Le Crunch aura donc malheureusement accouché sur le résultat qu'on craignait. Le XV de France, 10ème au classement World Rugby, s'est incliné 44 à 8 face à la 3ème nation mondiale, le XV de la Rose. Si le résultat peut finalement sembler logique, il est insoutenable pour les supporters français. Autopsie d'une rouste.

 

Une division d'écart

Une minute et sept secondes. C'est le temps qu'il a fallu aux anglais pour marquer leur premier essai et ainsi mettre la tête des français sous l'eau. Les coéquipiers de Guilhem Guirado ne vont pas bien et sont en manque de confiance, un déplacement à Twickenham n'est pas forcément le meilleur moyen de se rassurer. Fort de leur victoire en Irlande la semaine dernière, la machine anglaise va donc dérouler, quatre essais en une mi-temps pour un score de 30 à 8. Les Anglais mettent en difficulté les Français sur chaque action, en utilisant énormément le pied soit par dessus pour mettre les arrières français en danger, soit à suivre parce que ces mêmes arrières sont aux fraises. Face à cette stratégie, les Bleus n'ont jamais pu y répondre. Sans ressources tactiques et techniques, staff et joueurs semblent à la rue et complètement piéger par la situation. Les joueurs Anglais vont cependant lever le pied en deuxième mi-temps et ainsi éviter de passer soixante points à des Bleus complètement perdus.

 

Et maintenant on fait quoi ?

Décrié depuis un certain moment, il est maintenant évident que le XV de France ne s'est pas relevé de la défaite en quart de finale contre les All-Blacks en 2015. La génération des Guirado, Picamoles et Parra n'aura jamais réussi à succéder à la génération finaliste en 2011 et vainqueur du Grand Chelem en 2010. Quelque soit le sport, les successions de générations sont très souvent délicates au niveau international, celle-ci est malheureusement gâchée. Laissons donc place à la suivante. La nouvelle vague de talents français (Ntamack, Bamba et autres Carbonel…) ne peut cependant pas prendre les rennes immédiatement à huit mois de la Coupe du Monde. Brunel devra l'installer petit à petit jusqu'au Japon, avant de laisser sa place. Même s'il a signé jusqu'en 2020, il semble évident que le sélectionneur français est dépassé par les événements. Bernard Laporte va devoir constituer un staff rigoureux, expérimenté et professionnel afin de reconstruire sur les ruines de Marcoussis.

 

Les Anglais en route pour le Japon

Nommé après le fiasco en 2015 à domicile, Eddie Jones est en train d'emmener le XV de la Rose tout droit vers le dernier carré de la Coupe du Monde en novembre prochain. Le plan de jeu est clair, tout est maîtrisé sur et en dehors du terrain. Le gros travail physique semble porter ses fruits à long terme. On devrait ainsi sûrement assister à un choc tactique des plus phénoménales au pays du Soleil Levant. D'un côté des Anglais mettant une pression au pieds de tous les instants et de l'autre, des Néo-Zélandais capables de miracle ballon en mains. Plus qu'une nation, c'est une vision de jeu qui va s'imposer à l'automne et l'influence que cela peut apporter dans tous les championnats nationaux.

 

Le rugby français est aujourd'hui au plus bas, le mal est profond tellement l'amateurisme semble ronger la fédération à tous les étages. Le temps va être long pour les supporters, qui eux aussi, sont loin d'en avoir fini avec ce long calvaire. (Crédit photo de l'image en Une : France 24)

 

Clément Volt (@vltclem)