Leicester City : la fin ne justifie pas les moyens…
Leicester a peut-être l’un des projets les plus attrayants, l’un des plus prometteurs et peut-être même le plus prometteur de Premier League. Mais paradoxalement c’est comme si le compte de fée avait commencé par « et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants… » Effectivement, après avoir touché les étoiles en 2016, les Foxes n’ont pas réussi à rester dans le haut du tableau. Mais il est toutefois impossible de ne pas apercevoir une forme de progression. Neuvième la saison dernière, Leicester est aujourd’hui troisième avec quatre points de retard sur le dauphin de Liverpool. Est-ce une surprise ? Non. Une confirmation ? Non plus. Cette saison semble avoir en fait des allures d’une simple étape dans un projet ambitieux pour le moment réussi. Retour sur une année folle, pleine de rebondissements avec Leicester City France, club de supporter officiel des Foxes sur Twitter. Les performances de Jamie Vardy, celles de Caglar Söyüncü, les choix de Brendan Rodgers, le prochain mercato… Flo nous livre ses ressentis avec beaucoup de passion.
Une saison « prodigieuse »
« Tous les sentiments guerriers viennent d'ambition, non de haine » expliquait Émile-Auguste Chartier. Ce magnifique proverbe pourrait représenter la saison de Leicester. Non, les Foxes n’ont jamais manqué d’ambition. Et oui, ce sont bien des guerriers que l’on a vu sur les terrains de la Premier League. Actuellement troisième du championnat anglais, les Foxes ont réalisé une excellente saison. 8 défaites en 29 rencontres, 58 buts marqués et une série de 8 victoires consécutives entre novembre et décembre dernier, notre supporter de Leicester n’hésite pas à utiliser un terme bien plus étincelant pour qualifier cette édition 2019/2020. « La saison est prodigieuse et comme nous l’avions annoncé en début de saison. L’objectif était de se frayer un chemin dans le traditionnel BIG 6. Avant le début de saison, nous étions, depuis l’arrivée de Rodgers, la troisième meilleure équipe de Premier League. Le recrutement a été très cohérent, alors oui, l’étonnement est de mise mais nous pouvions nous attendre à une bonne saison. » a lancé Flo.
Auteur d’une surprenante régularité lors de la fin de l’année civile, les hommes de Brendan Rodgers ont enchaîné une nette série de victoires marquées par un historique 9-0 à Southampton. Les Foxes ont pulvérisé les Saints et cette claque restera dans les têtes de tous les amateurs de la Premier League puisqu’elle est la plus lourde à l’extérieur depuis la création de l’élite anglaise en 1888. Cette série a aussi été marquée par un retournement de situation totalement fou face à Everton. Menés 1 but à 0 à l’heure de jeu sur leur pelouse, l’ancien entraîneur de Liverpool a décidé de faire rentrer Kelechi Iheanacho, un attaquant supplémentaire pour pousser les Foxes vers la victoire. Le Nigérian a d’abord délivré une passe décisive quelques minutes après son entrée avant de trouver le chemin des filets dans le temps additionnel. Un but tellement important pour Leicester mais aussi pour le Nigérian qui n’avait alors plus marqué en Premier League depuis le 22 septembre 2018… Quel moment a procuré le plus d’émotions ? « C’est celui de la victoire face à Everton. La renaissance de Iheanacho et la VAR qui confirme le but. Le 9-0 était incroyable oui mais l’émotion autour de cette victoire face aux Toffees… C’est ici qu’on a vu la fraternité du groupe, et qu’il pouvait aller loin. » a expliqué le supporter des Foxes.
Cette série a porté Leicester vers le sommet puisqu’ils étaient à ce moment-là deuxième du classement. Après quelques mauvaises performances notamment face à Burnley ou encore face aux Canaries, les hommes de Brendan Rodgers sont désormais troisièmes à quatre points et un match en plus avec Manchester City, dauphin des Reds, et à cinq points pour autant de rencontres avec Chelsea. Des résultats qui permettent d’affirmer que la région des Midlands de l'Est a de fortes chances d’accueillir la Ligue des Champions la saison prochaine.
