Aujourd'hui WeSportFR vous propose de plonger en plein cœur des pays de l'Est, à la rencontre d'Eddy-Harlem Gnohere, attaquant du Steaua Bucarest, passé notamment par Cannes, Caen et Charleroi. Le Français s'est livré sur son parcours en exclusivité pour notre rédaction.
Bonjour Harlem, tout d'abord je vous remercie de nous accorder un peu de votre temps pour répondre à nos questions nous vous en sommes reconnaissant.
Pour commencer votre parcours de formation semble assez atypique, quel œil portez vous sur ce dernier ?
L'AS Cannes était un des meilleurs centres de formations à mon époque, j'ai côtoyé la bas des bons joueurs, malgré que certains n'ai pas eu la carrière qu'ils voulaient. Il y avait quand même du beau monde tel que Gaël Clichy, Jamel Abdoun ou Rudy Carlier. Ensuite à Caen, il y avait aussi du grands potentiels avec des joueurs tel que Gouffran, Elliot Grandin ou Prince Oniangé. Pour finir à Troyes, c'était plus difficile du fait que le centre de formation n'était pas vraiment professionnalisant comme à Caen et Cannes, je considère que ce centre à mon époque était plus un centre de pré-formation. Malgré qu'il y avait de bons joueurs comme Blaise Matuidi.
Avez-vous toujours joué comme attaquant de pointe ?
Oui, j'ai toujours joué attaquant de pointe ou alors dans attaquant de couloir.
Le football a t-il toujours une évidence professionnelle pour vous ?
Cela a toujours était mon objectif premier. Cela s'est confirmé du fait que mon grand frère a évolué à Cannes, Caen et il est parti finir à Burnley en Angleterre. Quand je le regardais jouer autour de cette atmosphère dans les stades anglais notamment, j'ai tout de suite compris que c'est ce que je voulais faire. J'ai essayé de suivre ces traces, malgré que pour ma part, cela a mit beaucoup de temps. Mais c'était comme une évidence.
Avez-vous une idée d'où vous seriez aujourd'hui si vous n'aviez pas continué dans le football professionnellement ?
Comme je l'ai toujours dis, si j'avais pas su persévérer dans le football je pense que j'aurai penché du mauvais côté. J'étais jeune, j'habitais dans un quartier difficile, j'aurais pu mal finir. Mais ce n'est pas le cas et je remercie les dirigeants de Cannes et Caen qui m'ont entouré ainsi que mon père qui a une grande responsabilité dans ce que je suis aujourd'hui.
Avez-vous une équipe de Ligue 1 favorite ?
J'ai toujours supporté le Paris Saint Germain. Je suis parisien, né sur Paris. C'était obligé.
Dans quel club, la formation vous a t-elle été le plus bénéfique ?
Je pense que mes années d'apprentissage à Cannes étaient dingues. D'un point de vue mental ou physique, c'était ce qu'il y avait de meilleur, ce fut formidable pour moi. J'ai beaucoup appris là bas.
Avez vous souffert de cette image de bagarreur que vous aviez durant votre jeunesse ?
Moi je n'en ai pas souffert personnellement disons. Après je sais que cela m'a refermé certaines portes. Je savais que j'avais les qualités pour réussir en France, malheureusement j'ai pas su mettre tout ça en pratique. Une image de « bad boy », en France ça ne plaît pas donc je l'ai payé.
Quel âge avez vous lors de votre départ en Suisse ? Comment est arrivée cette opportunité ?
J'avais 18 ans lorsque je suis parti. A Troyes j'ai joué tout les matchs avec les 18 ans nationaux, mais à cette époque là j'avais le ressenti que je ne pouvais pas espérer jouer plus haut que ce soit avec l'équipe première ou la CFA. Pour les dirigeants aussi, peut être que je n'avais pas à ce moment là les qualités nécessaire pour ne serait-ce que m'entraîner avec eux. J'ai eu alors un contact en Suisse qui m'a proposer d'aller en Suisse et j'ai dis pourquoi pas. J'avais peur de me retrouver sans rien à la sortie de cette année là alors j'ai sauté sur l'occasion de tenter une expérience là bas.

