Dans le podcast On Purpose, Lewis Hamilton a révélé le racisme qu’il avait vécu à l’école. Des événements qui lui ont donné la force de se battre et d’être aujourd’hui une légende de son sport.

 

Depuis plusieurs années, Lewis Hamilton n’est plus qu’un pilote mais aussi un porte-parole. A travers son sport, le Britannique est devenu une influence sur chaque continent et fait passer les messages qu’il souhaite lors de l’ensemble des week-ends de course. Peu importe le pays dans lequel le paddock de la Formule 1 pose ses valises, le septuple champion du monde défend ses convictions. Dans les pays du Moyen-Orient, le pilote Mercedes n’avait pas hésité à porter un casque aux couleurs multicolores, en soutien à la communauté LGTB, là où les droits de l’homme ne sont pas toujours respectés. 

Si le pilote de 38 ans s’est transformé en défenseur des minorités, c’est parce qu’il a vécu des comportements inacceptables pendant son enfance.

Une Mercedes totalement noire en 2020 et 2021, c'est lui qui a poussé son équipe à le faire. © Getty Images.

L’école “la période la plus traumatisante” de sa vie

Invité dans le podcast On Purpose, Lewis Hamilton a révélé le racisme qu’il avait vécu lors de ses années scolaires. « L’école a certainement été le moment de ma vie le plus difficile et le plus traumatisant pour moi. » Dès l’âge de six ans, le porteur du numéro 44 a subi des injures en raison de sa couleur de peau. « Des remarques constantes, des gens qui me jetaient des bananes, qui utilisaient le n-word sans impunité… Ils vous traitent de métis, et ne comprennent pas la case à laquelle vous appartenez. En cours d’histoire, je me demandais où étaient ceux qui me ressemblent dans ce qu’ils nous apprenaient. »

L’harcèlement moral que le jeune britannique subissait ne s’arrêtait pas qu’aux élèves. « Sur 1200 enfants, il n’y avait que six ou sept enfants noirs dans mon école, raconte le natif de Stevenage dans le comté de Hertfordshire en Angleterre. Trois d’entre nous étions tout le temps appelés dans le bureau du proviseur. Il nous avait dans le viseur, moi en particulier. » 

En plus de ces difficultés, Lewis Hamilton avait beaucoup de mal à suivre les cours, atteint notamment de dyslexie. « J’étais toujours dans les classes au niveau le plus faible à l’école. Mais ils ne m’ont jamais laissé progresser, peu importe l’acharnement que je pouvais y mettre. J’avais l’impression que le système était dressé contre moi, que je devais nager à contre-courant. »

De là vient sa force

Le jeune Lewis Hamilton au volant de son karting, déjà avec son N°44 et le casque jaune de son idole, Ayrton Senna. © Pinterest.

Si aujourd’hui, Lewis Hamilton est l’un des pilotes les plus forts mentalement parlant, c’est parce que le pilote Mercedes a affronté ce combat seul. Ne voulant pas décevoir son père Anthony, très présent sur les courses, l’Anglais a gardé tout ça pour lui. « Je ne voulais pas qu’il (son père) pense que je n’étais pas assez fort ou incapable de me défendre. » En colère contre la société dans laquelle il vivait, King Lewis s’est forgé un mental d’acier. Lorsqu’il a débuté le karting, à l’âge de huit ans, celui qui deviendra plus tard une légende de la Formule 1 s’est servi de cet énervement dans son pilotage. « Quand j’ai commencé à faire de la course automobile, j’ai pu mettre mes émotions dans ma manière de conduire. »

Tout au long de sa carrière, cette rage lui a fait gravir chaque étape jusqu’à la catégorie reine. Dans un sport majoritairement blanc, son travail et son abnégation lui ont permis d’être le premier pilote de couleur à accéder à un tel niveau en sports mécaniques. Il a donné l’espoir à des jeunes comme lui, il a montré que peu importe d’où on venait, on pouvait réussir. C’est aussi pour ça qu’aujourd’hui, il se bat pour que la monoplace soit plus inclusive.

En plein mouvement Black Lives Matter, le N°44 a demandé à son équipe une livrée toute noire pour que sa voiture soit un message partout où il roule. Le natif de Stevenage a aussi demandé qu’on ajoute au protocole d’avant-départ, un instant pour poser un genou à terre et protester contre les discriminations raciales. Cela a été accepté par la FIA et les pilotes ont porté un t-shirt noir avec inscrit : End Racism.

14 pilotes de la grille avaient placé un genou à terre lors du Grand Prix d'Autriche 2020. Mais tous porté un t-shirt noir. © AFP.

Mais un jour, Lewis Hamilton sera contraint de raccrocher la combinaison. « Cela va être très, très dur d’arrêter la course, révèle-t-il. Je fais ça depuis 30 ans. Quand j’arrêterai, qu’est-ce qui remplacera ça ? Rien n’est au niveau d’être sur un circuit, être au sommet du sport, d’être premier sur la grille ou de traverser la grille et de ressentir ce que je ressens à ce moment-là. Il y aura un grand vide. Donc j’essaye de me concentrer à trouver des choses qui peuvent remplacer ça et m’apporter autant de satisfaction. »

Même si le pilote Mercedes ne sera plus présent sur la grille en tant que pilote, il continuera de militer et de défendre ses idées au sein même du paddock. Quand on est sept fois champion du monde, personne n’oubliera ni ses prestations, ni ses résultats mais encore moins son aura.