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Le football aux Jeux olympiques, une histoire contrariée

Les Jeux olympiques sont l’occasion pour des milliers de sportifs et sportives de représenter leur pays sur la scène internationale. Mais il est évident que certains sports priment sur d’autres, à l’image de l’athlétisme sur l’haltérophilie par exemple. En revanche, le sport le plus populaire du monde n’est pas toujours considéré comme une épreuve reine du plus grand évènement sportif mondial. Une histoire particulière unit football et Jeux olympiques, allant de débuts en fanfare à l'abandon par les plus grandes nations. Le tournoi de cette année sera marqué par le retour de la France, même si elle ne se positionne pas en tant que favorite au titre.

Une histoire commune qui se finit mal

Ce n’est un secret pour personne, le sport a toujours été utilisé afin d’exister sur la scène politique internationale ou encore dans le but d’apaiser quelconque tensions. C’est sur cette base que sont fondés les Jeux olympiques modernes, dont la première édition se tient en 1896 à Athènes (avec des équipes locales). 8 ans plus tard d’ailleurs, la FIFA est fondée afin de gérer le football international, sauf qu’elle ne peut se charger que de l’organisation de matchs amicaux, puisque le tournoi footballistique majeur de l’époque reste les Jeux olympiques. En 1908, c’est le CIO qui décide que seuls les joueurs amateurs pourront participer aux Olympiades.

Composée de la France, de la Belgique, du Danemark, de l’Espagne, des Pays-Bas, de la Suède et de la Suisse, la Fédération internationale de football association voit dans les JO une sorte d'adversaire. La présence de l’Égypte en 1920 aux Jeux d’Anvers ou encore les victoires de l’Uruguay à Paris et Amsterdam en 1924 et 1928 marquent le décalage qui existe entre la Fédération et la plus grande compétition sportive de l’époque. Un décalage marqué, mais les deux finales de football ayant réuni bon nombre de personnes, la FIFA aperçoit grâce aux JO l’importance que peut avoir dans le futur le football. Elle souhaite introduire des joueurs professionnels pour plus de profits, mais requête refusée par le Comité international olympique. La FIFA crée alors la Coupe du monde de football dont la première édition se tiendra en 1930. Le divorce est acté.

Par la suite, les matchs de football aux Jeux olympiques des équipes A deviendront même non-officiels entre 1960 et 1980. Depuis, trois formats ont eu lieu. En 1984 et 1988, les joueurs ayant joué une Coupe du monde pour l’UEFA ou la CONMEBOL devenaient inéligibles à la participation aux JO. En 1992 à Barcelone, les joueurs de plus de 23 ans ne sont pas autorisés à représenter leur pays. Enfin depuis 1996, ce sont toujours les moins de 23 ans désormais accompagnés de 3 joueurs au-dessus de cet âge qui participent aux Jeux olympiques. En ce qui concerne le tournoi féminin, il n’existe que depuis 1996.

Entre surprises et générations dorées

Depuis 1996, qui peut se targuer d’avoir remporté le tournoi de football aux JO ? Dans l’ordre chronologique, le Nigeria, le Cameroun, l’Argentine deux fois consécutivement, le Mexique et le Brésil. Soit trois nations qui sont loin d’avoir un statut international exceptionnel et les deux stars du football sud-américain. Sur cette période, seulement trois nations européennes ont su se hisser sur le podium (Espagne et Allemagne deuxième, Italie troisième). Premier apport des JO à souligner : des colonnes vertébrales dorées, entourées de joueurs corrects peuvent emporter un tournoi olympique. C’est le cas du Nigeria en 96, où l’on retrouve dans la liste Taribo West, Jay-Jay Okocha, Celestine Babayaro, Nwankwo Kanu ou encore Victor Ikpeba mais également des joueurs qui ont fait leur carrière sur leur terre natale ou encore qui ont peu réussi dans les grands championnats.

Crédit photo : AFP

Une belle occasion pour ce groupe de se consoler après leur absence forcée à la CAN de la même année pour des raisons politiques. La CAF réagira en les excluant deux ans plus tard en 1998 de la Coupe d’Afrique des nations. Le Nigeria finit par organiser avec le Ghana l’édition 2000, qui sera remportée par le futur champion olympique de la même année. Le Cameroun, porté par Samuel Eto’o (18 ans), s'impose en effet à Sydney face à l’Espagne des Xavi, Puyol ou de Joan Capdevila, tous les trois futurs champions du monde.

Viennent ensuite les sacres de l’Argentine. D’abord la génération 2004 des Mascherano, Tévez, Lucho, Saviola ou encore César Delgado, accompagnés par Gabi Heinze ou et le très élégant numéro 10 Andrés d’Alessandro, tout ce petit monde étant sous la houlette de Marcelo Bielsa. Bis repetita en 2008 avec la fameuse équipe de Messi, Agüero, Di María, Lavezzi. À ceux-ci s’ajoutent Riquelme, encore Mascherano, Ever Banega, Romero… Bref, la moitié de cette sélection d’espoir, rappelons-le, se retrouvera en 2014 sur le terrain d’une finale de la Coupe du monde. Avant d’enfin remporter la Copa America cet été.

Crédit photo : PA Images

Retour des surprises en 2012. Le Mexique est champion olympique. Dans ce petit contingent de futures stars, on retrouve Raul Jiménez qui a tout récemment retrouvé les terrains de football, Héctor Herrera, l’ex-espoir Giovani dos Santos. Le secteur défensif est un peu moins fourni avec pour la plupart des joueurs restés au Mexique.

