Moussa Gary est un jeune boxeur venu tout droit du Grand Est, plus précisément de Cernay. Après un début très prometteur en amateur, il entre dans la cour des grands en 2017 et redouble d’efforts. C’est un jeune homme calme et réfléchi qui nous répond aujourd’hui, avant sa grande finale en novembre prochain.
Bonjour Moussa, peux- tu te présenter en quelques mots à nos lecteurs ?
Bonjour, je m’appelle Moussa, j’ai 23 ans. Je viens de Cernay, à une quinzaine de kilomètres de Mulhouse. J’ai commencé la boxe à l’âge de 15 ans en pré-combat avec une quinzaine de combats à mon actif. Puis, je suis passé en amateur avec à peu près soixante combats, pour enfin arriver en professionnel. Ma carrière pro a commencé en janvier 2017 et je suis aujourd’hui à 9 combats, 2 nuls et zéro défaite.
La boxe est ton sport de prédilection ou tu as pu tester d’autres sports ?
Je pense que 15 ans c’est assez jeune pour commencer un sport. Même si j’ai touché un peu à tout, j’ai essayé le basket, le handball… mais c’était seulement pour faire du sport, je me cherchais en quelque sorte. Dans ces sports là je n’avais pas un niveau spécial pour espérer aller plus loin. Après le décès de mon père j’étais quelqu’un d’assez nerveux. Les professeurs de mon école ont donc conseillé à ma mère de m’inscrire à un sport de combat pour me canaliser. Ma mère n’était pas vraiment d’accord, mais je me suis quand même lancé. L’entraîneur m’a tout de suite apprécié et vu mon potentiel. J’ai tout de même attendu quatre mois avant de faire mon premier combat en pré-combat.
Que serais-tu devenu si pour toi la boxe ça n’avait pas marché ?
Je pense que j’aurai arrêté le sport. Enfin, j'aurai continué à faire du sport à droite à gauche pour me raccrocher à quelque chose mais rien de sérieux. J’aime les sports de combats depuis tout petit et si je n’avais pas eu ça, je pense que j’aurai pris un autre chemin. J’étais un garçon très nerveux, je me battais beaucoup à l’école. La boxe m’a beaucoup calmé, et même ma mère me dit que le changement est incroyable. On pourrait même m’insulter en face et je resterai calme. J’ai vraiment appris à me maitriser. La boxe m’a apporté une certaine paix intérieure.
Qu’est ce qui t’a donné envie de faire de la boxe ?
J’ai toujours aimé regarder les combats de Mohammed Ali, mais pas seulement de la boxe, j’aimais regarder des films de Jackie Chan aussi. J’aimais les combats mais je ne me suis jamais dit que j’allais me mettre à un sport de combat. Je ne me suis jamais posé la question parce que je me disais que du point de vue de ma famille ce serait impossible, ma mère n’accepterait jamais. Je ne me suis pas mis en tête que j’allais m’inscrire pour faire un sport de combat, et puis un jour je suis arrivé là.
As-tu déjà testé une boxe autre que la boxe anglaise ?
Quand j’ai commencé à avoir un bon niveau en boxe, à comprendre un peu ce sport, je suis un peu allé voir ailleurs. A la base, ce qui me donnait envie c’était vraiment la bagarre, pour moi la boxe anglaise ne suffisait pas. J’ai essayé le combat complet, le kick-boxing et je suis même allé m’entraîner à Amsterdam au Mikegym, là où s’entraîne Badr Hari. J’ai essayé presque tous les sports de combats, mais au final je me suis rendu compte que je ne me retrouve dans aucun autre sport que la boxe anglaise. Il n’y a rien de plus technique que la boxe anglaise, tu t’exprimes sur le ring. Tu ne ressens ça dans aucun autre sport, c’est vraiment un art. Pour moi c’est magique et je pense que ça a été un coup de foudre. Souvent, les gens qui ne connaissent pas ce sport voient ça comme de la bagarre, mais ça n’a rien à voir, c’est vraiment un art. Il y a tellement de choses à apprendre que je pense qu’aucun boxeur n’a tout appris.
A quoi tu penses quand tu combats ?
A ma team. On l’appelle Garycounda, c’est un mélange de ma famille, de mes amis, et même des personnes qui me suivent sur les réseaux sociaux, des personnes que je ne connais pas et qui partagent mes actualités. Quand je suis sur le ring, je me dis que même à eux je dois leur prouver des choses parce que leur soutient me fait vraiment chaud au cœur. Après on ne peut pas penser à tout lors d’un combat, on va chercher surtout à se montrer à soit même que les entraînements n’ont pas servi à rien, que ce qu’on a appris est acquis.
Comment définis-tu ta façon de boxer ?
