Célèbre consultant pour la chaîne de télévision beIN SPORTS, où il intervient notamment lors des rencontres de LaLiga et de la Ligue des Champions, et réputé pour son grain de folie qui nous fait tous nous lever de notre canapé les soirs de match, Omar Da Fonseca a accepté pour We Sport de revenir sur diverses facettes de sa vie. Enfance, passion pour le football, parcours de consultant, association avec Benjamin Da Silva et regard sur le monde du foot actuel, tout y passe. Régalez-vous !
Bonjour Omar. Tout d’abord, merci d’avoir accepté cette interview.
On le sait, tu es un grand passionné de football. Après ta carrière de joueur, tu as touché à plusieurs postes mais tu es toujours plus ou moins resté dans le monde du foot. D’où te vient cette passion et pourquoi tout cet attachement à ce sport si particulier ?
– Cela vient sûrement du fait qu’à l’époque où j’étais jeune, en Argentine, on ne parlait que de football. Quand j’étais très jeune, je n’ai pas souvenir d’avoir regardé un seul match de basket ou de rugby par exemple, alors que mon frère en faisait. Les autres sports sont complètement éloignés. Même les médias à la télé, dans les journaux etc, ils ne parlent que de football. Tout est axé autour du foot. Et puis il y a toujours eu cette petite chose à l’intérieur qui m’a poussé, cette petite voix qui me disait que je voulais devenir footballeur. Moi je me souviens quand j’étais petit, j’allais aux entraînements de mon club préféré (Atlético Vélez Sarsfield) et j’attendais les joueurs à la fin et avant qu’ils montent dans le bus. Je crois que c’est mon grand-père qui m’a transmis cette passion. Quand j’avais 5,6,7 ans, c’est lui qui m’emmenait et qui m’a inscrit dans un club de foot. C’est là que j’ai commencé à manier le ballon, comme c’est souvent le cas à cet âge en Argentine. On joue dans des petits espaces ce qui nous aide je pense à développer une qualité technique assez élevée pour être apte à jouer dans les petits périmètres. Pendant la récrée à l’école, quand on jouait, on s’occupait même plus du nombre de buts, l’objectif était plus de dribbler, et de provoquer l’adversaire à venir te prendre la balle pour lui rentrer un petit-pont (rires).
Tu es plus sensible à la technique qu’à la puissance et aux statistiques. On le voit notamment car on sait que tu adores les joueurs de ballons comme Messi, Iniesta ou encore Modric, qui respirent le football.
– Oui pour moi au niveau de ma sensibilité personnelle, ma préférence se tourne vers ce que j’ai toujours vu, ce que j’ai toujours cherché à faire et ce qui m’a toujours plu. Le dribble, la prise de balle, le gaucher qui amasse la balle, avec la balle qui lui colle au pied, cela a toujours plus éveillé ma sensibilité plutôt qu’un joueur puissant qui tacle et qui est uniquement basé sur ses statistiques personnelles, maintenant que celles-ci ont prises une place importante dans le monde du football.
D’ailleurs, si je ne me trompe pas, ton surnom est « la pulgita ». Est-ce que cela a un rapport avec le surnom de Lionel Messi (« la pulga ») ou cela n’est qu’une coïncidence ?
– Non en Argentine, lorsque tu as entre 5 et 8 ans, en fonction de tes origines ou de ta morphologie, on te donne un surnom que tu auras toute ta vie, c’est comme ça. Si tu es petit, ça sera la « pulga », si tu as de grandes oreilles, ça sera la « parabolica » etc. C’est vraiment ancré dans la culture. Moi, tous mes amis ont un surnom. Parfois, il peut même m’arriver de ne pas connaître le prénom d’une personne tellement on ne se fait appeler que par le surnom (sourire). Même à mon époque, quand j’ai commencé à regarder le foot dans les années 60 et quelques, les commentateurs argentins ne désignaient un joueur que par son surnom, c’était parfois de la folie, surtout qu’on n’avait pas encore la télévision. Mon grand-père mettait la radio et on était comme des malades.