Les parcours en Coupe sont les uniques bémols et encore une fois le mot est dur, très dur. Mais après un très beau parcours en Carabao Cup avec un turnover intéressant, les Foxes sont tombés face à Aston Villa. Il n’aura manqué que la lucidité qui aurait envoyé les coéquipiers de Jamie Vardy à Wembley. Cette défaite a surement laissé un goût amer dans les bouches des supporters même s’ils devraient très vite le digérer avec l’aventure pour le moment sans faute en FA Cup. En battants Wigan, Brentford et Birmingham, les Foxes essayeront de s’offrir une place en demi-finale au King Power Stadium en tenter de battre Chelsea. Il faudra prier pour que l’émancipation du coronavirus devienne de moins en moins importante et permette ainsi la reprise des compétitions du ballon rond.
Un nouveau leader derrière et un nouveau Vardy devant…
40%. Voici le taux de pourcentage de l’implication de Jamie Vardy dans tous les buts de Leicester cette saison. L’attaquant des Foxes a une nouvelle fois été stratosphérique. Actuel premier au classement des buteurs avec 19 réalisations en Premier League, Vardy a montré cette saison un tout nouveau visage. La lucidité ? Il l’a puisque 60% de ses tirs sont cadrés. La régularité ? Aussi. Il y a 73% de chance que le numéro 9 marque lorsqu’il est sur la pelouse. Le supporter de Leicester explique ce qui a changé. « Jamie Vardy a été littéralement transformé. Puel a dû parfaire sa formation mais Rodgers lui a donné un vrai rôle. Il reste toujours devant, mais il est plus latéral qu’avant. De plus, son jeu collectif s’explique par le placement des autres. Avant, Okazaki était en retrait et Albrighton et Mahrez bien plus bas. Désormais, Maddison, Pereira, Chilwell, Barnes où Pérez sont vraiment proches de lui, il a donc davantage de solutions. » a-t-il lancé lors de notre entretien. Un changement de « rôle », pour reprendre le terme de Flo, qui explique donc les 6 passes décisives du buteur toutes compétitions confondues. Des statistiques intéressantes surtout que Vardy fait moins de passes par match que les années précédentes. Une expérience redoutable, un rôle de leader, l’Anglais de 33 ans a réussi à briller en faisant briller ses coéquipiers.
Mais si Leicester continue d’impressionner devant, elle semble avoir trouvé un nouveau leader derrière. Caglar Söyüncü a été lui aussi énormissime et a réalisé des performances qui le place sans aucun doute dans le sac des meilleurs défenseurs de la saison. Ses performances ont largement permis de pallier le départ d’Harry Maguire. Peut-être même qu’il apporte quelque chose en plus. « Söyüncü impressionnait déjà la saison dernière. Malgré ses maigres 8 matchs de PL, j’ai le souvenir d’un seul match moyen, les autres étaient vraiment bons. » a expliqué Flo avant de le comparer à l’actuel défenseur central de Manchester United : « Il a de plus de Maguire la vitesse, la réactivité et le leadership. Maguire savait davantage se placer, était plus régulier et ne manquait pas de poigne mais Söyüncü apporte quelque chose de différent, de plus, il est techniquement meilleur. Il faut qu’il soit un peu plus régulier, comme l’a été Evans cette saison, il a quelques absences par endroit, c’est la raison pour laquelle je le mets derrière Evans, la régularité est la clé pour un défenseur, et c’est le domaine où il peut progresser. »
Un autre homme a aussi étonné par ses choix tactiques concluants et sa vision du jeu. Brendan Rodgers a donné un nouveau visage à Leicester en se basant sur un système : le 4-1-4-1 et une colonne vertébrale très importante formée de Kasper Schmeichel, de Söyüncü, de Ricardo Pereira, de Wilfred Ndidi plus qu’indispensable à l’équilibre de la tactique Rodgers, et de Jamie Vardy. Les autres talents et cadres apportent le plus à ces cinq joueurs plus qu’essentiels au bon déroulement d’une rencontre. Il a été intéressant que l’ancien tacticien des Celtics décide de garder le même schéma tactique qu’importe l’adversaire du jour. De Liverpool à Bournemouth en passant par Manchester City, l’entraîneur nord-irlandais a essayé de mettre en place le même plan tactique. Rodgers a tenté d’autres schémas comme le fameux 4-3-3 sans grande réussite. Les Foxes ont aussi été positionnés avec une défense à 3 comme face à Newcastle mais aussi quasiment à 5 sur les phases arrêtées comme l’a témoigné le dernier tête à tête face aux Skyblues de Pep Guardiola. C’est une réussite et Flo le sait !
