Mercredi soir, l’Olympique Lyonnais s’est incliné 2-1 sur 2. Au-delà d’une défaite qui enfonce un peu plus les Gones dans la crise, cette rencontre a été le théâtre de nombreuses failles tactiques côté rhodanien.

 

Pour cette 3e journée de Ligue des Champions, Rudi Garcia opte pour un 4-4-2 inédit. Même choix de dispositif pour Bruno Lage côté benfiquista.

 

Un but annonciateur

Si l’ouverture du score concédée très tôt dans le match par les Lyonnais (4e min) a bien évidemment conditionné la physionomie de la rencontre, elle a également révélé plusieurs points faibles de l’OL.

 

Dès le début de la rencontre, un espace conséquent est laissé à Alejandro Grimaldo (cercle rouge), le latéral gauche du SLB. L’Espagnol est un joueur très adroit techniquement et dotée d’une belle vision du jeu, qui n’hésite pas à quitter son couloir lors des matchs afin d’apporter le surnombre dans l’axe et mettre à profit des qualités qui s’apparenteraient à celles d’un meneur de jeu. Le laisser seul aux abords de la surface, qui plus est dans une position axiale, est donc une énorme erreur de placement défensif de la part des Gones. Un point qui sera l’un des problèmes majeurs pour les hommes de Rudi Garcia.

 

L’arrière-gauche benfiquista est également à l’origine du but des Aigles. Alors que le bloc lyonnais est monté haut, ce dernier est pris à défaut beaucoup trop facilement. Le mauvais quadrillage du terrain par l’OL, notamment Cornet qui oublie son côté, permet au gardien Odysseas (cercle blanc) de sauter aisément la première ligne de pressing et de trouver Alejandro Grimaldo (cercle rouge) qui a tout le temps de contrôler et d’avancer sur le terrain.

 

A la conclusion de l’action, pas moins de six lyonnais sont présents contre quatre joueurs de Benfica. Mais aucun d’entre eux ne prend l’information dans son dos, comme à de nombreuses reprises dans la rencontre, et Rafa (cercle rouge) est complètement esseulé pour ensuite conclure sans soucis.

 

L’occupation du terrain et la présence dans l’entre-jeu

Le milieu de terrain a assurément été le problème majeur de l’OL. Seuls dans l’axe pour assurer la couverture ainsi que le lien entre la défense et l’attaque, Lucas Tousart et Houssem Aouar ont littéralement sombré en première période.

En phase défensive, le placement des Lyonnais particulièrement hasardeux a laissé au SLB tout le loisir de mettre en place des combinaisons et des jeux en triangle. A cela s’est ajouté un manque d’intensité notable dans les interventions et le repli défensif.

 

On retrouve bien souvent Alejandro Grimaldo (cercle rouge) laissé seul sur ces séquences, une grave anomalie étant données ses qualités précédemment énoncées. Sur la première image ci-dessus, l’Espagnol est extérieur au jeu en triangle mais démarre doucement un appel sur son couloir, dans le dos d’un Maxwell Cornet qui ne prend pas l’information, car il anticipe la réception du ballon par Gedson Fernandes (cercle orange) et sa position axiale, favorable à un renversement du jeu.

Dans l’axe, Houssem Aouar a un temps de retard sur Thomas Tavares (cercle blanc) qui transmet le ballon à Haris Seferovic, ce dernier remisant sans soucis sur Gedson Fernandes (cercle orange). Lucas Tousart est quant à lui piégé par ce jeu en triangle.

 

Ici, Grimaldo participe directement à ce nouveau jeu à trois. En possession du ballon, Gabriel a tout le loisir de trouver Cervi (cercle blanc), esseulé dans l’axe à cause d’une mauvaise couverture lyonnaise. L’Argentin oriente ensuite le ballon vers Grimaldo (cercle orange), qui se retrouve dans une position confortable dû à la gestion approximative de cette séquence par l’OL.

Tout d’abord, Cervi (cercle blanc) attaque la profondeur dans le dos de Léo Dubois (cercle noir) pour offrir une solution à son coéquipier. Cet appel empêche le Lyonnais de véritablement monter sur le porteur de balle, car il laisserait le feu follet du SLB libre dans son dos, ce dernier ayant largué Lucas Tousart. Grimaldo (cercle orange) dispose donc d’un temps relativement conséquent pour analyser la situation et remarquer la présence de Gedson Fernandes (cercle rouge) seul dans l’axe, laissé libre par Marcelo (cercle bleu) qui compte plusieurs mètres de retard.