Étant donné les divisions (3 et 4) dans lesquelles vous avez évolué en Suisse, la rémunération était de quel niveau ?
La première année quand je suis arrivée en 4ème division, j'étais payé 1200€ . Ensuite lorsque j'ai changé de club au bout de 6 mois, 1500€. Lors de mes changements de club dans ce pays, j'étais à chaque fois mieux rémunéré. J'étais plutôt bien rémunéré étant donné tout les critères de ces divisions et du train de vie suisse.
En Suisse se fût vraiment difficile d'obtenir un contrat professionnel en 2ème ou 1ère division.
Après avoir stagné dans ces divisions inférieures suisse, avez-vous pensez a arrêter le football dans le but de faire carrière ?
Non, j'ai pas pensé une seule fois arrêter le football. J'étais persuader que j'avais les qualités pour pouvoir être footballeur professionnel.
Je suis un fou de football, un acharné. Je regarde même les matchs de national de D2 ou D1. Lorsque je regardais ces matchs là je me disais que j'avais le niveau pour jouer. J'avais des amis qui joué qui avait un niveau similaire au miens et à force de travail ils ont réussi à être en première ou seconde division en France. Je me disais que moi aussi, si je travaille je peux y arriver.
Que retiendrez-vous de cette expérience en Suisse ?
Il faut savoir qu'en Suisse il est très difficile de percer. Je trouve encore plus quand on est étranger. J'avais l'impression que nous étions sous côté par rapport aux suisses pour une même performance. Ils privilégient à tord ou à raison les joueurs suisses.
Comment s'est déroulé votre arrivée en Belgique ?
C'est grâce à une connaissance que je suis arrivée en Belgique. Il m'a appelé un jour et m'a dit qu'un club (Virton) recherché un attaquant de mon profil. J'ai donc sauté sur l'occasion, cela m'offrais un nouveau challenge. L'adaptation a été plutôt bonne, j'ai côtoyé Thomas Meunier là-bas. Ensuite il y a eu l'opportunité Charleroi, qui été en deuxième division belge et qui n'avait rien à faire si bas pour un club de se standing en Belgique.
A Charleroi c'était super. Ce fut un véritable cap dans ma carrière. Grâce au partenariat entre le LOSC et Charleroi, nous nous entraînions dans les installation de Lille, c'était idéal.
La Belgique c'est mon 3eme pays.

Vous avez connu votre première montée et votre premier titre à Charleroi ?
Oui cette année là on réussi à refaire montée le club grâce à un super groupe. A titre personnel je réalise une bonne saison en marquant 18 buts. Les efforts et la persévérance paient enfin.
Malheureusement dès sa remontée le club de Charleroi vous prête, savez-vous les raisons de ces prêts ? Comment se sont-ils déroulés ?
Ce moment là de ma carrière, je peux m'en vouloir. Bien que je n'étais pas dans les plans des dirigeants à ce moments là, je n'ai pas su assez travailler et me donner les moyens de mes ambitions.
J'ai été prêté d'abord à Westerlow… Et franchement, c'était n'importe quoi. Le passage entre Charleroi à ce club fût un choc d'un point de vue professionnel. Les infrastructures n'étaient pas dignes d'un club professionnel, cela frollait l'amateurisme. J'en garde pas de bons souvenirs. Ensuite à Mouscron c'était plus sympa à tout niveau.
Vous signerez lors de la saison 2014-2015 à Mons, qui finira en dépôt de bilan, comment avez-vous vécu cette saison là ?
C'était compliqué. Psychologiquement c'était très pesant. L'incertitude du lendemain cela fait peur. Mais sportivement s'était tout autre. Les gars et moi nous nous donnions à fond étant donné qu'il fallait se faire « montrer »pour pouvoir être repéré par des clubs pour la saison prochaine. Certains ont réussi à le faire d'autre pas. En tout cas on a donné le meilleur sur le terrain.
Lors du terme de cette saison vous vous retrouvez donc libre, vous tentez le pari de la Roumanie, avez-vous hésité lors de ce choix ?
Oui oui, j'ai beaucoup hésité. On ne peut pas se le cacher ce pays n'a pas une très bonne image dans notre pays. Mais je ne regrette pas ce choix.

