La 15e étape du Giro a de nouveau sacré un coureur échappé. Victor Campenaerts a passé toute la course à l'avant pour s'imposer au sprint. Analyse de sa journée maîtrisée.
Campenaerts, tel un corsaire
Hier, un vieux loup de mer s'est imposé sur les bords de la mer Adriatique. Victor Campenaerts a initié l'échappée et a mené la course tout au long des 147 km du circuit italo-slovène entre Grado et Gorizia. Les trois vagues vers Gornje Cerovo qui secouaient le tracé de cette étape de transition ont couronné un Belge expérimenté. En fin de journée, le coureur de Qhubeka-Assos s'imposait sous une pluie battante, comme le capitaine d'un navire sûr de ses forces en pleine tempête.
Victor Campenaerts attaquait dès le km 0. Le peloton ne laissait pas filer. Juste après cette première accélération, une grosse chute contraignait les commissaires à neutraliser la course. Au second départ quelques kilomètres plus loin, les quinze mêmes coureurs attaquaient, avec Victor Campenaerts comme figure de proue. Cette fois, l'armada Ineos Grenadiers du maillot rose Egan Bernal laissait le champ libre à l'échappée. À l'arrivée, l'écart était de 17 min. La 15e étape du Giro se jouait à l'avant.

L'enchaînement des ascensions vers Gornje Cerovo usait les quinze coureurs échappés. Visiblement en pleine forme, Victor Campenaerts attaquait à 22.5 km de l'arrivée. Seuls Oscar Riesebeek (Alpecin-Fenix) et Albert Torres (Movistar) parvenaient à attraper sa roue. L'Espagnol craquait six kilomètres plus loin, tel un mât fauché par le boulet de canon belge, qui imposait un rythme impitoyable. Le rouleur de Qhubeka-Assos prenait tous les risques dans une descente glissante sous une pluie battante.

À l'abordage
Campenaerts craignait en effet le retour de cinq poursuivants, une flottille bien organisée qui revenait à grande vitesse sur le duo de tête. Le Belge hissait la grand-voile et emmenait un énorme braquet pour tenir à distance ces adversaires menaçants.

On comprenait alors que la victoire se jouerait entre ces deux-là. Campenaerts poussait son effort au maximum, tel un skipper qui remonte l'Atlantique. Oscar Riesebeek restait calé dans sa roue. Le Néerlandais, réputé meilleur sprinteur, sonnait l'abordage et lançait le sprint à 150 mètres de la ligne d'arrivée. Campenaerts le contrait et s'imposait tout en puissance.
Après une journée offensive et maîtrisée, Victor Campenaerts remportait sa première victoire en grand tour. Sa formation Qhubeka-Assos signait par ailleurs un troisième succès sur ce 104e Giro.
Crédit photo en une : RCS