« L’aspect tactique est important et la transition d’un 4-4-2 « kick and rush » à un 4-3-3 a été bien assumée (essentiellement par Puel). Un joueur comme Ndidi est la pierre angulaire, Leicester n’a presque jamais gagné sans lui depuis 2017. Sa capacité d’élimination est vraiment très importante et permet de casser des lignes. Pereira est aussi essentiel, la montée des arrières est un aspect fondamental du système, ce qui apporte le surnombre. Mais ce schéma tactique a prouvé qu’il avait des limites avec l’absence de certains cadres. Ce qu’on pourrait reprocher à Rodgers, c’est un certain ‘immobilisme tactique’ à certains moments, bien qu’il soit moins flagrant que celui de Claude Puel. Mais globalement, il a tout réussi, l’intégration de Söyüncü, la renaissance de Kelechi Iheanacho et l’adaptation de Barnes, c’est vraiment prodigieux. » assure le supporter de Leicester.
Un avenir (déjà) prometteur…
Comme il l’a expliqué un peu plus haut, Flo est conscient que le projet va de l’avant et que l’avenir de Leicester est très prometteur. Mais avant de voir plus haut, trop haut peut-être, le supporter des Foxes a tenu à rappeler que le but est d’intégrer le TOP 6 de manière durable. « Le Top 6 est un objectif atteignable, cela dépendra aussi du projet des autres comme Arsenal, West Ham, Everton, les Wolves ou Newcastle. Mais quoi qu’il arrive, l’objectif de s’installer dans les places européennes est atteint, reste à le pérenniser. Mais pour l’instant, c’est sûr la bonne voie. » a lancé le CM de Leicester France.
« Maddison est un excellent joueur mais, comme pour Chilwell, ils ne sont pas irremplaçables »
Pour cela, les dirigeants de Leicester devront travailler d’arrache-pied pour ne pas perdre leurs joueurs. L’objectif est de rivaliser avec les plus grands et de remporter la bataille dans de nombreux dossiers comme le clan Pinault le fait actuellement si bien pour Eduardo Camavinga avec le Stade Rennais. Plusieurs cadors de l’élite anglais auraient jeté leur dévolu sur quelques talents de Leicester comme James Maddison, déjà promis à un bel avenir du côté de Manchester United selon certains médias. Monstrueux dans l’entrejeu grâce à sa vision de jeu, ses frappes de loin mais aussi sa détermination, l’ancien joueur de Norwich pourrait donc déposer ses valises loin de Leicester dès juin prochain. Mauvaise nouvelle ? Oui et non pour Flo qui assure qu’il n’est pas irremplaçable. « Maddison est un excellent joueur mais, comme pour Chilwell, ils ne sont pas irremplaçables. Praet assume bien ce rôle même s’il sera impératif de combler son absence si départ-il y a. Maddison peut réaliser des performances extraordinaires mais peut passer complètement à côté, cependant, Pereira, Ndidi ou Vardy sont irremplaçables, les autres sont très importants mais peuvent être palliés. » explique le supporter de Leicester. Arrivé lors du mercato estival, James Maddison ne devrait pas aller au bout de son engagement l’emmenant jusqu’en juin 2023. Une perte qui pourrait rapporter au moins 50M€ si on se tient aux dernières rumeurs autour de ce dossier. Le supporter des Foxes a d’ailleurs donné son point de vue sur le prochain mercato. « Ma réflexion a changé lors de ces derniers mois, il paraissait évident que Leicester devait se