La Norvège a entériné une première européenne puisque les équipes internationales de football toucheront désormais le même salaire. Cela reste toutefois une exception dans le domaine. Pour le moment.
Comme souvent en matière d’égalité, ce sont des pays nordiques que viennent les avancées. La Norvège a initié une première en Europe puisque les footballeurs et footballeuses internationaux toucheront désormais le même salaire. C’est une revendication des hommes qui a changé la donne en acceptant de baisser leurs salaires pour que soit augmenté celui de leurs consœurs. Elles se partageront désormais 693 000 euros, soient 6.55 millions de roubles norvégiens, contre 333 000 euros précédemment.
Ce bouleversement reste toutefois une exception footballistique puisque les disparités sont criantes, et notamment en championnat. Tandis qu’un joueur de Ligue 1 gagne en moyenne 45 000 euros par mois, ce salaire est estimé entre 1500 et 3000 euros pour les joueuses de D1. Seules les plus médiatisées et jouant dans les plus grands clubs français peuvent espérer atteindre près de 15 000 euros. C’est la somme que gagne Wendy Renard, la capitaine lyonnaise. La parisienne Laure Boulleau est aujourd’hui à 12 000 euros de salaire. Pour espérer une fiche de paie plus rondelette, chaque joueuse doit compter sur les primes, telles que les participations en Coupe du Monde qui rapportent 15 000 euros.
Des droits TV à prix record pour la FFF et ses équipes féminines.
Ces plus faibles salaires correspondent aussi à la médiatisation des joueuses. C’est ce que traduisent les droits télé, jusque là assez limités pour le football féminin. W9 avait déboursé 800 000 euros pour la Coupe du monde 2015, tandis qu’elle en avait rapporté cinq millions. Toutefois, pour la période 2018-2021, la FFF a obtenu des droits TV inédits puisque le Groupe Canal + a obtenu la diffusion, contre Eurosport et France TV, de la D1 et l’Equipe de France féminine sera diffusée par le Groupe M6. Ce total se chiffre à 5.4 millions pour la Fédération, en incluant les retransmissions de l’Equipe de France Espoirs. Le précédent contrat était de 1.8 millions. C’est donc certainement en multipliant les diffusions d’affiches de D1 et de matches des internationales que l’engouement sera plus grand. La Coupe du monde féminine de 2019, qui se déroulera en France, sera donc diffusée sur TF1 et sur Canal +.

Devenir une tête d’affiche et une star reconnue semble donc être la seule solution pour avoir un salaire qui se rapproche de celui des hommes. Une tête d’affiche, comme l’a été l’américaine Alex Morgan lors des six mois où elle a joué à Lyon. Jean-Michel Aulas rêvait de l’avoir dans son équipe. Ce fut chose faite, après la signature d’un contrat à 30 000 euros par mois.
Les Américaines transpercent les lignes.
Les Américaines n’ont pas hésité à revendiquer leurs droits, quitte à ne pas participer aux JO de 2016. C’est le mouvement qu’elles avaient lancé pour contraindre leur Fédération, l’US Soccer, à revoir leurs salaires à la hausse. Pour cela, elles avaient même déposé plainte auprès de la Commission américaine pour l’égalité des chances en matière d’emploi, notamment car elles rapportent 40 % de plus à leur Fédération que l’équipe masculine. Elles ont ramené les médailles olympiques de 2008 et 2012 et le titre mondial de 2015. Les résultats de ces revendications ne sont toutefois pas connus.
Et si on allait plus loin et qu’une femme prenait la tête de la Fédération américaine de football ? Et si Hope Solo l’emportait face à ses 8 concurrents pour succéder à Sunil Gulati, en poste depuis 2006 et qui ne se représente pas. Elle est notamment opposée à Paul Caligiuri, Eric Wynalda et Kyle Martino, d’anciens internationaux, et Carlos Cordeiro, le Vice-président. L’ancienne gardienne aux 202 sélections souhaite mettre en avant « l’égalité, l’intégrité et l’honnêteté » lors de son éventuel mandat.
Cette initiative de la Norvège consacre encore davantage les footballeuses comme égales à leurs confrères dans l’esprit commun. Certes, beaucoup reste encore à faire, mais le match semble déjà lancé avec la candidature de Hope Solo. Il ne reste plus qu’à franchir la ligne de but.
Chloé Rebaudo