Après avoir échoué en playoffs lors de l'exercice 2018-2019, l'ESTAC a fait table rase lors de l'intersaison en changeant de coach et en modifiant les trois quarts de son effectif. Une manœuvre risquée, d'autant plus en sachant que Laurent Batlles, nouvel entraîneur, n'avait pas d'expérience en professionnel. Pourtant les résultats ont suivi, au-delà même des espérances.
La saison
4ème de Ligue 2 avec 51 points (16v, 3n, 9d) – 34 buts pour, 25 buts contre
Coupe de la Ligue : éliminé au 1er tour par Lens (1-2)
Coupe de France : éliminé au 7ème tour par Bourg-en-Bresse (1-0)
L'effet rétro
En arrivant à Troyes, Batlles avait une tâche d'une énorme ampleur qui l'attendait : réussir à finir en première partie de tableau avec un effectif largement remanié. Un challenge difficile, mais excitant pour une première dans le monde professionnel pour l'ex-coach de la réserve de St Etienne. Avec un recrutement globalement bien mené, puis quelques cadres encore présents (Giraudon, Salmier, Kouyaté, Touzghar), Batlles avait tout de même des arguments à faire valoir, et il l'a assez vite démontré. Sa volonté première étant de produire un jeu alléchant, beaucoup moins porté sur la défense comme son prédécesseur Rui Almeida.
Au bout de quelques mois de compétition, l'ancien joueur professionnel a tout de même dû se rendre à l'évidence que ses ambitions de beau jeu n'étaient pas toujours compatibles avec l'irrégularité chronique de son équipe. Capables d'enchaîner 3, 4 victoires consécutives avec des coups d'éclats contre les grosses cylindrées (victoire 2-0 contre Lens, victoire 0-1 à Lorient, victoire 2-1 contre Ajaccio), les Troyens pouvaient aussi aligner 3 défaites d'affilée, et souvent des mauvais résultats contre des mal classés. On garde particulièrement en mémoire le 0-4 subi à domicile face à Chambly fin novembre 2019, alors que les Camblysiens n'avaient plus remporté le moindre match depuis le mois d'août. Ce manque de constance dans les performances (Troyes a très souvent joué uniquement une mi-temps sur deux) a forcé Batlles a revoir sa copie, en adoptant un style plus défensif, afin de faire de l'ESTAC une formation solide et difficile à manœuvrer.
C'est au moment où les Aubois commençaient enfin à montrer à nouveau de belles choses dans le jeu que la saison s'est stoppée net le 6 mars. L'ESTAC restait alors sur 4 victoires et 1 nul, et se rapprochait de plus en plus des premières places, synonymes de montée directe. Si la saison avait été à son terme, Troyes – quatrième lors de l'arrêt de la compétition – aurait vraisemblablement figuré dans le top 5. Au vu même de la dynamique de Lorient (4 défaites en 5 matchs), et de la tendance qu'à Lens à s'écrouler au printemps, il n'est pas illusoire de penser que les Champenois auraient pu retrouver l'échelon supérieur en mai. Finalement, Troyes échoue à seulement 2 unités du deuxième, et 3 du leader, avec peut-être un regret, celui de n'avoir pas pu reprendre le championnat.
Et maintenant ?
Avec des finances saines, l'ESTAC devrait se sortir de la crise du coronavirus sans être déficitaire. Cela lui permettrait de conserver la majeure partie de son effectif, qui ne devrait pas être trop impacté dans le sens des départs concernant les cadres. Pour le moment, seul le nom Kiki Kouyaté est cité, et le Malien dispose d'un bon de sortie. Révélation de la saison dans l'Aube avec 5 réalisations alors qu'il évolue au poste de défenseur central, Kouyaté intéresserait Lens et Montpellier, et serait aussi convoité à l'étranger. Son départ impacterait grandement le secteur défensif troyen, ainsi que le secteur offensif puisqu'il fait partie des meilleurs buteurs de son équipe.
D'un point de vue sportif, on est impatients de voir l'ESTAC version 2020-2021, car l'exercice précédent était plein de promesses. Batlles a effectué un travail remarquable pour un coach débutant dans le monde professionnel. La priorité des dirigeants devrait être de le prolonger, car son contrat s'achève (déjà) en 2021. Si l'entraîneur troyen garde une ossature cohérente (on pense notamment à Gallon, Salmier et Giraudon, Tardieu, Barthelmé et Touzghar), en ajoutant un recrutement intelligent et avec des jeunes qui ont pris le pouvoir en 2020 (Mambo, Tchimbembe et Chambost), on peut tout à fait imaginer que son équipe joue le haut de tableau. Les joueurs seront en tout cas revanchards, eux qui étaient prêts à terminer le championnat pour aller chercher la Ligue 1.