En pleine restructuration après sa saison ratée, plusieurs jeunes de son académie quittent l'OL. Comment justifier autant de départ ? Éléments de réponse ci-dessous.
L’OL se remet tout juste d’un départ très important pour le club, celui d’Amine Gouiri. L’avant-centre espoir a signé pour le rival de la côte azuréenne, s’engageant 4 saisons avec l’OGC Nice. Ce départ tout juste digéré est symptomatique d’un mal-être au sein du centre. Si je n’ai pas de boule de cristal pour analyser la situation en interne, le constat est simple lorsque l'on fait la liste de tous les départs des jeunes lyonnais cet été. Entre Gouiri et Kalulu qui sont déjà partis et les futurs départs officieux ou officiels de Margueron, Dramé, Ndicka, Devarrewaere, Tibily ou Kitala ; l’OL est vent debout face à une vague de départ de sa pouponnière.
Un lourd message
Ces départs ont des raisons multiples, mais avant de rentrer dans les détails et d'analyser pourquoi il faut s’indigner et s’inquiéter, faisons une légère mise au point. Évidemment, tous ces joueurs ne sont pas des futurs Messi ou Ronaldo, mais cette multitude de départ inquiète, tout comme le message qui est envoyé. Lyon, terre de formation, voit décamper tous ses jeunes formés au club ? L’ironie est aussi belle qu'alarmante.
Une profonde méfiance…

Avant de parler de l’origine d’un premier problème, caractérisons-le. Et parlons franchement, l’OL a peur de ses jeunes. Oui oui, vous pouvez relire la phrase, et elle peut vous interloquer si vous n’êtes pas un gros suiveur de l’OL. Pourtant, le premier soucis est bien là : Lyon ne fait plus confiance à sa jeunesse. Quand l’OL lançait ses jeunes sans vergogne, des Benzema à 17 ans, cela remonte déjà. Le manque d’exemple concret commence à se faire ressentir, ainsi nous illustrerons ce propos par un sujet qui rend unanime, le poste de latéral gauche. Comment l’OL, tant avancé sur le domaine de la formation, a-t-il pu arriver à repositionner Maxwell Cornet, habituel ailier droit, comme latéral gauche de fortune ? Surtout quand l’OL bénéficie de possibilités auxiliaires au poste comme celle menant à Melvin Bard. L’OL s’est bafoué à maintes reprises. Comment justifier de manière éhontée la vente d’Amine Gouiri, vente poussée par une politique sportive et également mercantile douteuse ? Une politique douteuse où l’on préfère recruter Kadewere ou encore lever une option d’achat sur Toko-Ekambi plutôt que de croire en le talent d’un joueur que même les décisionnaires comme Juninho ont loué.
…qui ne date pas d’hier
Cette méfiance, elle n’est pas née de la dernière pluie : elle s’est cultivée à travers une longue période de vide où les membres du centre de formation étaient cantonnés à jouer des matchs de Nationale 2. Depuis le départ d’Hubert Fournier, l’OL a peiné à sortir ses jeunes, et c’est désolant de vérité que de concéder qu’aucun de ses jeunes n'ont été lancés par choix mais bien par dépit. Une blessure, un départ non pourvu, jamais un jeune n’a été clairement installé dans la rotation, même à la suite de performances unanimement bonnes.
Un manque de confiance chronique ?…
La raison de cette non confiance reste flou et si l'on peut avancer plusieurs hypothèse, l’une des plus probables semble être celle d’un manque de confiance globale. Lyon souffre et a souffert de trop mauvaises saisons dans le jeu et parfois même les résultats, et malgré tout les efforts de ses jeunes, les lancer dans des périodes d’incertitudes techniques et tactiques effraie. Mais ces mauvaises passes n’étaient-elles pas au contraire une opportunité de choix pour donner temps de jeu, mais aussi de l'espérance et de la confiance à ces joueurs ? De plus, si ces jeunes ne répondent pas positivement en match, encore faudrait-il les faire jouer ne serait-ce qu’un minimum pour conforter cet a priori.
…Ou une frilosité managériale ?
L’hypothèse qui prédomine chez beaucoup de supporters reste celle de la faute du coach. Trop têtu, borné voire mauvais pour les plus extrêmes. Mais sans tomber dans le manichéisme, sachons rester réaliste et usons des bons termes. Si ce n’est pas un soucis de confiance, il faut donc imaginer que ce manque de temps de jeu pour ces jeunes est volonté de ne pas modifier le plan de jeu que le coach avait eu sous la main. Mais là se pose la question de la légitimité de cette équipe première : est-elle tant indéboulonnable que ça ? Est-ce que cette même équipe, 7e de Ligue 1, serait ainsi exempt de tout reproche pour ne faire jouer aucun jeune sur la durée ? Je ne pense pas. L’excuse du résultat positif malgré un jeu médiocre reste là encore à prouver. Et même si, selon certains, l’OL a fait de bonnes saisons ces dernières années, le jeu était loin d’être exquis. Et, disons-le, ce ne sont pas tant de jeunesse, de fougue mais aussi de talent technique qui vont aggraver cela.

Une incohérence dans le discours
Deuxième grosse raison de tant de départs, le discours tenu à cette jeunesse. Si l’on aime souvent associer les paroles et les actes, force est de constater que c’est un zéro pointé. L’OL peine à convaincre sa jeunesse de rester car elle n’arrive pas à drainer l’attention de ces jeunes. Entre un discours de Juninho peu novateur sur l’importance des jeunes à Lyon et le discours négatif, antithétique et incohérent de Rudy Garcia, il y a deux salles pour deux ambiances. Exemple parfait pour Pierre Kalulu, le latéral droit, qui avait reçu des garanties à son poste de la part de Juninho mais qui n’a pas signé pro et a préféré rejoindre Milan. Plus récent encore, les déclarations de Rudy Garcia sur le futur mercato : « On veut recruter un défenseur central. On a trois joueurs confirmés à ce poste là et c’est trop peu. On va regarder le jeune Diomandé qui s’entraîne avec nous. » Ainsi, le coach de l’OL veut intégrer un jeune du centre, Diomandé, tout en cherchant à recruter un autre joueur à son poste : la preuve même d'un incohérence. Face à cette situation, il est peu surprenant de voir l’OL aussi peu convaincre ses jeunes.

Pour conclure, l’OL échoue grandement à miser et à donner confiance à sa jeunesse, et ceci à cause d’une politique sportive surannée. Un OL qui s’est délaissé de sa jeunesse au point de bâtir son académie à plusieurs kilomètres du centre professionnel, toujours plus loin des yeux d’un coach qui ne fait pas confiance aux jeunes. Il faudra temps, confiance et transparence pour que l’OL replace ses jeunes au centre de son projet.