renforcer en attaque il y a quelques mois de cela, mais ça ne l’est plus. Barnes est en feu, Vardy n’en parlons pas. Mais Pérez, malgré de bonnes stats, il manque d’impact dans le jeu. En ce qui concerne la défense, Chilwell doit être remplacé ou alors, tactiquement, il faut compenser son manque de niveau défensivement. Je partirais donc, sans départ majeur, sur un ailier droit et un latéral gauche, c’est tout ce dont il nous faut… » a-t-il lancé. Annoncé du côté de Chelsea lors du dernier mercato hivernal pour 80M€ selon la presse anglaise, Chilwell ne devrait finalement pas prendre la direction de Londres. Les Blues se seraient finalement positionnés sur des dossiers moins coûteux comme celui d’Alex Telles.
Selon les informations du journal L’Équipe, reprises ensuite par les médias britanniques, Leicester posséderait le dixième plus gros budget de Premier League. Presque quatre fois moins important que celui de Manchester United, trois fois que Manchester City ou deux fois moins que Tottenham, le porte-monnaie de Leicester semble être géré à la perfection. Les dépenses sont réfléchies et cette sérénité financière semble se retrouver sur le terrain. Les problèmes économiques ne devraient pas arriver de sitôt au vu de la qualification en Ligue des Champions mais aussi les droits TV habituels. Après son titre de champion désormais légendaire, Leicester montre une ambition cohérente avec le projet sportive mais paradoxalement contradictoire avec la tirelire du club. Une réussite qui prouve bien que si le clan Aiyawatt Srivaddhanaprabha réussit à obtenir plus de moyens, le club pourrait tout simplement s’envoler. Reste à savoir si cela permettra de reproduire le parcours historique de 2016. De toute manière, pour le supporter de Leicester, l’équipe actuelle est déjà meilleure que celle du titre. « Cette équipe est plus forte car elle est plus consistante ! L’équipe du titre était : 11 hommes et 3 remplaçants. Là, on sent que tout le monde est impliqué, et ce n’est pas juste du kick and rush. Il y a réellement une volonté de construire. Les joueurs sont techniquement meilleurs, cependant, le collectif est moins évident que l’équipe du titre. Il y a aussi moins d’individualités et cette saison est un tout collectivement parlant, il n’y a pas juste de Vardy-Mahrez-Kante. » a lancé Flo lors de notre interview.
Après toute cette analyse, on a presque envie de conclure par : « On ne prend pas les mêmes et on recommence ! » Mais cette affirmation serait trop rapide. Le travail du board du club va finir par payer. Malgré de nombreux départs, l’ambition de Leicester semble ne pas du tout s’être envolée. Il faudra prendre son temps et amener ce projet au sommet étape par étape. Oui, il ne fait aucun doute que les Foxes veulent aller plus loin et ne pas se contenter d’un Top 6 toutefois déjà très alléchant. Le renard compte bien une nouvelle fois dompter le lion de la Premier League. L’ambition est énorme pour ces jeunes soldats. Mais avec ce projet-là, le rêve est évidemment permis. Avec ce projet-là, Leicester pourrait bien vite, très vite intégrer le Top 6 du championnat anglais. Et enfin, avec ce projet-là, il devient évident que la fin ne justifie pas les moyens…
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