Cyclisme

La fête est finie…

Encore une fois, le sport nous a rappelé qu’il était dérisoire face à certains événements. Je devais composer cet édito comme tous les autres. Du second degré, des petites provocations et un montage photo ridicule qui n’amuse que moi. Aujourd’hui il n’y aura rien de tout ça. La fête est finie. Cette fête, c’est celle de Paris – Roubaix. Comme tous les ans, les passionnés de vélo attachent leurs fesses à leur canapé un dimanche après-midi. Des pavés, de la poussière, de la boue, des attaques, des champions et du spectacle.

Oui, mais pas cette année. En 2018 il se passe quelque chose qu’on déteste voir, ou entendre. Un coureur est au sol. La caméra passe rapidement sur lui et on le voit sans mouvement. Il s’agit de Michael Goolaerts, coureur de Vérandas Willems Crelan. Malheureusement, ce jeune homme de 23 ans ne se relèvera jamais. A nouveau, le cyclisme, aussi magnifique soit-il, a pris une nouvelle vie en course. En course, ou à l’entrainement, d’ailleurs.

Pourtant au moment des images, on ne prend pas conscience de la gravité. Une quantité de chutes consécutives sur Paris-Roubaix. Finalement, on a l’habitude, ça fait partie du jeu. Et puis il faut quelques minutes pour que Twitter s’emballe. Le Belge au sol a fait un arrêt cardiaque. Les secours ont recours au défibrillateur et intubation. La course continue malgré tout, « show must go on ». Peter Sagan s’impose, mais très vite les têtes sont ailleurs. La mienne, en tout cas. Les heures défilent dans la soirée de dimanche, on apprend d’abord que le pronostic vital est engagé.

Puis l’équipe du coureur publie un communiqué tardif, peu après 23h : Michael Goolaerts a succombé. Son arrêt cardiaque l’a emporté. C’est trop. Encore une fois, un coureur cycliste meurt sur la route en pleine force de l’âge. Il avait 23 ans, disputait son premier Paris-Roubaix après avoir participé à deux Tour de Flandres. Il aurait dû défiler sur le vélodrome de Roubaix, disputer des quantités de Classiques durant sa carrière, gagner des courses… Malheureusement, il ne prendra plus jamais le moindre départ.

Son nom s’ajoute à celui de Daan Myngheer, décédé en 2016 sur le Criterium International, d’un arrêt cardiaque également. Dans l’histoire récente, si cela est incomparable avec Antoine Demoitié, tué par une moto, ou Michele Scarponi, mort à l’entrainement, la tristesse, elle, est tout à fait semblable. Je vomis les médias qui font leur moisson de clics, d’audience, en montrant à plusieurs reprises les images de Goolaerts sur le bord de la route. Ce n’est sans doute pas le moment opportun de dénoncer ce genre de pratiques, mais voir ce type de séquences à répétition est insupportable.

Rangez vos photos, rangez vos vidéos. Et quand bien même, ayez s’il vous plait la dignité de garder vos images dans vos archives. Respectons la famille, les amis, l’équipe, et tous les fans de cyclisme, auxquels j’adresse toutes mes condoléances. Aucun cycliste ne devrait perdre la vie sur son vélo. Michael Goolaerts est décédé ce dimanche 8 avril 2018. Il avait 23 ans. Nous avons vibré au pédalage d’un champion du monde, hier après-midi. Aujourd’hui, nous pleurons un champion sous les hommages du monde.

Michael Goolaerts (Vérandas Willems Crelan) nous a quittés hier soir, après une crise cardiaque pendant Paris-Roubaix.

Je ne sais pas qui attaque le plus entre Pierre Rolland et Rafael Nadal. Je ne sais pas qui monte le mieux entre Chris Froome et Ivo Karlovic. Je ne sais pas non plus qui cumule le plus de revers entre Stan Wawrinka et Nacer Bouhanni. Je n'ai jamais su choisir entre le tennis et le vélo. Mais ce dont je suis sûr, c'est que je n'ai percé dans aucun de ces deux sports.

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