Concepteur de monoplace le plus titré de l’histoire de la Formule 1, Adrian Newey est un observateur avisé du monde du sport automobile depuis plus de quarante ans. Et peut se permettre de donner sa vision de ce que devrait être la F1 dans les années à venir.
La Formule 1, Adrian Newey connait bien. Considéré comme l’un des ingénieurs les plus talentueux de sa génération, celui qui est aujourd’hui directeur de la technologie chez Red Bull Racing y est depuis les années 80. Une expérience qui lui permet d'avoir un recul sur la discipline, mais aussi un œil aiguisé sur l'évolution de ce sport automobile.
L'influence du public
Dans une interview accordée à Motorsport, Adrian Newey s'est notamment attardé sur la relation entre la Formule 1 et l'écologie. Deux mots souvent mis en antagonisme, même si les instances tentent de réduire l'impact environnemental des monoplaces. Des directives qui ne collent pas forcément avec ec que le public veut voir.
“Je pense que la plupart des gens diraient, du point de vue du spectacle, qu'il faut probablement un V10 atmosphérique à haut régime. Nous avons tous la nostalgie des V10, et même des V8 des années 2000. Mais ils ne sont évidemment pas économes en carburant. Il faut donc trouver un équilibre entre le spectacle et la responsabilité vis-à-vis de la société, même si la consommation de carburant des voitures et leur pollution sont en réalité minimes”, a expliqué Adrian Newey.
Selon lui, la Formule 1 est en plein cœur d'un dilemme, où le divertissement s'oppose à la fois à la performance et au volet environnemental. Et, d'après le Britannique, il est impossible de tout concilier. “À moins de rendre la F1 artificielle et de la faire ressembler au WWF, je ne suis pas sûr que ce soit possible”, a-t-il avancé.
Des voitures trop grandes
D'après Adrian Newey, la Formule 1 a aussi un rôle important à jouer dans son influence vis-à-vis du grand public. Pourquoi ? Parce que les innovations apportées sur les monoplaces finissent souvent par se transposer sur des voitures plus grand public.
“Le changement de vitesse par palettes à fait son apparition en F1, et il est devenu très populaire aujourd'hui sur les voitures de série. Quand le turbo est arrivé en F1 dans les années 80, les voitures de série à moteur turbo ont eu tendance à se multiplier. Regardez les ailerons en fibre de carbone : la plupart des voitures de sport que l'on croise aujourd'hui sur l'autoroute sont équipées d'une sorte d'aileron qui se soulève et s'abaisse. Il s'agit donc d'un phénomène de vulgarisation”, a-t-il démontré.
De ce fait, Adrian Newey préconise plusieurs changements sur les monoplaces, notamment sur leur taille. “La possibilité pour la F1 d'emprunter le chemin inverse et d'opter pour des monoplaces beaucoup plus petites, plus légères et plus efficaces d'un point de vue aérodynamique, c'est la solution que je préconiserais certainement. Peut-être que ça commencerait à inverser la tendance par rapport à ces monstres de trois tonnes qui détruisent nos routes et creusent des nids-de-poule”, a-t-il conclu.