Danse mondialement associée à l’équipe des All Blacks, le haka est, au-delà du rugby, une pratique à travers laquelle les néo-zélandais représentent et défendent leurs terres. Mais alors, en quoi le haka est un marqueur identitaire de cette nation du Pacifique sud ?

 

Un tirage de langue, des yeux exorbités, le mime d’un coupage de tête, tels sont les gestes caractéristiques du haka. « C’est un signe identitaire pour les néo-zélandais. Cette danse repose sur des gestes maoris ancestraux », affirme Ian Borthwick, journaliste spécialiste de la Nouvelle-Zélande. Enseigné dès l’enfance, pratiqué dans les collèges, lycées et même à l’armée, le haka fait appel à l’âme des guerriers maoris. Cette population autochtone de Nouvelle-Zélande a longtemps été redoutée par les colonisateurs. Pour défendre leurs terres à l’arrivée de nombreux immigrés européens au XIXe siècle, les Maoris ont instauré plusieurs rites propres à leur culture, dont le haka.

Ian Borthwick insiste sur l’investissement mental, physique et psychologique que requiert cette danse : « Quand on pratique le haka, on exprime son identité par le biais de son corps. L’idée derrière, c’est un peu : Voilà qui nous sommes. Nous représentons cet endroit, et nous le défendons ».

 

Un marqueur d’identité territoriale

Le haka est un marqueur de la relation identitaire très forte entre les Maoris et leurs ancêtres. « Les Maoris veillent sur leurs terres, la notion de respect y est très forte », rapporte Maxime Mermoz, ancien international français ayant participé à la Coupe du monde de rugby 2011, en Nouvelle-Zélande. Le haka est le symbole d’une culture fondée sur la transmission du savoir à travers les générations.

Il est un des rituels qui a contribué à ce que la culture maori se perpétue au sein de la société néo-zélandaise. « La culture maori est partout. Avant le début de la compétition, on a dû effectuer plusieurs rites en signe de reconnaissance envers les anciens », se souvient Maxime Mermoz. L’ex-rugbyman évoque également la présence de musées incontournables pour comprendre l’importance de cette tribu dans l’histoire du pays, comme le Te Papa Tongarewa, à Wellington.

 

Les All Blacks comme ambassadeurs

« Depuis toujours, les All Blacks sont des ambassadeurs de leur pays, et ils savent que cela fait partie de leur mission », rappelle Borthwick. De par leurs performances sportives mais aussi leur aura planétaire, les internationaux qui revêtent la tunique frappée de la fougère d'argent représentent l’identité néo-zélandaise aux yeux du monde entier. « Leurs gestes sont surveillés. Ils ont des obligations de comportement », poursuit-il.

Effectué en amont d’une rencontre, le haka est un moyen pour les All Blacks de se transcender. Maxime Mermoz souligne l’intensité d’un instant où se ressent tout le poids de leur identité culturelle. « Le haka, c’est beaucoup d’émotions. C’est une déclaration au combat pour la défense de leur nation », explique le Français, battu par les Blacks en finale du Mondial 2011.

Pour Ian Borthwick, « les All Blacks ont donné au haka une dimension internationale et permis à la Nouvelle-Zélande de se faire connaître ». Fin connaisseur de l’histoire de cet archipel, le journaliste franco-néo-zélandais ne peut que le confirmer : « le haka, comme le rugby, sont des symboles à part entière du patrimoine néo-zélandais ».