Les plus grandes compétitions internationales étant passées et ayant laissées place aux championnats nationaux ou à de plus petits rendez-vous, il y a longtemps qu’il n’avait pas été question de judo ici !

Mais grâce aux Jeux Européens de Minsk, qui remplacent les Championnats d’Europe cette année, on repart pour 3 jours de sueur, de judo et de Marseillaise (« En tout cas on te le souhaite » comme dirait un journaliste connu) !

Jour 1 : Une médaille et des promesses ?

Comme de coutume, la compétition s’ouvre avec les catégories légères. On compte 3 français et 4 françaises surmotivés dans la salle d’échauffement, prêts à en découdre sur le tatami.

Las, les fortunes et les adverses ont été bien différents pour tous les compétiteurs.

Ainsi Kilian Le Blouch (-66kg), pourtant sur une très bonne dynamique avec ses dernières médailles, se heurtait dès son premier combat au géorgien Niniashvili qui finira 3ème à la fin de la journée.

Les sœurs Gneto connurent un parcours identique en se faisant stopper toutes deux au 2ème tour, Astride (-52kg) s’inclinant contre l’anglaise Giles future 3ème, et Priscilla (-57kg) tombant contre la kosovarde Gjakova, en argent sur le podium.

Plus de réussite en revanche chez les plus légers des français(e)s où l’on réussit à rentrer dans les points ! Mélanie Clément (-48kg) finit la journée 7ème après des défaites contre la championne du monde en titre, la très jeune ukrainienne Bilodid, qu’elle avait pourtant battu il y a quelques semaines, et l’espagnole Figueroa qui finira en bronze.

Chez les masculins, Luka Mkheidze (-60kg) ne fait pas mieux en termes de classement en cédant face au belge Verstraeten au repêchage, avant que ce même belge ne surclasse l’autre français de la catégorie Walide Khyar durant la place de 3, faisant de lui un 5ème déçu mais revanchard !

La plus belle performance vient de la N°1 mondiale des -52kg, médaillée mondiale 2018, Amandine Buchard. « Bubuche » de son surnom réalise une compétition presque sans faute, allant même jusqu’à pousser la championne olympique 2016 Majlinda Kelmendi au golden score pendant la demie finale avant de se faire contrer sur une attaque.

Pour le bronze, elle bat la vice-championne olympique 2016 Giuffrida là aussi au bout du suspense après plus de 6 minutes de combat, et poursuit sa série de médailles avec sept podiums en sept sorties.

Une première médaille pour la France, là où on l’attendait, et de belles perspectives d’avenir au vu de l’engagement dont ont fait preuve l’ensemble des combattants parfois tout proches de la médaille.

Jour 2 : Allons enfants… (bis !)

La journée n’avait pas commencé de la meilleure des façons, disons-le.

Chez les garçons, ni Guillaume Chaine (-73kg) ni Alpha Oumar Djalo (-81kg) n’ont put prétendre à quoi que ce soit dans leur catégorie, sortis d’entrée respectivement par un russe 7ème au final, et un géorgien 3ème.

Mais chez les filles, ce fut une démonstration à la française et ce n’est pas la polonaise Talach, battue en 45 secondes par Clarisse Agbegnenou (-63kg), qui dira le contraire.

La française, championne du monde en titre et porte drapeau pour l’événement, a démontré une fois de plus qu’elle était « en forme olympique » (sic) et qu’elle serait très dure à arrêter.

Il lui aura fallu 7 minutes en tout et pour tout sur le tapis de Minsk pour s’adjuger l’or à la fin de la journée, battant toutes ses adversaires par ippon avant les 4 minutes que dure normalement un combat.

Dans la catégorie supérieure des -70kg, Margaux Pinot et Marie-Eve Gahie ont également brillé en se hissant chacune en demi finale. Malheureusement pour la seconde, elle fut battue au golden score par la hollandaise Von Dijke, laissant Pinot seule française en finale après son succès contre la polonaise Pogorzelec.

Pour l’ultime combat décidant de la médaille pour l’une, et de la couleur du métal pour l’autre, Gahie s’inclina contre la suédoise Bernholm (4ème mondiale) juste avant que Pinot ne surclasse la hollandaise en lui imposant un rythme élevé.

Comme très souvent, les magnifiques performances des filles, presque habituelles, masquent le manque de réussite des garçons et le manque de leader pour ces catégories.

Mais loin des décisions à prendre à ce sujet, on préférera savourer les deux Marseillaises auxquelles nous avons eu droit et que l’on espère réentendre d’ici la fin de la compétition.