Vient enfin le champion en titre, le Brésil de Neymar ou de Marquinhos entourés des jeunes pousses dont une majorité est toujours au Brésil aujourd’hui. Gabigol ou Thiago Maia ont connu des fortunes diverses en Europe, Felipe Anderson vient de faire son retour à la Lazio après de très bons débuts avec West Ham suivi d’une disparition d’un peu plus de deux ans et demi. On l’aurait aperçu du côté de Porto. Le dauphin allemand peut néanmoins se targuer d’une sacrée génération : Leon Goretzka, Julian Brandt, Serge Gnabry. On y trouve également le « Weltklasse spieler », l’ex-nouveau Messi devenu nouveau Marko Marin, Max Meyer, aujourd’hui sans club. Et la France dans tout ça ?

L'équipe de France, un rapport aux JO difficile

Ce n’était plus arrivé depuis 25 ans. L'équipe de France olympique de football est enfin de retour. À l’époque, Raymond Domenech était le sélectionneur. Patrick Vieira, Claude Makélélé, Robert Pirès ou encore Sylvain Wiltord faisaient partie de l’équipe éliminée en quarts de finale par le Portugal. Depuis, plus rien. La raison de cette absence est très simple. Quatre places sont attribuées aux équipes membres de l’UEFA, et ce sont les demi-finalistes des Euros espoirs de l’année précédente (dans cette situation, l'Euro espoirs 2019) qui les obtiennent. Or, il est bien connu que l’équipe de France espoirs est reine des déceptions depuis de longues années. Il aura fallu longtemps attendre avant de voir la malédiction brisée. Mais cela en vaudra-t-il le coup ?

Parce que « motivation » n’est pas le premier mot auquel on pense quand il s’agit d’aborder les JO de football. Une liste remaniée, marquée par les refus de plusieurs clubs de laisser partir quelques-uns de leurs joueurs. La première sélection faisait saliver. La seconde légèrement moins. Comme l’a souligné Thibaud Leplat un soir dans l’After, « on y est mais on ne veut pas y aller. C'est comme la Ligue Europa en fait ! Clubs et fédé, il n'y en a pas un pour rattraper l'autre ! ».

Un constat qui s’entend et qui se voit aussi. La seconde liste de la France olympique est une suite de noms, même pas de visuel comme ce fut le cas de la première. La comparaison est rude avec la vidéo d’inspiration japonaise des joueurs qui représenteront l’Allemagne lors de ces prochaines semaines. Alors après la déception sportive de l’Euro espoirs, il n’y a peut-être pas grand-chose à espérer des JO non plus… À Sylvain Ripoll de nous faire mentir.

Alors qui sont les favoris ?

Parmi les 16 qualifiés (en image ci-dessous), l’Espagne est sans doute l’équipe qui a la meilleure chance de médaille. Même si quelques-uns ont déjà participé à l’Euro de cet été (Dani Olmo, Unai Simón, Eric García, Pau Torres, Mikel Oyarzabal) et que Pedri a déjà disputé une bonne soixantaine de matchs, il y a largement de quoi faire bonne figure. Avec les milieux de la Real Sociedad Martín Zubimendi et Mikel Merino ou encore le très élégant Bryan Gil, le tout encadré par Marco Asensio, l’Espagne peut montrer un visage qu’on aurait espéré voir chez les Bleuets.

Le Japon visera également l’or olympique. Le sélectionneur Hajime Moriyasu l'a déclaré lui-même. Pour ce faire, Hiroki Sakai (Urawa Reds), Maya Yoshida (Sampdoria) et Wataru Endo (Stuttgart) ont été les trois joueurs de plus de 23 ans à être sélectionnés. Parmi les jeunes pousses à suivre, Takehiro Tomiyasu, défenseur de Bologne pisté par Tottenham, Takefusa Kubo (Real Madrid) ou encore Kaoru Mitoma (Kawasaki Frontale) peuvent se montrer cet été, le premier pour convaincre les Spurs, le second pour se montrer, le troisième pour espérer un départ en Europe.

L’Afrique du Sud, la Nouvelle-Zélande, le Honduras ou encore le Mexique ont essentiellement retenu des joueurs issus de leur championnat local. L’Égypte sera aussi privée de Salah, Elneny et Mostafa Mohamed, non-libérés par Liverpool, Arsenal et Galatasaray.

Enfin, le Brésil défendra sa couronne avec encore une fois beaucoup de jeunes toujours au pays. Gerson, la recrue marseillaise, n’a pas été libéré. À noter les présences de Dani Alves, Matheus Cunha et Diego Carlos. Certains visages rappelleront certains souvenirs aux joueurs de Football Manager.

Pour finir, l’Argentine aligne également quelques têtes à suivre. Thiago Almada, suivi par l’OM bien sûr, mais aussi Adolfo Gaich (même si son arrivée en Europe est difficile), Ezequiel Barco (Atlanta United), Alexis Mac Allister (Brighton). Le gardien de Cadix Ledesma ou encore le défenseur de l’Atlético Madrid Nehuén Pérez ont aussi été retenus. Le Lensois Facundo Medina aura pour mission de représenter la Ligue 1.

Maintenant, il ne vous reste plus qu’à suivre le tournoi de football des Jeux olympiques de Tokyo. Il se déroulera du 21 juillet au 7 août. La France affrontera au premier tour le Japon, l'Afrique du Sud et le Mexique. Les deux premiers de chaque groupe se qualifieront pour les quarts de finale.

Crédit photo en une : CIO

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