Mathieu van der Poel (Alpecin-Fenix) a remporté son deuxième Tour des Flandres lors de son huitième jour de course de la saison, lors d'un final qui a marqué les esprits, devant Dylan van Baarle (Ineos Grenadiers) et Valentin Madouas (Groupama-FDJ).

Van der Poel s'est échappé avec le double vainqueur du Tour de France Tadej Pogacar (UAE Team Emirates) et a construit une avance suffisamment solide pour qu'il y ait un sprint à deux pour la victoire. Cependant, Pogacar a essayé de jouer trop au chat et à la souris permettant à Van Baarle et Madouas de revenir dans le final malgré un déboire de 20 secondes à la flamme rouge. Le Slovène a été éliminé au sprint, terminant quatrième.

Van der Poel, blessé au dos depuis janvier, était incertain pour les classiques de printemps. Il n'a commencé sa saison qu'à Milan-San Remo il y a deux semaines, où il a terminé à la troisième place. Remporter son deuxième Tour des Flandres, a-t-il déclaré, était incroyable. “J'ai travaillé si dur pour cette victoire. Au début, je n'étais même pas sûr d'arriver aux Classiques et gagner est incroyable. Ils arrivaient très vite de derrière, alors j'ai décidé de sprinter de loin. C'était incroyable que [Pogačar] soit occupé avec moi et non avec les autres qui revenaient. C'était un peu un choc de voir que ça s'est passé comme ça.”

Van der Poel a toutefois admis avoir souffert en essayant de rester avec Pogačar plus tôt dans la journée. “Il a monté Oude Kwaremont et Paterberg très rapidement. J'étais presque sur le point de lâcher. A la fin, c'était un scénario que j'avais déjà vécu trois fois, donc je le savais déjà. Je ne tenais compte que de Tadej. J'ai juste essayé de récupérer un peu à chaque fois que j'étais dans le volant, mais j'avais juste très mal. J'ai travaillé extrêmement dur pour ça et j'y suis allé à 100 %. Je suis vraiment heureux que cela ait fonctionné” a expliqué le vainqueur du jour.

Le Tour des Flandres : la plus belle course du monde

Après deux ans de restrictions dues au coronavirus, le Tour des Flandres a retrouvé son public, et même l'absence du favori local Wout van Aert n'a pas pu refroidir l'enthousiasme général au départ de la Grote Markt d'Anvers.

Après la neige tombée sur les Flandres en début de semaine, le peloton s'est élancé sous un ciel bleu clair, bien que la température soit à peine au-dessus de zéro au départ. Cela a sans doute encouragé un début rapide, avec l'échappée matinale qui s'est dégagée juste à la sortie d'Anvers et a parcouru 47,8 km dans la première heure. Les neuf échappés étaient Stan Dewulf (AG2R-Citroën), Sébastien Grignard (Lotto Soudal), Lindsay De Vylder (Sport Vlaanderen-Baloise), Taco van der Hoorn (Intermarché-Wanty-Gobert), Mathijs Paasschens (Bingoal-Pauwels Sauces-WB), Manuele Boaro (Astana Qazaqstan), Luca Mozzato (B&B Hotels-KTM), Tom Bohli (Cofidis) et Max Kanter (Movistar). Ils ont construit un avantage maximal de plus de quatre minutes après 100 km.

Derrière, le novice Tadej Pogačar a été pris dans une chute à basse vitesse, mais il est rapidement remonté et son équipe UAE Team Emirates a aidé à contribuer au maintien du rythme en tête du peloton aux côtés de Jumbo-Visma, Alpecin-Fenix et QuickStep-AlphaVinyl, qui a déployé Tim Declercq dans son rôle habituel.

L'échappée a abordé la première ascension de l'Oude Kwaremont – le premier des 18 hellingen de la journée – avec 140 km à parcourir et 4:30 d'avance sur le peloton, et leur avantage a commencé à se réduire par la suite. A chaque montée, la tension dans le peloton s'accentue un peu plus, avec UAE Team Emirates et Trek-Segafredo en tête. Le premier coup d'éclat des équipes favorites est cependant venu de Jumbo-Visma, lorsque Nathan Van Hooydonck a accéléré sur le Molenberg en compagnie de Jonas Koch (Bora-Hansgrohe).

Dans le Berendries Ivan Garcia Cortina s'étant dégagé sur le Berendries, Ben Turner (Ineos), Zdenek Stybar, Jannik Steimle (QuickStep-AlphaVinyl), Gianni Vermeersch (Alpecin-Fenix), Alberto Bettiol (EF Education-EasyPost), Marco Haller (Bora-Hansgrohe), Mads Pedersen, Alex Kirsch (Trek-Segafredo), Olivier Le Gac (Groupama-FDJ) et Mick van Dijke (Jumbo-Visma) se sont détachés du groupe des favoris.