D’après moi, je pense être plutôt technique. Mais quand je peux me le permettre je fais du spectacle, le public adore ça. Je le fais vraiment pour le public car la boxe est aussi un show, mais je précise bien que je le fais quand je peux me le permettre. J’ai une boxe assez différente à chaque combat, on travaille souvent sur le boxeur donc on s’adapte.
Quel boxeur te ressemble le plus selon toi ?
Souleymane Sissoko. Je ne dirai pas qu’il me ressemble, mais plutôt qu’il m’inspire. C’est un boxeur calme et très fort. Je suis moi-même calme, même si parfois je fais le show ce n’est pas pour me vanter. Je ne suis pas du tout dans la frime, comme Souleymane et c’est ce que j’aime chez lui.
As tu une idole dans le monde de la boxe ?
Floyd Mayweather et Mohamed Ali. Je peux passer des soirées à les regarder boxer.
Si tu pouvais combattre un boxeur, lequel serait-ce ?
Encore une fois, Souleymane Sissoko. Il est dans la même catégorie que moi et c’est un combat que je peux imaginer. Il a vraiment un très bon niveau, ce serait vraiment inspirant de boxer contre lui et peu importe le résultat. Parfois en boxe, on perd contre des gens qui n’ont pas le niveau parce qu’on n’est pas habitué à leur boxe, alors que Sissoko à une boxe très technique. Si je perds contre un tel boxeur je ne peux pas être déçu. Et si un jour j’ai l’occasion de combattre contre lui, je me préparerai à fond durant plusieurs mois. J’aimerais vraiment vraiment bien l’affronter.
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Quelle a été ta plus grande fierté ?
Mon dernier combat. C’était à Evian et le promoteur qui nous a invité à ce combat était sûre que j’allais perdre. Il me disait « ce n’est pas grave si tu as une défaite », ils pensaient tous que ce serait ma première défaite, d’autant plus que le boxeur était plus lourd que moi. En réalité j’ai accepté ce combat pour être vu par les promoteurs, mais au final j’ai fait un combat de malade.
J’ai une autre fierté mais c‘était en amateur. J’ai fait un championnat interrégional appelé La Petite France. C’était il y a deux ou trois ans, on a boxé tous les jours pendant trois jours et cette année-là, j’ai vraiment fait un carnage. J’ai éliminé des grosses têtes et j’avais mes cousins de Paris qui étaient là pour m’encourager. C’était la meilleure saison de toute ma carrière.
Est-ce que tu as une routine sportive ?
Depuis que je suis passé en professionnel je m’entraîne tous les jours, et même deux fois par jours quand c’est possible. L’intensité des entrainements c’est ce qui change vraiment de l’amateur. Le samedi on a un programme de course envoyé par le coach, on a seulement le dimanche pour se reposer. Pour ce qui est de l’alimentation, je n’ai pas vraiment de régime alimentaire mais je fais quand même attention à ce que je mange avant un combat.
Depuis que tu es professionnel, as-tu remarqué un changement dans ta façon de boxer ?
Carrément ! En pro on ne peut pas se permettre de boxer comme en amateur. En amateur on cherche plus à toucher pour gagner des points qu’à faire mal, alors qu’en pro on cherche vraiment à faire mal. Les coups sont mieux placés, les touches sont plus précises, on est plus sur nos appuis, on ne rentre pas tout de suite dedans. On va plus observer. En professionnel on sait où on frappe, il y a moins de gâchis, chaque coup doit faire mal. On ne va pas avoir le même rythme, à chaque round on va changer de thème. Parfois on va accélérer, une autre fois on va récupérer puis on va re-accélérer. C’est le coach qui va nous conseiller dans le coin pour chaque round, en général avant le combat on analyse la boxe du concurrent.
Y a t-il une différence dans l’ambiance qui règne en professionnel ?
Oui, c’est vraiment différent. Le public est beaucoup plus survolté parce qu’il sait que les coups font plus mal et qu’on ne boxe pas n’importe qui. Le monde professionnel est plus sérieux.
Tu as une finale en novembre prochain. Appréhendes-tu ce combat ?
Non, je me prépare comme tous mes autres combats. Je connais le boxeur que j'affronte, il est de Mulhouse et on s’est déjà entraînés ensemble.
Comment se sont passés les combats précédents avant cette finale ? Es-tu arrivé en finale très facilement ou tu as connu des embuches ?
Tous mes combats en professionnel ont été difficiles. Mais dans ce championnat en particulier, j’ai rencontré un boxeur de Paris en quart, Ali Touré. Il était assez compliqué à boxer, il était plus grand que moi et c’était un bon boxeur. La demie s’est passée au Cap D’Agde et ça a été pour moi. On verra en novembre pour la finale.
Pour terminer, quel est ton plus grand rêve ?
Ah c’est dur comme question ! Mais je pense que devenir champion du monde et boxer en Amérique avec une salle pleine, entouré de toute ma famille, est un beau rêve.
Merci à Moussa Gary pour cette interview.
Nous te souhaitons le meilleur pour ta finale !
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