 

Au-delà d’une vulnérabilité sur les jeux en triangle dans des périmètres relativement restreints, le 4-4-2 lyonnais a laissé beaucoup d’espaces entre les lignes.

 

Gabriel (cercle rouge) a ici tout le temps de se positionner dans le camp lyonnais pour offrir une ligne de passe simple et dégagée à Ruben Dias, la faute en partie au placement étrangement bas de Maxwell Cornet (cercle bleu).

 

On retrouve sur cette séquence ce même Gabriel, ici en possession du ballon. Encore une fois, la couverture de l’axe par l’OL est désastreuse, Fernandes (cercle orange) et Grimaldo (cercle rouge) étant libres de tout marquage au milieu du terrain. Dans le même temps, Tavares (cercle blanc) se fait oublier sur son couloir droit et anticipe un renversement du jeu.

C’est Grimaldo (cercle rouge) qui hérite finalement du ballon et met ses qualités de passeur à profit pour trouver Tavares (cercle blanc), seul sur le côté droit. Ce dernier a donc tout le temps pour ajuster un centre à Seferovic (cercle noir), libre de tout marquage entre l’entrée de la surface de réparation et le point de penalty.

 

Alejandro Grimaldo a posé de nombreux soucis à l’OL mardi soir, bien aidé par un quadrillage lyonnais désastreux et les nombreuses solutions qui en découlent. Ici, Fernandes (cercle rouge) compte plusieurs mètres d’avance sur Aouar (cercle bleu) dans l’axe, tandis que Florentino Luis (cercle blanc) rejoint lui aussi le cœur du jeu pour apporter le surnombre.

Mais si l’OL a eu énormément de mal à occuper correctement l’axe du terrain en phase défensive, le problème fut semblable en possession du ballon.

 

Dans un dispositif dont ressortait un manque criant de maîtrise, aussi bien collective qu’individuelle, le placement et les solutions proposées par Tousart et Aouar ont clairement été le point noir de la première période lyonnaise. Si le second cité a qui plus est subi un marquage particulièrement serré, Lucas Tousart a lui souffert de ses qualités techniques limitées.

Sur la séquence ci-dessus, et comme à plusieurs reprises durant la rencontre, il a été servi dos au jeu. Sous la pression adverse, ici celle de Gabriel (cercle blanc), Tousart a été contraint de reculer balle au pied, élargissant les failles dans l’entre-jeu, et de la passer à Léo Dubois. Sur cette phase de jeu apparaît alors un véritable no man’s land, ce qui oblige le latéral lyonnais à essayer de trouver directement Moussa Dembélé aux avant-postes. Mais Florentino Luis (cercle rouge), réputé pour ses qualités défensives en tant que sentinelle, lit sans aucun soucis la ligne de passe et intercepte le ballon, disposant ensuite d’un large champ d’action dans l’axe du terrain.

 

Un bloc de Benfica bien organisé

Au 4-4-2 mal géré s’est ajouté un adversaire très discipliné tactiquement. En prenant rapidement l’avantage au score, Benfica a pu s’appliquer dans la constitution de son bloc et limiter les solutions de passes offertes au porteur de balle lyonnais.

 

Ici, les seuls circuits de passes courtes sont entre les défenseurs centraux et les latéraux. Les milieux de terrain et les attaquants lyonnais sont tous pris au marquage, et manquent cruellement de dynamisme dans leurs mouvements.

 

Houssem Aouar a notamment été identifié, à juste titre, comme le détonateur de l’entre-jeu des Gones et a souffert d’une surveillance rapprochée. Bien couvert par Florentino Luis (cercle rouge), il a parfois été cadré très bas sur le terrain, comme le montre l’agressivité de Pizzi sur la seconde image.

 

Le bloc du SLB a obligé Houssem Aouar (cercle bleu) et Lucas Tousart à décrocher bas sur le terrain. Mais tandis que l’orientation du jeu à partir d’une position basse n’est pas le point fort du numéro 29 lyonnais, la présence des deux joueurs aux cotés de leurs défenseurs supprime logiquement la possibilité de trouver un éventuel relais au milieu de terrain (voir deuxième et troisième image). Encore une fois, cela a poussé les latéraux vers du jeu long (voir deuxième image).