Quelles caractéristique à le football roumain ?
Je dirai qu'en Roumanie, c'est un football plutôt physique.
Vous êtes passé du Dinamo au Steaua, deux clubs historiquement rivaux. Ce passage est-il un grand pas fait dans ce championnat ?
Disons que c'est comme de passer en France d'un club qui joue l'Europa League à un autre qui joue la Ligue des Champions. Le Steaua c'est un peu à moindre échelle, le PSG roumains, c'est le club du pays qui a le plus de moyens financiers.
Étant meilleur buteur de votre championnat actuellement et ayant joué l'Europa League cette année, à quoi aspirez-vous pour la suite de votre carrière ?
Je suis bien où je suis actuellement. J'aimerai pouvoir jouer la Ligue des Champions si c'est avec le Steaua je serais très heureux. Après, le championnat anglais je l'apprécie particulièrement car je pense qu'il me convient en terme de jeu. J'aime aussi beaucoup le championnat espagnol.

Jouer en France vous plairez ?
Biensur j'aimerai beaucoup, mais il faut avoir l'opportunité. Je pense que je l'ai eu et que je l'ai pas saisi par le passé c'est dommage. En tant que supporter du PSG je n'ai jamais voulu aller au Parc des Princes tant que ma carrière n'est pas terminé. Mon rêve est de pouvoir y aller la première fois pour y jouer. Fouler cette pelouse. Tant que je peux jouer je n'irai pas au Parc des Princes.
J'aimerai montrer à ceux qui n'ont pas cru en moi, de quoi je suis capable. J'ai cette envie de revanche avec le football français.
Êtes-vous en contact avec d'autres clubs que le vôtre à l'heure actuelle ?
Non absolument pas actuellement. Je donne le meilleur ici en Roumanie, et nous espérer faire de bons résultats afin de pouvoir jouer la Ligue des Champions.
Votre plus grande fierté sportivement ?
La montée en D1 avec Charleroi et le fait de terminer meilleur buteur du club fût une grande étape dans ma carrière. Mais le match remporté face à la Lazio Rome fût très fort à vivre.

Avez-vous des regrets ?
Ne pas avoir su mettre un coup parfois comme il le fallait et de ce fait m'être reposé sur mes lauriers. Le travail a manqué par moment et c'est dommage. J'aurai aimer percer en France et montrer l'attaquant que je suis aujourd'hui.
Êtes-vous attiré par des championnats dit « exotiques » ?
Sincèrement, je n'ai pas vraiment d'envie de ce genre. Une chose est certaine toutefois, c'est que le Japon est un pays qui m'attire beaucoup. Je ne connais que trop peu le championnat japonais, mais en terme de culture le Japon m'intéresse vraiment. Peut-être que cela à commencer en regardant Olive et Tom.
Quel adversaire vous a le plus impressionné ?
Face à la Lazio, Ciro Immobile était incroyable. Il faut le voir sur le terrain, voir ses appels, ses déplacements. C'est impressionnant, on ne se rend pas toujours compte devant notre télé.
Quelle est la meilleure ambiance que vous ayez connu ?
Je pense que c'est à Charleroi. Les supporters étaient chaud, c'était très motivant.
Quel défenseur vous a posé le plus de problèmes lors d'un match ?
Je pense que c'est le défenseur actuel de Galatasaray. C'est un Néerlandais, il s'appelle Ryan Donk. Je me rappelle lorsque j'ai pu l'affronter quand il jouait à Bruges, il m'a bien embêté.

Crédit: Sport Foot Magazine
Pour finir quel est le meilleur coach que vous avez eu ?
Felice Mazzu. Il est l'actuel entraîneur de Charleroi. C'est un homme qui quand il gère son groupe, garde un œil sur la totalité de son effectif. Il ne met personne à l'écart et il sait donné sa chance à des joueurs que d'autres entraîneurs n'oseraient peut-être pas. C'est grâce à ce genre de personne que la chance peut tomber pour certains. Je garde de très bon souvenirs de cet homme.

Crédit: lavenir.net
Un parcours bien particulier, pas toujours évident, rempli de choix important, Gnohere revient de loin et semble aujourd'hui être devenu un attaquant sur qui l'on peut sérieusement compter au sein de son équipe. L'expérience emmagasinée lors de ces divers passages en Suisse, Belgique et Roumanie ont permit à ce grand attaquant de trouver sa place et de pouvoir disputer l'Europa League avec son club du Steaua Bucarest.
Harlem nous vous remercions de la part de toute la rédaction de WeSportFR et nous vous souhaitons le meilleur pour la suite ainsi que la concrétisation de vos projets futurs. En espérant vous voir sur la pelouse du Parc des Princes au plus vite.
Robin Garnier