A 88 km de l'arrivée, la course a soudainement pris une toute autre configuration. Jumbo-Visma, QuickStep-AlphaVinyl et Trek-Segafredo ont tous deux hommes à l'avant, tandis que Vermeersch est également présent pour Van der Poel et Alpecin-Fenix. La poursuite dans le peloton a donc été mené par Bahrain Victorious et UAE Team Emirates. Christope Laporte (Jumbo-Visma) a chuté à l'approche rapide de Berg ten Houte à 80 km de l'arrivée, alors que le peloton courrait derrière les échappés.

Dans la montée, Matteo Trentin (UAE Team Emirates), Victor Campenaerts (Lotto Soudal) et Kasper Asgreen (QuickStep-AlphaVinyl) ont accéléré le rythme, réduisant encore plus le peloton, mais cette poussée n'a pas réussi à réduire immédiatement l'avantage des contre-attaquants. Alors que le rythme se dissipait dans le peloton, Connor Swift (Arkea-Samsic) a attaqué sur le Kanarieberg avec Tim Wellens (Lotto Soudal) et Kevin Geniets (Groupama-FDJ) et ils ont réussi à faire le pont avec les poursuivants, qui se rapprochaient maintenant rapidement de l'échappée et accumulaient un avantage considérable sur les favoris de la course. Sur le passage plat de la deuxième montée du Kwaremont, UAE Team Emirates et Bahrain Victorious ont à nouveau recollé les morceaux de la course, avec Trentin à nouveau en tête pour Pogačar.

Pogacar intenable !

La physionomie de la Ronde a changé en l'espace de deux kilomètres haletants dans la montée de l'Oude Kwaremont, lorsque Pogačar s'est détaché violemment du peloton, comblant rapidement l'écart de 20 secondes avec les poursuivants, puis les dépassant tout simplement, ainsi que les restes de l'échappée matinale. C'était incroyable à voir.

Derrière, ce n'était que la panique, alors que des hommes comme Van der Poel et Tom Pidcock se frayaient un chemin à travers le peloton éclaté et se démenaient pour rattraper Pogačar. Heureusement, ils y sont parvenus. Il restait alors une vingtaine de coureurs devant, mais il n'y avait pas beaucoup de temps pour faire le point car le Paterberg était le prochain. Jan Tratnik (Bahrain Victorious) a tenté d'accéléré, avec Van der Poel et Pidcock également à l'avant, tandis que Pogačar pédalait avec une fluidité remarquable.

Sur les pentes à 22% du Koppenberg, Pogačar a mené une deuxième attaque violente qui a étiré le groupe de favoris jusqu'au point de rupture. Cette fois-ci seul Van der Poel et Valentin Madouas (Groupama-FDJ) ont pu suivre le slovène. Asgreen, si à l'aise dans les hellingen précédents, était absent, contrarié par un problème mécanique..

Van der Poel, Pogačar et Madouas ont rejoint Wright et Van Baarle en tête sur le Taaienberg à 37 km de la fin, où ils avaient déjà 40 secondes d'avance sur le reste des prétendants à la victoire. Van der Poel a donné le rythme dans l'enchaînement Kruisberg-Hotond, où l'échappée a porté son avance sur les poursuivants à 1:10, et il était déjà clair depuis longtemps que ce quintet allait décider de la course entre eux dans le grand final sur le Kwaremont et le Paterberg.

Lorsque la pente a commencé à faire mal, Pogačar a une fois de plus augmenté le rythme, laissant d'abord Wright, puis Madouas et Van Baarle pour créer sa bataille mano-a-mano avec Van der Poel. Le Néerlandais a eu du mal à un moment donné, mais il s'est accroché et a survécu au sommet et a même partagé le travail sur le trajet vers le Paterberg.

Le parcours de 13 km jusqu'à l'arrivée à Oudenaarde leur a permis de prendre 30 secondes d'avance sur leurs poursuivants, mais ils ont tout perdu en jouant avec l'arrivée en vue.

Van der Poel a utilisé son expérience de la victoire en 2020 et de la défaite en 2021 pour gagner, en démarrant son sprint tôt et en tenant à distance ses rivaux qui se battaient pour la meilleure position près des barrières. Alors que Van der Poel célébrait, Pogačar ne pouvait que rester assis, frustré par la défaite, et regarder Van Baarle et Madouas lui arracher également les places sur le podium.