Comment t’es venu cette envie de devenir consultant, est-ce que Charles Biétry a joué un rôle prépondérant dans cette orientation ? Quel est ton parcours ?
– Effectivement, il a joué un rôle important dans ma carrière de consultant. J’ai voulu devenir consultant sportif car à l’époque, lorsque j’ai arrêté ma carrière (au Paris FC) dans les années 1993, 1994, il y avait déjà Canal + et qu’ils venaient de lancer le « Kiosque », à savoir l’ancêtre du multiplex (il y avait 9 matchs à la carte en simultané). Charles, je l’ai connu quand il était journaliste à l’Agence France Presse. Il venait à l’entrainement au Camp des Loges même lors des jours de pluie avec son petit k-way, on lui proposait de faire un petit taureau avec nous à la fin. Peu après la fin de ma carrière, je m’étais alors lancé dans des études et Charles est venu me voir et m’a dit « Voilà on va lancer Kiosque sur Canal, il nous faudra un journaliste, un consultant et un homme de terrain, il faut trouver ces personnes là ». C’est à ce moment là qu’il m’a proposé de commenter les matchs. Au début, j’étais sceptique et lui ai dit non car je ne parlais pas bien français. Il m’a poussé et m’a convaincu d’essayer en me disant que je m’améliorerai au fil du temps. Donc c’est lui qui m’a lancé, qui m’a mis les pieds dedans clairement, en 1995. Après, en 1998, on a eu la Coupe du Monde en France et c’est Canal + qui la diffusait. Il nous a dit que c’était un gros truc, on avait des consultants comme Jean Tigana ou Michel Platini. C’était un vrai meneur d’homme et il a insisté pour qu’on soit tous mobilisés. C’est comme ça que je me suis lancé ; après je commentais les matchs sud-américains la nuit, puis est venu l’Equipe du dimanche avec Hervé Mathoux, Darren Tulett et moi entre autres.
A la fin, j’avais fait un peu le tour et c’est à ce moment-là que le président Caïazzo, que j’avais eu au Paris FC, m’a dit qu’il allait reprendre le club de Saint Etienne et m’a proposé de m’occuper de la cellule recrutement. J’ai donc quitté Canal et suis resté 4 ans à l’ASSE.
Lorsque Saint Etienne m’a viré, je suis revenu à Canal à la demande de Cyril Linette notamment. J’ai commencé à commenter la Copa America etc.
Ensuite, en étant à Canal, au début de l’année 2012, Charles Biétry m’a appelé et m’a dit que j’allais quitter Canal pour beIN SPORTS. Dans un premier temps, je lui ai dis qu’il était fou (rires). Moi je faisais l’Equipe du dimanche et beIN n’avait même pas de chaîne de télé. C’était au début, je n’en avais jamais entendu parler. Donc Charles m’a proposé une fois, deux fois, trois fois, et à la fin il m’a dit de venir chez beIN car ils auraient tous les droits sur le football (Espagne, Ligue des Champions etc), alors qu’on les avait sur Canal à ce moment-là. Je suis allé voir mes chefs de Canal qui m’ont confirmé cela et j’ai fini par partir chez beIN Sports donc tout au début de la chaîne. Elle n’avait même pas encore été lancée lorsque je suis arrivé.
Tu formes depuis plusieurs années un super duo avec Benjamin Da Silva. Peux-tu nous dire d’où cette association vient-elle ? Quand et comment s’est-elle formée ?
– Benjamin était pigiste à Canal. On avait fait 4, 5 matchs ensemble déjà car Charles me mettait consultant de tous les journalistes qui débutaient. Les Alexandre Ruiz, Thomas Guichard, Cyril Linette, David Berger, Gregory Novak, tous ont fait leurs premiers matchs avec moi comme consultant. Quand je suis arrivé chez beIN SPORTS, je commentais le foot espagnol avec Alex Ruiz ; mais quand il a commencé à faire le côté présentation, la place s’est libérée, et là la direction a voulu nous mettre ensemble. Depuis, on en a fait beaucoup, énormément, et on s’est beaucoup supporté mutuellement (rires).
