors d'une chute due à une moto sur le Tour des Flandres alors qu'il jouait la gagne face à Mathieu Van der Poel et Wout Van Aert qui l'oblige à arrêter sa saison.
C'est donc revanchard et surmotivé par sa tunique qu'Alaphilippe reprend les routes dès février lors du Tour de la Provence. Le premier test arrive rapidement en mars lors des Strade Bianche, s'il n'est pas le plus fort, battu par un Mathieu Van der Poel des grands jours, Alaphilippe montre une forme ascendante et donne plein d'espoir à ses supporters en vue de la saison 2021.
Un Julian plus mature
Connu pour sa course à l'instinct et parfois son enthousiasme débordant, c'est un nouveau Julian Alaphilippe qui apparaît. Le maillot arc-en-ciel le grandit, tout comme l'arrivée annoncée de son fils, Nino, qui naît le 14 juin, à quelques jours du Tour 2021. Cette maturité, Julian l'exprime par une nouvelle victoire sur la Flèche Wallonne, devenue depuis déjà quelques saisons son jardin préféré.
Le 15 mai, le nouveau Julian, conscient de la fatigue accumulée et des différents objectifs à venir prend une décision qui surprend le monde du vélo : il ne s'alignera pas sur la course olympique à Tokyo pour laquelle Thomas Voeckler en avait fait son principal atout. Cette décision est surprenante par la préparation qui était lancée autour de cette course avec notamment des reconnaissances du parcours par son ami depuis enfant : Romain Combaud, lui aussi originaire du Cher et surtout ancien coéquipier de “Loulou” en amateur au sein du club de l'US Florentaise puis sous le maillot de l'équipe semi-professionnelle de l'Armée de Terre.
Du jaune à l'arc-en-ciel
Tout récent papa, Alaphilippe s'élance alors pour le Tour 2021, un Tour de France bien particulier puisque les premières étapes sont propices à son profil de puncheur, mais aussi parce que le Tour est de retour dans son département natal du Cher avec une huitième étape qui s'élance de Vierzon pour traverser le Cher d'Ouest en Est. Si la volonté est grande, la fatigue accumulée et la pression causée par le maillot arc-en-ciel vont vite avoir raison du berrichon.
Lors de la première étape, il est impérial et prend le maillot jaune à Landerneau. La vérité d'un jour n'est pas forcément celle du lendemain, Alaphilippe perd sa tunique jaune au profit de Mathieu Van der Poel à Mûr-de-Bretagne. La suite de son Tour sera constitué de nombreuses échappées infructueuses. Usé, Julian prend une pause bien mérité et se reconcentre vers un dernier objectif : défendre sa couronne à Louvain.
Souverain à Louvain
Depuis l'annonce du parcours des championnats du monde de cyclisme 2021 à Louvain, de nombreux noms circulaient pour être les favoris de cette course ressemblant typiquement au Tour des Flandres. Évidemment, celui qui revenait le plus souvent, c'était bien sûr Wout Van Aert. Le Belge, à domicile, vainqueur d'une étape du Tour comportant deux ascensions du Mont Ventoux semblait plus que favori à la couronne mondiale même si un énième duel avec Mathieu Van der Poel semblait inévitable.
On en oubliait presque Alaphilippe, tenant du titre et capable de rivaliser avec les deux hommes en fin de saison passée avant l'accident avec la moto TV. Julian a peut-être été oublié parce que sa saison 2021 n'était pas sa plus belle, son Tour des Flandres a été principalement tourné vers le soutien de Kasper Asgreen vainqueur de la course, même Sonny Colbrelli était plus favori qu'Alaphilippe… Et pourtant !
Dans une course éclectique comme aime à nous l'offrir le cyclisme moderne, l'équipe de France fait preuve d'un sang-froid imparable, guidés par un Thomas Voeckler sûr de son coup et de son poulain. Julian va faire le doublé, il en est persuadé. Julian aussi en est persuadé, tellement persuadé qu'il attaque une fois, puis deux, trois, des flèches envoyées à ses adversaires pour rappeler qui est le tenant du titre, qui il est vraiment, le retour de la fougue qu'on lui connaissait, de son instinct de grand champion, celui qui éblouit, à qui l'arc-en-ciel va si bien, jusqu'à en dégoûter certains supporters belges agacés de l'insouciance du petit Berrichon devenu grand. Un doublé rayonnant, comme son maillot, qu'il va garder encore pour un an.
Julian Alaphilippe fêtera ses 30 ans, après avoir remporté deux titres de champion du monde, ses ambitions sont maintenant claires, remporter des monuments. Il aura besoin de sa fougue, sans en oublier sa maturité pour garder la légèreté de son vélo malgré le poids de son maillot arc-en-ciel.