Quelles traces a laissé Franz Beckenbauer à l’OM ?

Décédé ce lundi à 78 ans, Franz Beckenbauer laisse derrière lui un style, une révolution, un symbole, celui d'une domination de l'ancienne RFA. Passé sur le banc de l'OM, Kaiser Franz aura marqué les esprits malgré un passage raccourci.

” Si c’est lui notre entraîneur, je suis dans la merde.” Ce sont les premiers mots de Basile Boli lorsqu'il apprend que la légende Franz Beckenbauer sera le nouvel entraineur de l'Olympique de Marseille à l'été 1990. Dans une interview pour So Foot, le buteur de la finale de Ligue des champions 1993 explique : “On avait joué contre l’Allemagne à Montpellier (le 28 février 1990), et j’avais emplâtré Uwe Bein juste devant le banc. Beckenbauer s’était levé en hurlant au scandale.”

Mais l'impact du Kaiser sur le jeu de Basile Boli a été très important, comme l'a rappelé le principal concerné. “Avec Franz, mes pieds carrés sont devenus ronds.”

💬 Olivier Rouyer sur Franz Beckenbauer : « Quand on rentrait sur le terrain et qu'il était à côté de toi, c'était respect total. C'est un seigneur »#EDG pic.twitter.com/Bpkh7rrOxy

— la chaine L'Équipe (@lachainelequipe) January 8, 2024

Franz Beckenbauer, symbole de la folie de Tapie

Bernard Tapie a fait passer l'OM dans la légende grâce notamment au sacre en 1993 contre le Milan AC, en Ligue des champions. Mais 4 ans auparavant, en 1989, Tapie tente de faire venir l'icône, Diego Maradona. Malheureusement pour l'OM, le deal ne se fera pas et en 1990, Tapie ne passera pas à côté de son nouvel objectif, faire de Franz Beckenbauer, le nouvel entraineur de l'Olympique de Marseille pour faire passer un cap. Une collaboration qui ne durera qu'une quinzaine de match mais qui aura tout de même marquer les joueurs ayant été sous les ordres du Kaiser.

Dans un entretien à l'Équipe, Gaëtan Huard, ancien gardien de l'OM et des Girondins de Bordeaux, est revenu sur cette période. Entrainé par l'une de ses idoles, il raconte le conflit entre le président olympien et la légende du football allemand :

“Le joueur dont je punaisais le poster dans ma chambre gamin et qui était devenu mon entraîneur, me convoque : « Je te réintègre dans les seize. Ne le dis pas à la presse, mais tu seras même titulaire. » Je me tais et je pars jouer au golf. On vient me chercher sur le green. « Le président cherche à te joindre. » Je rappelle Bernard Tapie. Il me vouvoie, ce qui n’est pas bon signe chez lui:

« Gaëtan, Franz Beckenbauer a le pouvoir tactique et technique sur l’équipe mais pas celui de mettre ou d’enlever certains joueurs sans mon avis. Et Pascal Olmeta fait partie de ceux-là. Donc, vous restez à Marseille. » Le lendemain, quand Beckenbauer m’a vu passer devant le car, il en est aussitôt descendu pour m’amener dans son bureau. « Il (Tapie) ne va pas commencer à me les casser. Sinon, je retourne dans mon chalet à Kitzbühel. » Mais Alain Casanova est parti à ma place à Tirana et ça a été le début de la fin pour Beckenbauer. Quand il est parti, Mozer et Papin pleuraient ”

Beckenbauer amène la modernité à l'OM

En arrivant du côté de l'Olympique de Marseille, Franz Beckenbauer a fait passer l'OM dans un autre dimension, celle de la modernité. Lorsque le double ballon d'or (1972 et 1976) arrive à Marseille, il constate que les infrastructures sont loin de celles du Bayern Munich.

“Tous les clubs qu’on jouait en Coupe d’Europe avaient un centre d’entraînement, mais pas nous. Chacun venait avec son sac le matin et repartait avec ses affaires pour les laver chez lui. Il n’y avait pas d’intendant ou quoi que ce soit,” explique Gérard Gili, entraineur de l'OM entre 1988 et 1990 puis entre 1994 et 1997 à So Foot. “Les installations étaient meilleures à Rouen ou même à Alès. Marseille, c’était vraiment du bricolage. On travaillait dans des conditions qui, aujourd’hui, seraient considérées comme celles d’un club amateur,” poursuit-il.

Beckenbauer fait donc en sorte que Marseille s'équipe de machine à laver, de sèche-linge pour que les joueurs laissent leur tenue après les entrainements.

Franz Beckenbauer, le révolutionnaire

La Kaiser Franz Beckenbauer n'a pas seulement entrainé l'Olympique de Marseille. L'international allemand (103 sélections) a remporté la Coupe du monde 1974 avec la nationalmannschaft puis en 1990 il récidive en tant que sélectionneur. Il est, avec Mário Zagallo et Didier Deschamps, un des trois seuls footballeurs ayant gagné la coupe du monde à la fois en tant que joueur et en tant qu'entraîneur. Véritable révolutionnaire dans le poste défensif, Beckenbauer évolué en tant que libéro pouvant se projeter vers l'avant il fait partie de ceux ayant marqué le XXe siècle. Il est considéré comme le meilleur joueur du football allemand.

Affaibli depuis plusieurs années, le Kaiser s’est éteint 🇩🇪

RIP Franz Beckenbauer 🙏 pic.twitter.com/zfomhJANJx

— L’Arena (@arena_ytb) January 8, 2024

En 1970, lors de la Coupe du monde au Mexique, le Kaiser deviendra légende. Lors de la demi-finale de Coupe du Monde contre l'Italie dans ce qui est considéré comme le match du siècle. L'image connue par tous, une luxation de l’épaule, l'obligeant à finir la rencontre le bras en écharpe, pour ne pas laisser ses coéquipiers à dix alors que les deux changements autorisés avaient été effectués. Beckenbauer représenté un symbole de fierté en écrivant les plus belles pages du football allemand.