Championnats Etrangers

À la découverte du Marbella Football Center

“Rio, Cancún, Marbella” : dans cette phrase de Freddy Gladieux, c'est la dernière ville qui nous intéresse. En effet, après un crochet à Madrid, il est temps de retrouver la plage. Loin d'être la destination la plus évidente quand on parle de football, le Marbella FC regorge tout de même de surprises. Pour être tout à fait honnête, ce voyage dans le sud-ouest de l'Andalousie a été parsemé de péripéties.

La réputation de “ville de luxe” attachée à Marbella se confirme vite à mon arrivée. Résidences secondaires, voitures de sport et terrains de golf peuvent être observés en grande quantité. Ici, une grande partie de la population vit confortablement. En toute logique, un climat chaleureux abrite la cité. Le soleil illumine la Plaza de los Naranjos, mais se cache derrière la jungle du Parque Alameda. Heureusement pour les amateurs de bronzette, il est omniprésent sur les bords de mer. Là-bas, une longue balade de 15 km avec de jolis paysages et plusieurs stations balnéaires s'offrent à nous. Mais le match étant à midi, c'est très rapidement que je visite ces belles choses. Effectivement, le football m'appelle.

La place des oranges – Crédit : Théo Wargnier

Tout d'abord, alors que je pense avoir rendez-vous au stade municipal de la ville, je suis quelque peu surpris de voir un terrain à l'abandon. Heureusement, je dispose d'un petit matelas pour trouver le lieu du match. Un terrain est indiqué à proximité sur le GPS. Je pense être sauvé mais non. Ici c'est un match de jeunes qui se prépare, autant dire que je ne suis pas là pour ça. La brillante idée de regarder le Twitter du club me traverse soudain l'esprit. Le match est au Marbella Football Center, de l'autre côté de la ville à 30 minutes de l'endroit où je me trouve.

Un mini Clairefontaine

Dans ces moments, je suis content d'être trop prévoyant. J'aime bien être très en avance et ce contretemps me conforte dans cette philosophie. Je débarque ainsi dans le Marbella Football Center à une trentaine de minutes du coup d'envoi. En soi, je m'étais renseigné sur le complexe mais je ne pensais pas que je m'y rendrais. Créé en 2005, ce centre sportif de haut niveau ouvre ses portes aux grandes équipes pour venir s'entraîner. Lieu idéal pour les mises au vert, cet endroit dispose de tout le nécessaire pour chouchouter nos footballeurs et footballeuses pro. Salle de sport dernier cri, de multiples terrains taillés au millimètre, un grand spa, et surtout un climat de rêve toute l'année.

Plan du complexe

On peut aussi ajouter à ça le fait que le côté luxueux de la ville ne les dépaysera pas. L'Inter y est déjà venu, tout comme la sélection nationale féminine allemande. Plus récemment, lors de la dernière trêve internationale, l'enceinte a hébergé un tournoi U19 avec de nombreuses nations dont la France. À noter que les jeunes Norvégiens comptaient dans leur rang un supporter star en la personne de Erling Haaland.

Mais pour aujourd'hui et pour le reste de la saison, c'est aussi devenu l'antre du Marbella Football Club. Cette équipe de 4e division espagnole a récemment été rachetée par le Chinois Zhao Zhen dans une optique d'en faire un grand d'Espagne : l'inverse aurait été étonnant. Au club depuis novembre 2019, le businessman à la tête d'une entreprise chinoise d'équipements sportifs a de grandes idées. Par exemple, il a, l'an passé, émis l'idée de construire un nouveau stade relié à un hôtel de luxe en forme de yacht. Le tout en publiant une vidéo au nom du club de ce à quoi pourrait ressembler le projet. Ambitieux.

Marbella FC – Málaga II

Ambitieux, il l'est. Lucide, je pense qu'il y a des progrès à faire. Avant le match, Marbella est 12e sur 17 de la poule andalouse. On est encore très loin du “grand d'Espagne” évoqué tout à l'heure. Aujourd'hui, les locaux reçoivent la réserve de Málaga, avant-dernière du groupe. Mais sur le terrain également, le fossé est très creusé entre les ambitions proclamées et la réalité. Très peu de qualité technique, beaucoup de nervosité, le tout accompagné d'un public en colère, et voilà que vous disposez de la recette parfaite pour nous faire une mayonnaise immangeable. Marbella prend un rouge à la demi-heure de jeu avant de concéder l'ouverture du score. Petit rayon de soleil, les visiteurs se voient eux aussi réduits à 10 juste avant la pause.

Dans ce match de bouchers, le Marbella FC rentre aux vestiaires sous une bronca de leurs supporters qui réclament la démission du coach. Un supporter me confie que les fans en veulent à la direction du club. Pour eux, les décisions prises administrativement et sportivement ne sont pas prises dans l'intérêt de l'équipe. Au moment de me rassoir, les mêmes sifflets et insultes refont leur apparition. Les joueurs sont de retour. À 10 contre 10, on assiste alors à une attaque-défense. Les espaces disponibles offrent aux équipes de grandes possibilités de contre. C'est ainsi que les visiteurs doublent la mise sur une attaque rapide conclue facilement dans un but vide. Les locaux sont abattus.

Un corner rentrant à 10 minutes de la fin a le mérite de redonner de l'espoir aux Marbelleros. Ils tentent alors d'envoyer de longs ballons dans la surface en espérant qu'une tête salvatrice vienne libérer le stade. En vain. Le Marbella FC a perdu 2-1.

Pour la première fois de mon aventure, j'ai quitté le monde pro pour assister à une rencontre de D4. J'ai également pu obtenir une accréditation presse pour le match rendant le trajet moins cher. Si la ville de Marbella est sympathique, son club semble être dans une situation compliquée. L'ambiance qui règne autour n'est pas bonne et ses supporters ne cachent pas leur mécontentement. Fatigué mais rassasié de cette journée, il est temps pour moi de repartir et de me tourner vers mon prochain déplacement. 

Crédit photo : Théo Wargnier

Actuellement en Master à l'ESJ Lille, je m'avère être un adepte du groundhopping à la recherche de grosses ambiances qui ambitionne de parcourir le globe à travers ses stades de foot. Côté maillot, je fus biberonné au chardon nancéien et au coaching de Pablo Correa. J'ai aussi grandi avec le calme d'Arsène Wenger et les tacles de Laurent Koscielny sur Canal. Mais parce qu'il n'y a pas que le football dans la vie, je vibre tout autant à encourager Thibaut Pinot dans son virage, Julia Simon devant L'Equipe, mais aussi Arthur Fils sur Eurosport.

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