Au printemps dernier, Julian Alaphilippe a parfois semblé rouler comme si chaque course sous le maillot arc-en-ciel pouvait être la dernière, comme si aucun effort ne devait être épargné. Le Tour de la Provence en a été un exemple, puisqu'il s'est jeté à l'offensive lors de la première étape, puis, après avoir été rattrapé dans le final, il a trouvé la force d'aider son coéquipier Davide Ballerini à remporter l'étape au sprint. Il a terminé l'épreuve en deuxième position au classement général après s'être battu pour suivre Egan Bernal et Ivan Sosa au Mont Ventoux.

“Cela m'a fait faire des erreurs parfois, par mon impatience de gagner, en voulant montrer le maillot tout le temps, l'honorer, le faire briller du mieux que je pouvais”, a avoué Alaphilippe en septembre alors qu'il réfléchissait à sa première saison dans les bandes arc-en-ciel. On en déduit qu'Alaphilippe portera le titre mondial avec un peu plus de légèreté en 2022, choisissant ses batailles plutôt que de s'efforcer d'être à la hauteur de sa réputation à chaque occasion. Il a déjà, peut-être judicieusement, réduit son programme de course, évitant les classiques pavées pour se concentrer sur les Ardennes, mais le coureur de QuickStep-AlphaVinyl sera, bien sûr, toujours la vedette lorsqu'il débutera sa saison 2022 au Tour de Provence jeudi.

La course de quatre jours, désormais établie comme un élément incontournable du calendrier de début de saison après la première édition en 2016, offre quelque chose pour tout le monde, et offre également à un coureur polyvalent comme Alaphilippe une chance précoce de gagner son premier succès de la saison. La course commence par un prologue de 7,1 km à Berre l'Étang avant une étape sur route plate qui devrait offrir une occasion en or aux sprinters. La course devient plus accidenté tout au long du week-end. Il y a d'abord une journée pour les puncheurs à Manosque, avec une montée jusqu'à la ligne, avant que le Tour de la Provence ne se termine par une arrivée au sommet sur la Montagne de la Lure (17 km avec une pente moyenne de 6 pour cent), déjà vue à Paris-Nice quand Alberto Contador (2009) et Richie Porte (2013) sont sortis victorieux.

Les favoris

Alaphilippe a la polyvalence nécessaire pour s'imposer tous les jours sur un tel parcours, mais avec Liège-Bastogne-Liège dans plus de dix semaines, il a aussi le temps de faire ses armes dans la saison. Il sera fascinant d'observer son approche. Son équipe QuickStep-AlphaVinyl sera privée de Kasper Asgreen, vainqueur du Tour des Flandres, après son contrôle positif au COVID-19, mais Ballerini cherchera à réitérer ses victoires d'étape de l'année dernière et la nouvelle recrue Ilan Van Wilder aura également à cœur de faire bonne impression.

Une autre nouvelle recrue sera à la tête de Groupama-FDJ. Michael Storer sera le troisième homme fort de l'équipe sur le prochain Tour de France, et en l'absence de Thibaut Pinot et David Gaudu, il sera à la tête du défi de l'équipe dans le sud de la France. L'arrivée au sommet de la Montagne de Lure sera son premier test de la nouvelle saison.

Alors que Storer entame un nouveau départ chez Groupama-FDJ, Nairo Quintana cherche à reproduire ses performances passées pour Arkéa-Samsic. Le Colombien a connu un parcours étincelant lors de ses premières semaines avec l'équipe bretonne en 2020, une séquence qui a commencé par une victoire au classement général du Tour de la Provence. Après une année 2021 en demi-teinte, Quintana revient en Provence avec l'intention de s'affirmer, bien qu'il reste à voir comment son récent rétablissement du COVID-19 aura un impact sur ses perspectives de début de saison.

Le Tour de la Provence sera également l'occasion pour Richard Carapaz (Ineos Grenadiers) d'évaluer son rétablissement après la chute qui a mis fin prématurément à sa participation à l'Étoile de Bessèges. L'Equatorien s'est fait remarquer par son aisance dans les échelons lors de la première journée, et la finale de la Montagne de Lure sera son premier test en montagne sur la route du Giro d'Italia. Il pourra compter sur le soutien d'Eddie Dunbar, tandis qu'Ethan Hayter, si impressionnant en 2021, cherchera à commencer la nouvelle campagne sur une base solide.

Le vainqueur de l'année dernière, Ivan Sosa, a troqué Ineos Grenadiers pour Movistar pendant l'intersaison et il a récemment laissé entendre qu'il était mécontent de la façon dont il avait été écarté des trois Grands Tours lors de sa dernière année avec l'équipe britannique. “Les adieux ont été compliqués”, a déclaré Sosa au journal sportif espagnol Marca. Après avoir débuté la saison en douceur à Majorque, son approche devrait être simple ici : limiter les pertes dans le contre-la-montre d'ouverture, puis essayer de remporter la course lors de l'ascension finale de la Montagne de Lure.

Giulio Ciccone (Trek-Segafredo) a fait un bon entraînement la semaine dernière lors de la Volta a la Comunitat Valenciana, se classant huitième au classement général, et il devrait être un peu plus affûté sur la Montagne de Lure alors qu'il poursuit sa progression vers le Giro d'Italia. Ailleurs, des hommes comme Philippe Gilbert (Lotto Soudal) et John Degenkolb (DSM) seront sur place pour accumuler des kilomètres avant les Classiques.

Le parcours

  • Prologue – 10 février, Berre-l'Étang (ITT), 7,2 km
  • Étape 1 – 11 février, Istres à Les Saintes-Maries-de-la-Mer, 152km
  • Étape 2 – 12 février, Arles à Manosque, 180,5 km
  • Étape 3 – 13 février, Manosque à Montagne de Lure, 166,1 km

Le contre-la-montre individuel revient sur le parcours du Tour de la Provence pour la première fois en trois ans et bien que le prologue d'ouverture autour de Berre-l'Étang soit court et plat, ces 7,1 km devraient avoir une grande influence sur le classement général final.

La première étape est, sur le papier, un parcours simple et plat de 152 km d'Istres aux Saintes-Maries-de-la-Mer qui devrait se terminer par un sprint du peloton, mais la perspective de vents latéraux est très réelle dans la région et il y a beaucoup de changements de direction dans le circuit final.

Le terrain devient plus accidenté sur la deuxième étape d'Arles à Manosque, où Davide Ballerini a remporté sa deuxième victoire consécutive dans un sprint en côte il y a un an. Il ne restait qu'une quarantaine de coureurs dans le peloton pour ce galop et on peut s'attendre à une sélection similaire ici, avec le col de la Mort d'Imbert (5 km à 3,6 %) et le col de l'Aire Dei Masco (6,3 km à 4,6 %) de catégorie 2 dans les 60 derniers kilomètres.

Le maillot de leader, inspiré du Mondrian, sera à nouveau déterminée par l'arrivée au sommet le dernier jour. Plutôt que de retourner au Mont Ventoux pour la troisième année consécutive, l'organisation a tracé un parcours inédit sur la Montagne de Lure. L'étape comporte un total de 3251 mètres de dénivelé, avec deux ascensions du col de Buire (6 km à 3,7 %), de catégorie 3, en guise de préambule à l'ascension finale. La pente moyenne de 6 pour cent n'est pas la plus intimidante, mais la longueur de 17 km de l'ascension de la Montagne de Lure en fait un test aussi robuste que possible à ce stade de l'année.

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