A bientôt 37 ans, il a dompté tous les superlatifs. Ses exploits, ses records, sa constance dans l’excellence, sa longévité au plus haut niveau, sa sempiternelle prestance sur les pistes font de lui un mythe absolu, une icône inénarrable dans le sport en général et la Formule 1 en particulier. Et pourtant, Lewis Hamilton est un mortel comme nous. Ces moments d’anthologie qui ont fait de lui une sommité.

Australie 2007,

Une première pour l’histoire. Pour toute recrue, la première course en carrière en F1 est une étape difficile puisqu’on l’aborde avec pléthore d’appréhensions. Et si cette première doit rimer avec une course aux côtés d’un nom de la discipline, on a tôt faire de se laisser tétaniser par l’enjeu. Et pourtant, Lewis Hamilton fera de cette première de tous les dangers une quasi-banalité. Comme si c’était sa tanière et un peu comme l’intrus qui a toujours connu la maison et ses moindres rebords, il termine 3e de son premier grand prix au terme d’une course fignolée avec brio et conduite avec la clairvoyance d’un futur grand. Il se permettra même le luxe de dépasser sur la piste et ce pour un bon moment, le monstre d’antan Fernando Alonso, son coéquipier à l’époque alors qu’il n’était que quatrième à l’entame de la course. L’exploit était retentissant et portait déjà les prémices d’un cheminement royal.

Grande-Bretagne, 2008

Sous une pluie battante et devant nombre de ses fans venus le porter au firmament, Hamilton prit le départ de la quatrième position à Silverstone. Ce classement a priori désavantageux n’empêchera pas le britannique sur ses terres de déposer chacun de ses adversaires et de les retourner à leur cours.
Tour à tour, Mark Webber, Kimi Raikkonen et son coéquipier Heikki Kovalainen vont subir la foudre et la furia d’un Hamilton plus grandiloquent que jamais et qui ce jour-là établit un chrono mémorable. Pas moins d’une avance de 68 secondes sur ses challengers. Il s’agit là de la plus grande marge de victoire au cours des 15 dernières années.

Bahreïn, 2014

Auréolé de ce titre à l’indélébile sceau glané avec McLaren en 2008, Hamilton décide pourtant de rejoindre Mercedes cinq ans plus tard. Il y rejoint Nico Rosberg, son futur principal répondant sur le circuits qui lui sortait de quelques années d’âpre lutte et d’adversité avec deux autres caciques : Fernando Alonso et Jenson Button. Rosberg que d’aucuns voyaient dans les différentes confrontations qui les opposeront comme le plus faible s’est cependant avéré être un adversaire coriace et le Grand Prix de Bahreïn en 2014 en fut l’illustration la plus expansive. Englués dans une lutte sans merci pour le titre mondial, un duel qui à des moments donnés a pris des allures d’affaire personnelle, les deux pilotes ont offert l’une des luttes les plus marquantes du XXIe siècle en se dépassant l’un et l’autre à plusieurs reprises. Hamilton a finalement triomphé par un peu plus d’une seconde d’avance. Il s’agissait-là d’une deuxième victoire consécutive pour le british en autant de courses face à son coéquipier allemand.

Italie, 2017

En 2017, Hamilton a apprivoisé le premier de ces records perçus jusque-là comme quasi inaccessibles d’un certain Ralf Schumacher. En décrochant une 69e première place en carrière, Hamilton décuple davantage son étoffe. L’histoire retiendra que c’est sur le mythique tracé italien de Monza que le britannique a mis l’histoire à ses pieds. Cette journée avait pourtant débuté de façon commune alors que la séance de qualifications avait été frappée par de fortes pluies automnales. Un drapeau rouge causé par l’accident de Romain Grosjean pour aquaplanage avait d’ailleurs forcé un report de plus de deux heures. Sous une pluie diluvienne, Hamilton a su tirer son épingle du jeu pour faire un tour plus rapide que Max Verstappen et Daniel Ricciardo, qui ont toutefois été pénalisés. Le lendemain, le pilote Mercedes a filé vers une victoire facile, sa 59e en carrière. Rien que ça !

Portugal, 2020

Au fil des années, Hamilton a su tenir à distance de féroces compétiteurs pour remporter 92 victoires, désormais une de plus que «Schumi». Le pilote alors âgé de 35 ans a notamment tenu à distance l’Allemand Sebastian Vettel, qui est lui aussi du top 3 pour les gains, avec 53. Outre Max Verstappen son ennemi juré sur les dernières années, son autre rival sur les circuits est son coéquipier Valtteri Bottas, qu’il a réussi à contenir lors du retour surprise du Grand Prix du Portugal. Parti premier pour une 97e fois, Hamilton a mené la majorité des tours sur le superbe circuit d’Algarve avant de partir franchir sereinement et sans forcer son talent la ligne d’arrivée devant Bottas et Verstappen. Avec ce nouveau succès, le vétéran est en excellente position pour venir jouer, une fois de plus, dans les plates-bandes de Michael Schumacher.

