Primož Roglic a connu d'assez grosses déceptions lorsqu'il s'agit de courses à étapes WorldTour en France : en 2020, il faisait le Tour de France de sa vie jusqu'à ce que son compatriote Tadej Pogačar écrase ses chances sur la Planche des Belles Filles. La saison dernière, il était presque certain de remporter Paris-Nice jusqu'à ce qu'une chute dans la dernière étape le laisse poursuivre impuissant et rendre le maillot jaune à Max Schachmann.

Cette semaine, Jumbo-Visma semble vouloir s'assurer que Roglic sera sur la plus haute marche du podium à Nice et qui peut encore les défier ? La formation hollandaise a offert un spectacle digne de Mapei en réalisant un triplé sur l'étape d'ouverture, avec la victoire de Christophe Laporte et les podiums de Roglic et Wout van Aert. Dans le contre-la-montre de mercredi, Van Aert a dominé les débats. Sa performance époustouflante lui a permis de prendre le maillot de leader et de remporter l'étape avec deux secondes d'avance sur Roglič et son nouveau coéquipier et ancien champion du monde du contre-la-montre Rohan Dennis étant troisième.

Bien que le contre-la-montre ne fasse que 13,4 kilomètres, il a été suffisant pour mettre à mal les espoirs de classement général de coureurs comme Jack Haig (Bahrain Victorious), qui a perdu plus d'une minute. Nairo Quintana (Arkea-Samsic) a cédé 1:15 à Roglič et Guillaume Martin (Cofidis) a perdu 1:17.

D'autres espoirs du classement général comme Brandon McNulty (UAE Team Emirates), David Gaudu (Groupama-FDJ) et Matteo Jorgenson (Movistar) avaient déjà perdu assez de temps pour être hors course avec le forcing de QuickStep-AlphaVinyl dans les bordures mardi et le rythme effréné du final difficile de mercredi.

Simon Yates (BikeExchange-Jayco) est toujours en lice. Il a fourni un bel effort pour terminer cinquième, ne perdant que 11 secondes. Pierre Latour (TotalEnergies) a également connu une bonne journée, avec 19 secondes de retard sur Van Aert. Yates a 39 secondes de retard sur Roglic au classement grâce à l'exploit de Jumbo-Visma le jour de l'ouverture, tandis que Latour est à 41 secondes. Le frère jumeau de Yates, Adam (Ineos Grenadiers), a perdu 43 secondes et a un peu plus de terrain à rattraper avec 1:21 de retard au classement général, tandis que Quintana a près de deux minutes à rattraper sur Roglic.

Des opportunités limitées, Roglic imbattable ?

Au cours des quatre prochaines étapes, Van Aert cédera très probablement le maillot jaune à Roglič, les montagnes devenant plus hautes et plus fréquentes. Avec la possibilité que le mauvais temps raccourcisse l'étape reine de samedi, l'étape de jeudi de Saint-Just-Saint-Rambert à Saint-Sauveur-de-Montagut devient beaucoup plus importante. La cinquième étape, longue de 188,8 km, comporte cinq ascensions classées, dont trois de catégorie 1. La Croix de Chaubouret, à 10 km et 6,7 % de moyenne, arrive trop tôt dans l'étape pour faire une grande différence, tandis que la Côte de Saint-Romain-de-Lerps dans la seconde moitié est plus raide (6,5 km à 7,3 %) mais peut-être trop tôt pour une rampe de lancement à 75 km de l'arrivée.

C'est sans doute sur le col de la Mûre que la course va se jouer. Avec une pente moyenne de 8,3 %, ce col de catégorie 1 démarre en trombe et ne se relâche guère pendant 7,6 km, et la descente est interrompue par une montée non classée et un sprint de bonification avant l'arrivée sur le plat. Ce pourrait bien être la seule occasion de rattraper le temps des leaders de la Jumbo-Visma.

Les prévisions pour samedi annoncent des chutes de neige à 400 mètres sous le sommet du Col de Turini et bien que l'ASO n'ait pas annoncé de changement de parcours, un raccourcissement de l'étape à la dernière minute priverait les prétendants à la victoire de finale de faire les plus grosses différences. Si l'étape est annulée, elle pourrait ressembler à celle de Paris-Nice 2019, où Egan Bernal avait obtenu sa première victoire européenne.

La morale de l'histoire est que la position des purs grimpeurs après le contre-la-montre est la clé de leurs chances dans Paris-Nice. Avec Roglic qui semble déjà inébranlable lorsque la route s'incline vers le haut, il faudrait un autre coup de malchance ou une journée exceptionnelle de Yates ou Latour pour le détrôner. La chance qu'une équipe comme Bora-Hansgrohe puisse briser la mainmise de Jumbo-Visma sur la course et mettre son leader Aleksandr Vlasov en jaune semble très improbable. Ils sont forts, organisés et motivés pour amener Roglic (ou peut-être même Van Aert) à la victoire. Le risque de mauvais temps et la possibilité que l'étape du Col de Turini soit raccourcie ne feront que compliquer la tâche de quiconque voudrait battre Roglić.