 

Un jeu long qui n’était assurément pas la solution pour prendre à défaut Benfica, d’autant plus lorsqu’il est mal exécuté. Sur cette séquence, Léo Dubois est en possession du ballon et peut servir Maxwell Cornet (cercle bleu), afin que ce dernier joue un rôle de relais pour transmettre à Memphis. Mais au lieu de cela, le latéral de l’Equipe de France tente de trouver directement le Hollandais via une transversale hasardeuse, parfaitement couverte par Grimaldo.

D’une façon générale, le côté droit couvert par Marcelo, Léo Dubois, Lucas Tousart et Maxwell Cornet a été en proie à d’innombrables difficultés mercredi soir.

 

L’entrée salvatrice de Thiago Mendes

Dix minutes après le début d’une seconde période où l’OL montrait plus de dynamisme face à une équipe de Benfica qui peinait à conserver un bloc compact, l’entrée en jeu de Thiago Mendes (56e min) à la place de Martin Terrier a confirmé cette tendance.

 

Placé sur la gauche du 4-4-2 à la place de Terrier après l’entrée en jeu de Mendes, Aouar (cercle bleu) ne s’est pas contenté de rester dans son couloir. L’international espoir a régulièrement dézoné pour apporter de la présence dans l’axe, offrant davantage de solutions au porteur de balle, et notamment entre les lignes.

 

Aouar a parfois été accompagné par Memphis qui, contrairement à son attitude en première période, n’a pas hésité à appeler le ballon plus bas sur le terrain. Ce surnombre a alors mis en difficulté Benfica, et a offert à l’OL de nombreux circuits de passes courts, dont des jeux en triangle.

 

Dès son entrée, Mendes (cercle bleu) a endossé le rôle souvent assumé par Tousart en première période en recevant de nombreux ballons dos au jeu. Mais le Brésilien dispose d’une vision du jeu et de qualités techniques supérieures à celles de son coéquipier, et n’a pas eu de soucis à se retourner ou à jouer intelligemment en première intention.

De son côté, Tousart a pu profiter de la présence de Mendes et de l’apport d’Aouar dans l’axe, malgré son poste plutôt à gauche, pour s’atteler à un rôle de sentinelle devant la défense et apporter plus d’équilibre au groupe lyonnais.

 

Mais les hommes de Rudi Garcia ont manqué de justesse technique aux abords de la surface de réparation pour asseoir véritablement leur domination, à l’image d’une prestation cataclysmique de Bertrand Traoré, entrée en cours de jeu. Nombreux ont été les centres mal ajustés et les dribbles mal exécutés.

 

Sans le ballon, l’organisation de l’OL a également été meilleure en seconde période. Nettement plus dynamiques, appliqués au marquage et agressifs sur le porteur de balle, les Lyonnais étaient organisés en 4-2-3-1 lors des possessions benfiquistas, Aouar occupant alors pleinement son couloir gauche.

Ce dispositif a permis à l’OL de régulièrement couper toutes les lignes de passes. Sur la seconde image, Aouar (cercle noir) bloque une éventuelle transmission du ballon vers Pizzi (cercle rouge), tandis que Traoré (cercle bleu) et Denayer (cercle blanc) suivent leurs adversaires directs de près.

 

Suite à l’égalisation logique de Memphis, Benfica a eu du mal à attaquer de manière coordonnée face à un bloc lyonnais bien organisé. En témoigne cette séquence où le SLB est littéralement coupé en deux.

 

Malgré cela, de nombreux défauts ont continué d’entacher la prestation des Gones dans le second acte. Lors des phases de transition notamment, l’OL s’est parfois laissé surprendre défensivement en laissant des espaces dans l’axe, comme ici avec Pizzi (cercle rouge) libre de tout marquage et qui verra sa frappe heurter le montant d’Anthony Lopes.

A la récupération du ballon, le groupe lyonnais a souvent manqué de vitesse dans sa projection vers l’avant pour prendre à défaut Benfica.

 

Si la seconde période a apporté une touche méliorative à la copie rendue par l’OL, Rudi Garcia ne devra pas occulter de son esprit la première mi-temps exécrable de son groupe. Au milieu d’une crise qui s’aggrave au fil des semaines, cette rencontre face à Benfica a fourni de nombreux enseignements sur les capacités de l’effectif lyonnais. Au staff d’en tirer les bonnes conclusions.