Tu as souvent des excès de folies à l’antenne, qui font ta personnalité. Peux-tu nous dire où trouves-tu l’inspiration pour ces commentaires ? Qu’est-ce que tu essayes de transmettre aux gens lorsque tu commentes ?
– Déjà, je ne m’impose rien au départ. Disons que pour moi, le football reste un jeu, un divertissement. On fait beaucoup de matchs, et dire toujours « il a frappé du plat du pied », machin une fois, deux fois, trois, quatre fois, pour moi au bout d’un moment je m’ennuis et je n’en ai pas envie. Donc j’essaye de trouver d’autres façons de faire, et je ne sais pas si ça apporte aux autres mais ça m’apporte à moi en tout cas. Le football, c’est avant tout un spectacle, quoi qu’il se passe, cela ne va pas changer la face de l’humanité. On est là pour accompagner le spectateur. Je dis toujours qu’on est la musique du film, et ça n’est pas parce que la musique ou le film est mauvais que l’autre sera forcément mauvais. Moi je peux concevoir qu’il y ait des gens qui n’aiment pas, qui ne soit pas habitués à ce genre d’excès et je pense que cela vient du fait qu’ici en France, on est beaucoup moins ouvert.
Le fait que j’image beaucoup est directement lié à la culture argentine, j’ai toujours fait ce dans quoi j’ai été baigné pendant l’enfance. Je me souviens de José María Muñoz (commentateur argentin) qui imageait beaucoup aussi c’était parfois fabuleux. Dans l’absolu, si j’ai envie de chanter à la gloire de Messi et que je trouve ça sympa, je le fais, surtout qu’on ne m’a jamais rien dit (rires). Moi en tous cas ça me fait du bien et c’est peut-être égoïste de penser comme cela, mais quelqu’un qui ne s’emballe pas lors d’un but et qui dit simplement « but de Messi », et bien je ne comprends pas comment c’est possible !
L’équipe d’Argentine a eu énormément de mal à se qualifier pour la Coupe du Monde, pourtant, elle dispose d’un des meilleurs effectifs de la planète en termes d’individualités. Comment la sens-tu ? C’est quoi le problème ?
– Mal. On n’a pas d’équipe. Autant j’ai bien aimé bien ce qu’il a fait à Séville, autant plus le temps avance, plus le sélectionneur (Jorge Sampaoli) me fait peur avec ses choix. Ce système avec trois défenseurs centraux qui n’ont aucune qualité de relance, jouer sans latéraux etc. Maradona le détruit comme pas mal de monde. Sauf que nous avons Messi, Dybala, Icardi, Aguero. S’il n’est pas trop idiot, ce que j’espère, il va essayer de faire jouer les 4, enfin surtout Messi et Dybala, il faut qu’ils jouent ensemble ! Aujourd’hui, il faut prendre exemple sur le Brésil qui joue avec Neymar et Coutinho en plus de Jesus, et encore Jesus, c’est la moitié d’Aguero, le quart d’Icardi ! Les Argentins ne peuvent pas être favoris car l’addition des individualités est encore limitée. Il faudra voir le début de la compétition qui sera primordial. Si on ne sort pas premier de la poule, c’est une faute professionnelle.
Quel est ton pronostic pour la prochaine Coupe du Monde ? Tes favoris ?
– Pour moi, l’Espagne peut encore faire quelque chose de grand car ils ont gardé les mêmes mecs et qu’ils ont une jeune génération et des attaquants comme Aspas, Morata qui performent. Les Allemands ont moins de talent mais ils sont toujours dangereux. Et puis la France fait aussi pour moi vraiment partie des favoris, non seulement au vu du tirage, mais aussi au niveau du collectif et du potentiel.
Enfin, on aimerait se faire un petit plaisir et avoir l'honneur de pouvoir commenter un but à tes côtés. Je te propose le 3e but de Lionel Messi avec l'Argentine contre l'Equateur, qui envoie l'Albiceleste à la Coupe du Monde.
Cliquez ici pour voir le but commenté avec Omar Da Fonseca.
Merci beaucoup à Omar pour sa sympathie et sa disponibilité, ainsi qu'à beIN Sports.
Grégoire Allain