Preview 2022 : Groupama-FDJ
We Sport vous fait patienter avant la reprise de la saison cycliste et, surtout, pour vous rendre incollable jusqu'aux premiers coups de pédales de la saison qui s'annonce. Aujourd'hui ? On s'attaque à la Groupama-FDJ de Pinot et Gaudu.
Retour sur 2021 : une saison compliquée
Les problèmes de blessure de Pinot ont sans aucun doute conditionné la saison de Groupama-FDJ. Il était censé être le leader du Giro d'Italia, mais sa longue blessure au dos l'a contraint à manquer cette course et le Tour de France. En son absence, Attila Valter a détenu le maglia rosa pendant trois jours au Giro, mais le Tour a été une déception, malgré les bonnes performances de David Gaudu dans les Pyrénées et sa 11ème place au classement général. Arnaud Démare, qui a finalement eu la chance de courir avec un train de tête complet, n'a pas réussi à remporter une étape et a terminé hors délai dans les Alpes lors de la 9ème étape.
Pourtant, même si Démare n'a pas été à la hauteur de sa brillante campagne 2020, il a tout de même remporté plus de victoires que n'importe qui d'autre, huit, dont un triomphe à Paris-Tours en octobre qui lui a redonné le moral. Le champion européen du contre-la-montre Stefan Küng a manqué le bronze olympique de quatre dixièmes de seconde, mais le coureur suisse a été régulier tout au long de l'année, et sa victoire d'étape au Tour de Suisse a été l'une des deux seules victoires en WorldTours remportées par l'équipe cette saison.
L'autre victoire a été remportée par Gaudu lors de la dernière étape d'Itzulia au Pays Basque. Au cours d'une campagne très régulière, il a également terminé troisième à Liège-Bastogne-Liège et s'est classé dans le top 10 à la course sur route olympique, à la Lombardie, à la Flèche Wallonne et à Milano-Torino. D'autres moments forts ont été fournis par le néo-professionnel Jake Stewart, qui a pris la deuxième place à l'Omloop Het Nieuwsblad, mais certains noms plus établis ont eu du mal à avoir l'impact attendu au niveau du WorldTour. Le directeur sportif Yvon Madiot n'a pas mâché ses mots à la fin de la saison. “Je ne pense pas que nous méritons plus que 6/10″, a-t-il déclaré. “Il manque quelque chose : la victoire ou le résultat dont on se souvient. Que ce soit sur le Tour, sur les Classiques…”
Le marché de l'hiver : pas de folie
Mickael Delage et William Bonnet sont partis à la retraite. La Groupama FDJ a fait le choix de son séparé de Benjamin Thomas, Alexys Brunel, Romain Seigle et Simon Guglielmi.
Pour compenser les départs, Marc Madiot s'est tourné vers quatre coureurs aux profils différents. Le britannique Lewis Askey arrive en provenance de l'équipe continentale. Agé de seulement 20 ans, il a notamment terminé 5e des derniers championnats du monde U23. Très en vue tout au long de la saison avec une victoire notamment sur le Tour de Vendée, Bram Welten quitte la Bretagne pour rejoindre la formation de Marc Madiot. La FDJ a également attiré l'excellent Quentin Pacher. Le natif de Libourne sort de deux saisons très réussies chez B&B et continue de monter en puissance au fil des années. La recrue la plus importante de l'hiver est sans aucun doute Michael Storer. Courtisé par de nombreuses équipes, l'australien de 24 ans a choisi la France. Vainqueur de deux étapes sur la dernière Vuelta ainsi que du classement de la montagne, Storer vient renforcer la FDJ en vue d'aller chercher un podium sur le prochain Tour de France avec Pinot ou Gaudu.
Qu'attendre en 2022 ? Tout pour Pinot et Démare ?
Il n'y a pas eu de signe de panique de la part de la direction de Groupama-FDJqui a fait de la stabilité une vertu au fil des ans. Michael Storer est le plus médiatisé des quatre nouveaux arrivantsa lors que l'équipe continue de faire confiance à Pinot et Démare pour revenir à un niveau proche de leur meilleur niveau. C'est une stratégie qui a été récompensée par le passé, mais il reste à voir si elle sera aussi efficace avec les deux hommes de tête qui ont maintenant la trentaine et un cyclisme qui donne de plus en plus l'impression d'être un sport de jeunes.
