Elle est bien malgré elle la star de l’été en France. La Direction Nationale du Contrôle de Gestion a encore frappé. A quelques encablures de la reprise des championnats de football Ligue1 et ligue 2 notamment, elle confirme la rétrogradation des Girondins de Bordeaux en National. Cet organe de la LFP qui n’en est pas à son premier coup est-il vraiment nécessaire ?
Commission indépendante hébergée par la Ligue de Football Professionnel, la DNCG est un organe dont le rôle est de surveiller les comptes des clubs de football professionnel dans l’Hexagone. Elle est dirigée par Jean-Marc Mickeler et existe depuis 1984.
Sa création entre dans le cadre du code du sport. Concrètement, la DNCG assure la durabilité financière des clubs de L1, L2 et de certains du National.
Des étés laborieux
Chaque année, à l’intersaison, tous les clubs doivent passer devant l’instance de la LFP pour présenter leurs comptes. Elle vérifie la viabilité des prévisions budgétaires, et s’assure que les investissements sportifs soient en phase avec les capacités financières réelles des clubs.
En un mot, la DNCG veille à ce que tous les clubs professionnels en France affichent un équilibre budgétaire. Autrement dit, en France, il n’est pas permis aux clubs de dépenser plus d’argent qu’ils n’en ont.
La DNCG est relayée aux étages inférieurs par d’autres commissions. La Commission Fédérale de Contrôle des clubs qui surveille tous les clubs de National 1 et National 2. Quant à elle, la Commission Régionale de Contrôle des Clubs garde un œil sur les clubs de National 3 de ceux des ligues régionales.
Des sanctions parfois difficiles
La DNC a autorité pour sanctionner les mauvais élèves. Les sanctions peuvent concerner :
- Une défense partielle ou totale de recruter de nouveaux joueurs ;
- Un encadrement du recrutement et possiblement de la masse salariale ;
- Un plafonnement du nombre de joueurs à même d’être envoyés dans l’équipe première.
Mais elle ne s’arrête pas qu’à ce niveau. En effet, la DNCG peut également durement frapper les clubs. Elle peut dans ce cadre décider de :
- Rétrograder un club dans la division inférieure ;
- Interdire l’accession d’un club à une division supérieure ;
- Exclure un club des compétitions.
Les clubs victimes de la DNCG
Si cette année, les Girondins de Bordeaux sont durement frappés par l’instance de la LFP, ce n’est pas une première. Dans l’histoire des championnats de France, plusieurs clubs, et pas des moindres, ont subi les foudres de la DNCG.
Les premières rétrogradations sont intervenues en 1991. Cette année-là, 3 clubs, notamment Bordeaux, déjà, Nice et Brest ont subi cette sanction. Un déficit d’environs millions d’euros (300 millions de francs à l’époque) avait coûté à Bordeaux une relégation administrative en D2. Nice et Brest aussi sont rétrogradés et doivent déposer le bilan.
En 1994, c’est au tour de l’OM, alors récente Championne d’Europe, d’être reléguée en D2 aussi pour des raisons de corruption. En 1995, malgré son titre de champion de D2, le club s’était vu refuser la montée en D1.
Strasbourg et Grenoble, le Mans, ETG et Bastia
En 2011, Grenoble, lourdement endetté est renvoyée par la DNCG en cinquième division. Quant au RC Strasbourg, le club chute de l’élite au National entre 2008 et 2010.
Ensuite, des difficultés financières, un redressement judiciaire et une liquidation lui font perdre son statut de professionnel et l’envoient finalement en amateur. Complètement aux enfers, le club doit son salut à Jean Marc Keller. L’ancien international Français le rachète et réussit à le redresser, et le ramener sous les projecteurs de l’élite.
En 2013, c’est au tour de Le Mans, aussi endetté, d’être relégué finalement en division d’Honneur, l’équivalent de la sixième division. En 2016, Evian-Thonon-Gaillard, est contraint d’annoncer sa liquidation judiciaire. Et le dernier exemple en date est celui du Sporting Club de Bastia. En 2017, le club dernier de Ligue 1, est ruiné. Il ne présente pas de garantie suffisante, et est contraint de repartir en National 3.
La France, bien seule en Europe
En Europe, l’exemple français est unique. En effet, il n’y a pas d’équivalent de la DNCG dans les autres pays. Si les comptes des clubs sont globalement contrôlés, il n’y a pas de restrictions comme celles auxquelles sont soumis les clubs de l’Hexagone.
L’exemple palpable est le Real Madrid et le FC Barcelone. Ces deux clubs en Espagne sont très endettés. Ils ne sont pas pour autant inquiétés par la Ligue espagnole. C’est ainsi qu’on a vu le Real Madrid opérer des recrutements à prix d’or, notamment à l’ère des Galactiques.
Le club et surtout son président Florentino Perez se sont rendus maîtres dans l’art de réaliser des montages financiers improbables pour parvenir à leurs fins. Ces manouvres s’appuient sur le soutien et les garanties de certaines banques qui accompagnent ces clubs.
C’est pour réglementer tant soit peu ces montages, qu’est né le Fair Play Financier. Cependant, ce dispositif de l’UEFA ne s’intéresse qu’à la limitation des pertes des clubs. Pour le reste, les clubs conservent toute liberté.
En 2008, Frédéric Thiriez, ancien président de la LFP avait porté le projet d’une DNCG à l’échelle européenne. Un projet qui n’a jamais vu le jour.
Un bien et des maux
Quand on y regarde de près, la DNCG, au-delà de ses sanctions, souvent très dures, joue un rôle capital pour l’assainissement des finances des clubs de foot, qui demeurent du reste, des “entreprises”, elles aussi. Veiller donc à une gestion saine, équilibrée pour limiter les pertes, sert certes à éviter les dérives observées dans d’autres pays.
Mais d’un autre côté, cela participe d’une certaine manière de la faible compétitivité des clubs français sur le continent. Il est indéniable que dans l’ensemble, les clubs de Ligue 1 font figure de poids plume lors des joutes européennes.
La faute aussi à de faibles budgets qui ne permettent guère de rivaliser avec leurs homologues anglais, ou espagnols notamment. Des clubs comme le PSG ne doivent leur salut qu’à la présence des gros investisseurs qataris.
Ceux-ci n’hésitent pas à injecter les pétrodollars dans le club pour lui permettre de tenir face à ses concurrents européens. Si Paris n’a pas encore pu remporter la Ligue des champions, le club de la capitale a le mérite de s’être installé grâce aux fonds qataris dans le cercle des clubs qui comptent sur le vieux continent.