Nous sommes le 14 juillet 1995 pour la 14e étape du Tour de France entre Saint-Étienne et Mende. Lauréat en début de saison de deux classiques (Milan-San Remo et La Flèche Wallonne), Laurent Jalabert a de grandes ambitions sur cette Grande Boucle. Un an jour pour jour après sa terrible chute à Armentières, Jaja a endossé le maillot jaune. Après avoir perdu du temps dans les Alpes, le Français avait la ferme intention de faire basculer les choses dans le Massif Central.
D'abord, dès le début de l'étape, les attaques ont fusé pour cette longue étape vallonnée longue de 222,5 kilomètres notamment d'Utchakov (Polti) et de Belli. Mais, au kilomètre 24, le 3e du Tour des Flandres 93 Dario Bottaro (Gewiss-Ballan) a réussi à creuser un bel écart sur le peloton dans une petite bosse avec dans sa roue le leader de la ONCE Laurent Jalabert. Ce dernier avait déjà montré le bon de son nez dans la première côte du jour.
Puis, ils ont été vite sont rattrapés par un coéquipier de Jalabert, le rouleur Melchior Mauri. Une vingtaine de bornes plus tard, un trio composé de Massimo Podenzana (Brescialat-Fago), un autre ONCE Neil Stephens et Andrea Peron (Motorola) ont réussi à faire la jonction.
Par la suite, l'écart a atteint de grande proportion avec 10 minutes sur un peloton emmené par la Banesto du maillot jaune Miguel Indurain. Son équipe a été mise en difficulté et l'Espagnol n'a pu compter sur seulement deux équipiers à un moment. Cependant, cette avance a mis en danger la troisième place de Bjarne Riis (Gewiss). Donc, son équipe était dans l'obligation de mener la chasse alors qu'il restait 90 kilomètres de course. La ONCE a réalisé un joli coup puisque son atout numéro un pour le général – Zülle – est resté au chaud pour conserver sa deuxième place au général. Le Belge Bruyneel et le Batave Breukink étaient en protection pour le Suisse.
Porteur du maillot jaune virtuellement quelque temps, Jalabert a connu une crevaison mais celle-ci n'a guère gêné les plans des coureurs de Sainz.
Par la suite, alors que l'écart a fortement diminué, Jaja a perdu Stephens, sans force. Mais, Mauri a continué son travail d'équipier à la perfection.
Ensuite, Laurent Jalabert a accéléré au pied de la difficile côte de la Croix Neuve, longue 3100 mètres à 10,1 % de moyenne. Bottaro a tenté de suivre mais en vain.
Finalement, le maillot vert s'est imposé en solitaire sur l'aérodrome de Mende. Podenzana a pris la deuxième place à 29 secondes et Bottaro, la troisième à 42 secondes.
Du côté des favoris, on s'est attaqué dans cette difficile ascension. Pantani puis Indurain et Riis ont profité des forts pourcentages pour mettre en difficulté Zülle. Le Suisse a perdu 17 secondes dans l'aventure.
En plus, de cette longue échappée, cette victoire en ce jour de fête nationale a permis à Laurent Jalabert d'entrer dans le coeur du public. Après être remonté à la troisième place du général, Jalabert n'a pas été en capacité de résister à Riis dans les Pyrénées. Mais, à Paris, il terminera tout de même quatrième du général et il remportera son second maillot vert après 1992. Pour conclure cette année incroyable, Jaja triompha sur La Vuelta avec notamment 5 succès d'étape.
Photo : Pascal Pavani – AFP