Football

Bordeaux, l’inévitable descente aux enfers?

L’année 2022 restera une année difficile pour les Girondins de  Bordeaux. Reléguée en Ligue 2  au terme de la saison sportive qui vient de s’écouler, l’équipe girondine risque l rétrogradation en National 1. 

La décision émanant de la DNCG est rendue publique cette semaine. Les Girondins de Bordeaux n’ont pas eu le temps de digérer cette dernière place en championnat et la relégation, que le marteau de la DNCG vient s'abattre encore sur eux.

En effet, faute d’avoir soumis un budget cohérent et rassurant, Bordeaux risque de descendre aux échelons inférieurs du football français. Une décision qui fait l’effet d’une bombe au regard du poids du club dans l’histoire de la France.

Bordeaux, une grande équipe en France

Si nous considérons uniquement ces 40 dernières années, les Girondins de Bordeaux ont fortement marqué l’histoire de la France du foot. C’est en effet au cours de cette période que 5 des 6 titres de champion de France ont été remportés par le club au scapulaire.

La rétrogradation en deuxième division intervenue en 1991, n’aura duré qu’une saison, le temps pour ce club de premier plan en France, de retrouver l’élite après un titre de champion de deuxième division.

De grands noms du foot en France et même en Europe en transité par la Gironde, faisant lors de leur passage les belles épopées du club aussi bien sur le plan national que sur la scène européenne.

Comment oublier la période de la décennie glorieuse du club dans les années 80 avec Raymond Goethals, Omar Sanhoun,  Jean Tigana, Bernard Lacombe, Jean Fernandez, Marius Trésor, Aimé Jacquet ? Une période particulièrement dorée pour les Girondins, trois fois vainqueurs du championnat à cette époque  en 1984, 1985 et 1987. Bordeaux était tout simplement l’une des équipes phares du championnat de France.

La deuxième décennie de cette période, à défaut d’être aussi prolifique que la première, a tout de même vu les Bordelais continuer à évoluer au haut niveau en France. Sous l’impulsion de Laurent Blanc, entre 2007 et 2010, l’équipe alors emmenée par Yoann Gourcuff, Alou Diarra et compagnie s’illustre à nouveau et remporte d’ailleurs la ligue 1 en 2009.

S’en suivra aussi une campagne de Ligue des Champions plutôt héroïque avec une place de demi-finaliste. Bordeaux pratiquait du beau jeu, bien léché. Les supporters étaient aux anges.

Une lente descente aux enfers

Mais la dernière décennie va être moins prolifique pour le club au scapulaire qui va petit à petit perdre de sa superbe.

En effet, cela fait maintenant quelques années que Bordeaux n’incarne plus une équipe phare du championnat. La faute à des résultats en dents de scie, mais dans l’ordre du moyen, ponctués cette année par une triste dernière place en championnat.

Bordeaux, c’est également 4 coupes de France remportée, en 1941, 1986, 1987 et  2013; mais  aussi 3 coupes de la Ligue et 3 trophées des champions remportées en 1986, 2008 et l’année suivante.

Difficile de croire qu’après toutes ces années passées à écrire l’histoire du foot français en Ligue 1, et l'épisode de la rétrogradation précédente,  le club n‘ait pas tiré les leçons pour éviter cette descente aux enfers.

La faute aux dirigeants

Après son retour en Ligue 1, le club  a eu un actionnaire, le Groupe M6 qui l’a  maintenu financièrement dans les clous de la DNCG pendant une vingtaine d’années. On a l'impression que les déboires des Bordelais ont commencé avec le retrait du groupe.

En effet, lorsque M6 se rétracte en 2018, c’est le fonds américain, General American Capital Partner qui reprend le club, mais pour un an seulement. La gestion financière est calamiteuse. Visiblement, rien n'est fait pour préserver le sportif. Une cassure nait progressivement entre le club et les supporters qui ne s'y reconnaissent plus.

Les dirigeants de cette époque ne connaissent rien au football et le club se retrouve avec une dette de 80 millions d'euros en un.  La banque qui soutenait le fonds américain prend  les choses en main et reprend le club. Il passe la main en 2019 à King Streat, qui environ un an et demie plus tard, décide aussi de s’en séparer.

Des propriétaires qui ne connaissaient visiblement ni le football, ni le contexte français.  Ces cessions ont fait au club plus de mal que de bien.

Gérard Lopez reprend les Girondins de Bordeaux

Depuis un an maintenant, soit en juillet de l’an passé,  le club est devenu la propriété de Gérard Lopez. L’homme d’affaires hispano luxembourgeois est très contesté  dans l’univers sportifs français.

Son expérience lilloise n’avait pas été très appréciée des observateurs. Curieusement, cette reprise par l’Homme d’affaires coïncide avec la saison noire des Girondins.

Partout où il est passé, Gérard Lopez n'a visiblement pas laissé de bons souvenirs. Ce qui ressort le plus, c'est une gestion opaque, des méthodes peu orthodoxes, des retards dans le paiement des salaires des employés, des dettes etc…

A l'Excel Mouscron, club belge dont il est actionnaire, cette saison 2021-2022 est une année en enfer pour tous les salariés et les joueurs, dont certains traineraient encore des impayés.

Aujourd'hui, c'est au tour de Bordeaux, déjà bien mal en point, de subir les conséquences du mode de gestion sportivement non compatible de l'homme d'affaires hispano-luxembourgeois.

Des mauvais choix sportifs et extra-sportifs

En somme, la situation aujourd'hui des Girondins de Bordeaux est avant tout la résultante d'une série de mauvais choix à tous les niveaux.

Depuis le retrait de M6, on se demande si toutes les vérifications ont été faites avant la cession du club à GACP.  Tous ceux qui ont dirigé le club depuis 2018, sont plus hommes d'affaires qu'autre chose.

La non maîtrise du contexte régional et du passé du club ont conduit à des choix, des options finalement aux antipodes de ce dont le club avait réellement besoin.

Sur le plan sportif, la crise à Bordeaux a commencé il y a bien plus longtemps. En effet, la dernière époque où on a vu du beau jeu à Bordeaux remonte à celle de Laurent Blanc.

Depuis, la succession d'entraineurs dans des laps de temps courts, caractéristique des mauvais choix opérés, a coïncidé avec les  déboires financiers du club au scapulaire.

Autant de choses qui ont entrainé l'inévitable, la relégation du club cette année et une possible rétrogradation en National 1. Ceci est encore une autre preuve, comme si besoin en était encore, qu'une équipe de football ne peut se gérer come on gère une entreprise dans le but unique de faire de l'argent.

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