Foot Féminin

Ryan Doubiago, co-réalisateur de Footeuses. « Il y a trop de stéréotypes et de clichés dans le foot féminin »

Un peu moins d’un an après la Coupe du Monde féminine qui s’est déroulée en France, la passion pour le foot féminin progresse. Surfant sur cet engouement Ryan Doubiago et Lyna Saoucha ont réalisé Footeuses, un documentaire de 45 minutes sur le foot féminin. Un mois après la sortie du documentaire Ryan se confie sur ce projet et sa vision pour le foot féminin. Entretien.

« Bonjour Ryan, avant de s’intéresser au documentaire, parlons de vous. Quel est votre parcours ?

Alors j’ai 29 ans et je suis originaire de San Francisco, aux Etats-Unis. Je suis arrivé à Paris il y a 3 ans où j’y vis actuellement.

Avez-vous fait des études dans le cinéma ?
(il rigole) … Alors non pas du tout, j’ai fait des études de philo à la base. Mais je suis un gros passionné de cinéma en tant que spectateur.

C’était donc votre premier documentaire aussi long …
Oui c’est mon premier long documentaire. Avant j’étais photographe sur la tournée de l’artiste J-Cole (rappeur américain)  pour les séries de HBO. Je me suis mis ensuite à faire des cours formats, pour une première expérience e suis plutôt content. On voulait pas qu’il y ai vraiment de fil conducteur pour pas trop sentir des chapitres mais plutôt une succession de rencontres et de témoignages.

Comment vous est venue l’idée de Footeuses ?
On a fonctionné en collaboration avec Lyna (Saoucha, co réalisatrice), c’est elle qui avait l’idée principale car elle s'est rendue compte qu'elle connaissait très peu de noms de joueuses féminines.  Lyna en plus avait les relations chez Yard ainsi que tous ses contacts et ses connexions avec certaines joueuses. Elle avait plus ce côté journaliste et moi je m’occupais de la partie technique.

Un passionné de football alors …
(il coupe) … Un passionné de tous les sports plutôt. Venant de San Francisco je suis forcément fan de basket et des Golden State Warriors. J’aime cet esprit d’équipe et montrer tout les obstacles qu’ont les filles pour pouvoir jouer.

Comment s’est déroulé le tournage et combien de temps a-t-il duré ?
Il a duré pendant 2-3 mois et pratiquement 13 longues journées de tournage. On était une équipe de 4 personnes en comptant Lyna et moi. On avait vraiment envie de faire partie de l’ambiance des matchs et faire ressentir l’intensité qu’il y a sur le terrain. C’était important pour moi de rentrer dans ce monde et de m’éloigner de côté reportage.

Ce documentaire a-t-il pour but de développer le foot féminin ?
Totalement, on a voulu montrer ce que c’est le football féminin et les personnages qui le composent. Il y a encore trop de stéréotypes et de clichés sur les filles. On voulait présenter ce côté amateur dans le foot féminin et l’espace public où les filles peuvent jouer sans pression et pour le plaisir.

Dans le documentaire une jeune fille estime que les garçons prennent trop de places sur les terrains de football …
Oui c’est clair que les garçons prennent trop de places. Il y a toujours une réticence à accepter les filles, elles sont choisies en dernier ou alors pour les buts. Lorsque des filles jouent les garçons regardent ça avec un air curieux et souvent moqueur, les filles doivent encore gagner le respect des gars. Et puis il y a une grande différence physique entre les deux donc jouer ensemble en club c’est compliqué.

« Les médias ont un rôle à jouer dans le développement du foot féminin. » 

Le développement du foot féminin passe t’il par plus d’événements organisés pour les filles ?
Complètement, on a eu la chance de tourner lors de la Can des quartiers qui faudrait je pense faire plus souvent, tout comme les événements organisés par les marques. Ce qui est marrant c’est qu’on voyait toujours les mêmes filles à chaque fois, le milieu est petit, tout le monde se connait. Les entraineurs ont un rôle hyper important car il a un côté social pour accueillir les joueuses car il y a encore plein de parents qui ne veulent pas que leurs filles jouent au football. On ne voyait jamais les parents venir assister aux matchs et si les filles arrêtaient de jouer c’était souvent à cause de leurs familles.

Regardez-vous le foot féminin ? Comment plus le développer ?
Oui j’ai regardé la Coupe du Monde, certaines équipes étaient sympa à voir jouer. Laure Boulleau disait que la manière de voir le foot féminin et masculin était complètement différente. Pour moi déjà il faudrait que le foot féminin ait autant de caméras que le foot masculin pour retransmettre les matchs. Ce n’est peut être pas grand-chose mais cela montre déjà une vrai différence de traitement. Il y a aussi bien entendu pas le même budget, les mêmes médias et par exemple les arbitres ont pas du tout le même niveau ce n’est pas normal. La Coupe du Monde va aider le foot féminin c’est sûr, mais les médias ont un rôle à jouer dans son développement.

La Coupe du Monde vous a donc poussé à faire ce documentaire …
Bien sur on voulait continuer à surfer sur cet événement. On a voulu vendre le documentaire à Netflix mais ils en ont pas voulu, ils ont estimé que le marché était pas assez grand.

Cela fait un mois que le documentaire est sorti quels sont les ressentis ?
On a des supers retours avec presque 100 000 vues sur Youtube et avec les projections au cinéma. On est assez fiers des commentaires. J’espère que ce documentaire va inspirer et faire changer la vision des garçons sur le foot féminin. Les filles ont besoin de représentation et si on a pus les aider avec ce documentaire c’est que du positif.

D’autres projets de documentaire sont’ ils prévus ?
On a une grosse idée de projets avec Yard et Ballon sur bitume. Il y aura surement quelque chose autour du foot, ca sera la surprise (rires). »

Vous pouvez retrouver le documentaire Footeuses sur la page Youtube de Yard.

https://www.facebook.com/yardfr/videos/461664934714212/

 

 

Je cours, j’analyse la Ligue 1 et je regarde de la Nba jusqu'à 5 h du matin . Celtics fan et habitué au maintien de la dernière journée avec le SM Caen. @Lejeune98Adrien chez l'oiseau bleu.

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