 

Jour 3 : Un médaille bronze qui vaut de l’or

 

Pour ce dernier jour de compétition individuelle, la France avait 5 engagés et autant de chance de médaille malgré le forfait d’Alexandre Iddir (-100kg) blessé vendredi lors de l’entraînement.

Autre français ayant connu la blessure récemment, Axel Clerget (-90kg) remontait sur un tatami de compétition pour la première fois depuis sa grosse blessure contractée à l’ischio en février lors du tournoi de Paris. Le médaillé mondial 2018 réalisait un départ canon en expédiant son premier combat, avant de voir la médaille s’envoler suite à sa défaite contre le hollandais Van T End.

L’autre français de la catégorie, Aurélien Diesse, connu le même parcours en se faisant arrêter dans sa compétition au second tour par l’Azerbaïdjanais Mehdiyev, futur 3ème.

Chez les filles, Madeleine Malonga (-78kg) s’est incliné au jeu des pénalités face à l’allemand Malzahn lors du quart de finale, mais a réussi à remporter tour à tour son combat de repêchage ainsi que sa place de 3 par ippon.

Dans la dernière catégorie féminine, Anne Fatoumata MBairo (+78kg) se classe 7ème après avoir subit le judo de la portugaise Nunes en quart de finale puis de l’ukrainienne Tarasova en repêchage.

Enfin, d’aucun pourrait dire que la dernière médaille français n’est « que » du bronze, mais dans l’esprit de Cyrille Maret (-100kg) ce métal doit représenter beaucoup plus.

En effet, le médaillé olympique 2016 n’était plus monté sur un podium depuis les derniers Championnats d’Europe en avril 2018 malgré une dizaine de sorties internationales.

Le judoka français âgé de 31 ans a bien l’intention de participer aux championnats du monde au Japon cet été, et d’en ramener une médaille lui qui reconnaît que lâcher « n’est pas dans (ses) gènes », mais il faudra passer la sélection opérée par le staff français.

 

Jour 4 : L’union fait la force

 

Le judo est un sport individuel où l’on est seul face à l’adversaire au centre du tapis. Mais c’est aussi un magnifique sport collectif par la nécessité d’avoir de bons entraîneurs et partenaires d’entraînements mais aussi et surtout lors des compétitions par équipes.

Tour après tour, 6 combattants d’une nation, à parité entre hommes et femmes, tentent de porter les couleurs nationales le plus loin possible.

Et cette année, les français(es) auront réussi à monter sur la boite pour se parer d’une médaille de bronze, la deuxième breloque de la compétition pour certains.

Après un premier tour maitrisé face à l’Azerbaïdjan (4-0), les choses se sont un peu corsées face à une surprenante équipe portugaise ! Au terme des six combats, égalité parfaite entre les deux pays, 3 victoires partout, obligeant une catégorie de poids tirée au sort à recombattre dans une ultime confrontation débutant tout de suite par le golden score. Comprenez la mort subite, ou « le point qui vaut mille point » comme dirait votre cousin de 5 ans, avec à la clé une place en demie finale de ces Jeux Européens.

Malheureusement, Axel Clerget, déjà sur le tapis la veille, ne réussit pas à s’imposer sur les mains face au portugais Egutidze, et la France doit passer par les repêchages alors que les portugais ne s’inclineront qu’en finale face à la Russie.

Là, elle se reprend en écartant la Slovénie 4-1 avant de conclure pour le bronze face aux locaux biélorusses sur le même score, avec des victoires de Marie Eve Gahié, Axel Clerget, Cyrille Maret et Priscilla Gneto.

(c) Carlos Ferreira

Stéphane Traineau, ancien champion devenu directeur des Équipes de France de judo, avait envisagé 5 médailles pour égaler le résultat de l’édition précédente. Quota rempli donc grâce aux bonnes performances féminines et à la prestation par équipe, mais qui dénote une fois de plus du manque d’efficacité chez les masculins en individuel.

A désormais quelques mois des Championnats du monde, et un an des Jeux Olympiques, le système français actuel pourrait apparaitre comme essoufflé et en manque de sang neuf, avec toujours ce dilemme entre la jeunesse et l’expérience lors des sélections, mais l’ancien champion du monde et double médaillé olympique s’est voulu optimiste sur l’avenir des combattants présents, parlant de « prise de conscience de leur potentiel ».

 

Photo Une : Carlos Ferreira