Sao Paulo 2021,

Novembre 2021. Pourtant parti en 10e position sur la grille après une pénalité, le septuple champion étonnera une fois de plus tout son monde et prouvera comme si besoin en était encore que les exploits et lui, c’est une idylle sur laquelle les contingences de quelques ordres n’ont aucune prise. Hamilton signe pour l’occasion le 101e succès de sa carrière en formule 1, son sixième en 2021. Il a aussi et surtout pu réduire l'écart au championnat sur Max Verstappen (Red Bull-Honda) à 14 points, alors que trois courses restent à disputer. Le Néerlandais a terminé 2e devant Valtteri Bottas (Mercedes).

Hamilton : comment tout a commencé ?

Âgé de seulement 6 ans, le jeune Lewis se voit offrir un karting par son père. Il se découvre alors une vive et incandescente passion pour les sports mécaniques et participe à sa première course à l'âge de 8 ans. Un an plus tard, il s'entretient avec le directeur de Mc Laren et lui fait part de sa grosse envie de conduire pour son écurie. Une précocité déconcertante. Il signe quelques années plus tard un contrat avec Mc Laren à seulement 13 ans, devenant ainsi le plus jeune pilote à signer chez une écurie de F1. Après, tout va s’enchaîner. Les résultats du jeune Lewis sortent très vite de terre. En 2000, il devient numéro un mondial de karting alors qu'il n'a que 15 ans. En 2003, il remporte le championnat britannique de Formule Renault. En 2004 et 2005, il participe au championnat F3 Euroseries, et remporte le titre en 2005. Il est ensuite sacré champion de GP2 en 2006.
C’est en 2007 qu’il effectue enfin ses débuts en Formule 1. Et pour une première, il plaça la barre très haut.
Au terme d’une saison exceptionnelle, pleine d’émois et de rebondissements, le britannique termine vice-champion du monde, à seulement un point du Finlandais Kimi Räikkönen. L'année suivante, il est enfin sacré champion du monde. Il devient ainsi le plus jeune champion du monde de l'histoire de Formule 1 à 23 ans, 9 mois et 26 jours. Ce record sera battu en 2010 par Sebastian Vettel.

Un champion sur et en dehors des pistes,

Figure de proue du monde sportif du Black Lives Matter entre autres, Lewis Hamilton n’est pas seulement adulé pour ses exploits sportifs sur les circuits de Formule 1. En dehors et en l’occurrence sur l’égalité des droits, les mouvements sociaux, les revendications écologiques, la star de l’écurie Mercedes est aussi un militant convaincu et très épris des causes sociétales. Interrogé par Sky Sport, Lewis Hamilton a donné ses motivations, expliqué sa philosophie en prenant comme exemple l’état d’esprit qui l’a habité lors d’un épisode de sa vie avec le regretté Niki Lauda. « C'est à moi de fixer les limites, les frontières, jusqu'où je peux aller »
« Ce n'est pas facile de suivre tous mes intérêts. Les gens essaient de faire croire que c'est facile, mais pour moi, ce n'est pas facile du tout. J'ai une superbe équipe avec moi et je pense que j'ai plus d'engagements que n'importe quel autre coureur. Trouver le bon équilibre est la chose la plus difficile, parce que ce n'est jamais agréable quand les gens disent : “Tu as mal couru, parce que tu étais distrait par toutes ces autres choses”. C'est un moyen très facile pour les autres de vous attaquer, mais dans ma carrière, j'ai surmonté plusieurs situations de ce genre. Par exemple, lorsque j'étais à New York pour un défilé de mode et que j'ai pris l'avion directement pour la piste. Même Niki Lauda m'a dit : “Tu ne peux pas faire ça”, mais ensuite j'ai fait ce tour en qualification, brisant le moule, et tout le monde a dit : “Ah, donc tu peux faire ça !”. C'est le but : il faut sortir des sentiers battus. Je ne pourrais pas faire toutes ces choses si je n'étais pas un pilote de course. C'est à moi de fixer les limites, les frontières, jusqu'où je peux aller. Je sais que je ne peux pas faire des folies tard le soir, aller à des fêtes et tout ça… Petit à petit, je suis devenu plus fort, quand j'avais de l'espace, j'ai commencé à faire des choses plus intéressantes. Mais quand ça commençait à être trop, je pouvais déléguer à mon équipe. C'était ma stratégie ». a confié Lewis Hamilton lors d’un entretien accordé à la branche italienne de la Sky.

Héros de toute une nation, figure intemporelle de tout un sport, athlète hors-pair, compétiteur d’excellence, figure emblématique, Lewis Hamilton est aussi un modèle pour la jeunesse, une figure pour la génération consciente.