Si Pinot peut retrouver un peu de sa forme de 2019, tout est possible, surtout s'il obtient le feu vert pour retourner à son Giro bien-aimé, tandis que Démare peut à nouveau compter sur l'un des meilleurs trains de sprint du peloton, avec Jacopo Guarnieri comme pilier. Küng offre des garanties contre la montre et Gaudu est un leader évident dans les Ardennes et au-delà. La progression de Jake Stewart sera également à suivre.
Malgré les efforts de Gaudu, Groupama-FDJ semble encore trop dépendant de Pinot dans les courses à étapes. Son équipe de soutien relève le défi quand il est là pour diriger, mais semble avoir du mal en son absence. Les classiques sur pavés restent une faiblesse de longue date, car ni Démare ni Küng n'ont encore livré leur potentiel considérable sur ce terrain. L'émergence de Jake Stewart pourrait encore changer la donne, mais le Britannique n'a encore que 22 ans et accumule de l'expérience. La qualité de l'effectif est suffisante pour permettre à Groupama-FDJ de réitérer la série de victoires de 2021 et de rester dans le top 10 du classement UCI, et il y a quelques jeunes talents intéressants à bord, mais le succès de leur campagne 2022 dépendra de la capacité de Pinot, Démare et Gaudu à atteindre les sommets.
Le coureur à suivre : Thibault Pinot
Se concentrer sur la vulnérabilité de Pinot, c'est lui rendre un mauvais service. Le natif de Mélisey a fait preuve d'une remarquable résilience pour rebondir après des déceptions extrêmes au cours de sa carrière, et il a le palmarès (victoires d'étape dans les trois Grands Tours, un podium au Tour, une victoire à la Lombardie) pour le montrer. Cependant, après deux saisons marquées par des blessures, les perspectives de Pinot sont incertaines. Et même s'il retrouve la forme qui l'a porté si près de la victoire finale au Tour 2019, il y a un sentiment lancinant que les poteaux de but ont changé dans l'intervalle en raison de l'émergence de Tadej Pogačar. Quoi qu'il en soit, Pinot fait toujours l'objet d'une attention particulière.
Alors quelles seront les objectifs de Pinot en 2022 ? Dans une interview pour l'équipe, le principal intéressé nous en dis un peu plus : “Elles vont être simples, c'est de retrouver mon niveau après une année difficile, regagner des courses, de février à octobre, dès que j'en aurai l'occasion. Ce n'est pas trop compliqué pour moi je pense”.
Quand à son niveau de forme physique et morale : “L'an dernier a été une saison compliquée, heureusement j'ai pu reprendre en août et en septembre avec de bonnes sensations, même si j'ai un peu mal fini la saison avec beaucoup de fatigue. Je n'avais jamais eu dans ma carrière, depuis que j'ai commencé en 2010, de blessure aussi longue, j'ai toujours eu des petits soucis, mais ça ne durait pas trop. Être blessé aussi longtemps sans voir le bout du tunnel, c'était moralement assez dur. J'ai vraiment envie d'oublier cette année 2021, qui a été la pire pour moi, c'est clair et net. Mais là, je sors d'une semaine à Gran Canaria où j'ai eu le soleil, j'ai pu faire les entraînements que je voulais tranquillement, j'avais besoin de retrouver un peu de chaleur, par rapport à la Franche-Comté. Les sensations sont revenues pendant cette semaine aussi et je repars bientôt en stage, à Tenerife, donc pour l'instant, je ne suis pas inquiet pour la suite. Et j'espère être opérationnel dès le mois de février”.
Avant de conclure sur son programme : “Je pense que ce sera une reprise au Tour du Haut-Var avant Tirreno. Il y aura le Tour du Jura, le Tour des Alpes, la Romandie, le Tour de Suisse et puis le Tour de France. C'est un programme que je faisais très régulièrement avant 2018, je reviens un peu à mes bases. Et je suis très content de retourner en Suisse, ça fait plusieurs saisons que je n'y suis pas allé. Ce sont des courses qui me plaisent.”
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