C'était l'épilogue de cette Champions Cup version 2020/2021, avec, et c'est assez rare pour le signaler, deux équipes françaises en finale. Le Stade toulousain, quadruple vainqueur de l'épreuve et fin connaisseur de ces matchs à enjeu, affrontait un petit nouveau à ce niveau de la compétition, le Stade rochelais. On s'attendait à un match intense et tendu, et on l'a eu, au cœur du temple du rugby européen et mondial, l'unique Twickenham…

 

Une première mi-temps dominée par La Rochelle

Sous un temps humide, M. Pearce, l'arbitre de la rencontre, donnait le coup d'envoi de cette finale de Champions Cup 2021. Et dès le premier contact, le ton est donné : les deux équipes ne lâcheront rien et se rendront coup pour coup ! Ce sont les Toulousains, par l'intermédiaire de Ntamack, qui ouvrent le score, suite à un hors-jeu de Skelton, le deuxième ligne rochelais (3-0, 4e).

Mais ce match allait être à rebondissements, et rien n'allait être épargné aux deux formations tricolores : la première tuile est pour les Haut-Garonnais, avec la blessure de Richie Arnold, touché lors de l'échauffement, qui rendra finalement les armes à la 9e minute seulement. La Rochelle, bien plus entreprenant dans ce premier acte, réagit une petite minute après et égalise (3-3, 7e).

Ntamack permet aux siens de reprendre la tête grâce à un coup de pied parfait (6-3, 11e), mais on sent bien que les Rouge et Noir sont en difficulté, notamment en mêlée où Atonio fait vivre un véritable calvaire à Baille.

West, côté rochelais, tape le poteau lors d'une tentative suite à une grosse période de domination des Maritimes, et pousse les Toulousains à concéder une mêlée à cinq mètres de leur ligne. Après une longue série d'affrontement des deux 8 de devant, ce sont les hommes d'Ugo Mola qui en sortent vainqueurs au terme d'une terrible bataille !

Mais loin de baisser les bras, les Maritimes continuent à confisquer le ballon et multiplient les temps de jeu, ne parvenant cependant pas à trouver la faille dans une défense rouge et noire bien en place. West, l'ouvreur rochelais, égalise suite à une nouvelle faute de ses adversaires, mérité au vu des minutes précédentes et de la possession totale des Jaune et Noir (6-6, 26e).

Si Toulouse a du mal, on sent bien qu'une étincelle suffirait à les réveiller : ce sont les vieux grognards, et Maxime Médard en tête, qui essayent de sonner la révolte pour profiter du soleil revenu sur Londres. Évidemment, le match s'emballe et entraîne un nouveau rebondissement : voulant profiter d'une passe au contact de Dupont, Médard tente de prendre l'espace mais tombe sur Levani Botia. Le centre rochelais ne se pose pas de question, et envoie l'épaule dans la tête de l'arrière toulousain ! M. Pearce, après avoir donné un carton jaune au Fidjien, se ravise suite à l'appel de l'arbitre vidéo et change de couleur : ce sera rouge pour le joueur maritime (28e) !

Après recours à l'aide vidéo, l'arbitre de la finale de la Coupe d'Europe a exclu Levani Botia sur carton rouge.

On pourrait penser que cet événement casse la belle dynamique rochelaise : il n'en est rien, et les partenaires de Grégory Alldritt continuent à jouer et à tenter. Ce qu'ils font à merveille, poussant leurs adversaires à la faute. Après un nouvel appel à la vidéo, M. Pearce donne un carton jaune à Elstadt côté toulousain (31e). West se charge alors de récompenser les siens avec une nouvelle pénalité (6-9, 32e), logique au vu de la physionomie du match.

Les Haut-Garonnais semblent un peu mieux, notamment en mêlée, et retrouvent un peu des couleurs, permettant à Ntamack de remettre son Stade au niveau des Rochelais (9-9, 37e). Le combat fait toujours autant rage, et ce sont les Maritimes qui ont le dernier mot juste avant la mi-temps, toujours grâce à la botte de West (9-12, 40e). M. Pearce met fin aux débats dans ce premier acte intense, sur le score de 9-12 pour les Rochelais.

 

Toulouse repart plus fort 

La pause a semble-t-il fait beaucoup de bien aux Toulousains, qui redémarrent fort la seconde période et arrivant enfin à se libérer. Si West manque une pénalité, une action fera certainement grincer des dents côté maritime. Sur un ballon porté, Alldritt est plaqué à la limite de la tête par Akhi, dans une action quasi-similaire au carton rouge obtenu par Botia en première période. Après visionnage à la vidéo, M. Pearce décide de ne pas pénaliser le centre toulousain.

La première alerte pour les Rochelais vient de la part de la mobylette Kolbe, qui manque de peu de marquer un essai, passant au dernier moment en touche. Ntamack, impeccable au pied cet après-midi, égalise quelques minutes plus tard (12-12, 46e), et on sent alors que la physionomie du match est en train de changer.

Les Maritimes repartent de plus belle, se procurant une situation que Bourgarit n'arrive pas à conclure, la faute à un en-avant. Les Haut-Garonnais répliquent avec une séquence ahurissante devant la ligne maritime, mais la vidéo n'accorde pas l'essai aux Rouge et Noir. Le suspens est immense, et on ne voit pas les joueurs flancher malgré une intensité folle.

La délivrance, du moins on le croit, arrive de la part de Cruz Mallía, qui profite d'un superbe travail de Ntamack et de Tolofua, pour s'en aller derrière la ligne et donner 7 points d'avance aux siens (19-12, 60e). Mais à 20 minutes de la fin, les Rochelais n'abandonnent pas, et s'y filent sans compter, mettant les organismes à rude épreuve. Sans être génial, Toulouse semble avoir la patte sur la rencontre, et Ntamack continue son sans-faute au pied, donnant 10 points d'avance aux siens à 11 minutes de la fin de la rencontre (22-12, 69e).

 

La Rochelle y a cru, Toulouse n'a pas craqué

Sauf qu'une finale n'est jamais vraiment terminée, et La Rochelle a de la ressource pour essayer de revenir au score dans le money time. L'espoir vient de Kerr-Barlow, le demi-de-mêlée rochelais, qui termine le travail de ses avants au près en filou. Hélas pour les Maritimes, West manque de précision et rate la transformation, laissant les Jaune et Noir à 5 points des Haut-Garonnais (22-17, 74e).

La fin de match est irrespirable, et Toulouse n'arrive plus à garder le ballon, s'en débarrassant au pied pour repousser les offensives de leurs adversaires. Les deux équipes sont héroïques, et nous offrent deux dernières minutes échevelées, conclues par une dernière frayeur de Dupont, qui envoie le ballon dans les mains de Ntamack quelques secondes trop tôt !

Fort heureusement pour les Rouge et Noir, le cuir est conservé et le capitaine du jour peut délivrer ses partenaires et supporters en expédiant la gonfle dans les tribunes de Twickenham !

 

Score final 22-17 pour les Toulousains, au terme d'un match qui aura été plus intéressant au niveau du suspense qu'en termes de jeu pur et dur. Mais au final, c'est une cinquième étoile qui va s'afficher sur le maillot des Rouge et Noir, les seuls en Europe à pouvoir désormais s'en vanter !