Aujourd’hui, WeSportFR vous propose de partir à la rencontre de Samuel Ollivier, journaliste et commentateur chez BeIN SPORTS. Parcours personnel, meilleurs souvenirs, multiplex, Ligue 2, Coupe du monde 2018… Il nous dit tout !
Bonjour Samuel, tu es journaliste et commentateur, spécialiste de la Ligue 2, chez BeIN SPORTS. Peux-tu nous parler un peu de ton parcours ? Comment en es-tu arrivé là ?
Je travaille depuis dix ans. J’ai commencé par la radio parce qu’initialement c’était ma vraie passion. En sortant de l’école, je suis allé à RTL-L’Equipe. C’était une radio, créée à 50% par RTL et à 50% par L’Equipe, qui avait vocation à devenir une radio RNT (Radio Numérique Terrestre). Mais ce projet n’a jamais vu le jour. Je suis donc resté trois ans là-bas, puis j’ai enchaîné par RMC, où j’ai travaillé deux ans. C’est comme ça que j’ai commencé à faire un peu de télévision. J’ai aussi fait quelques piges à Canal +. Et depuis 2012, je suis à BeIN SPORTS. Je commente des matchs, je présente des émissions et je fais un peu de reportage également, notamment sur les grosses compétitions.
Le sport a toujours été une passion pour toi ?
Le sport a toujours été ma passion. Mais ce qui est devenu ma passion plus encore, c’est le journalisme. Aujourd’hui, je fais du journalisme sportif et ça me va très bien, parce que ça me permet de réunir deux de mes passions. Mais si un jour je suis amené à faire autre chose que du sport, j’en serais très heureux parce que ce qui est le plus important pour moi, c’est vraiment de faire du journalisme. Chercher des informations, les recouper, trouver le bon interlocuteur, la bonne interview, le bon invité pour une émission… Tout ça dépasse finalement le cadre du sport.
Comment vis-tu ton métier aujourd’hui ? Est-ce qu’il correspond à l’idée que tu t’en étais faite ?
Oui, c’est comme je l’imaginais. Après dix ans « d’existence » dans ce métier, je prends toujours autant de plaisir à le faire et à en parler. Ce qui me plait en premier lieu, c’est qu’aucune de mes journées ne ressemble à une autre. Je fais des choses très différentes et c’est vraiment très agréable. Il y a aussi l’adrénaline du direct, qui est une chose que l’on a du mal à retrouver -j’imagine en tout cas- dans d’autres métiers.
Quel est ton plus beau souvenir en tant que journaliste sportif ?
C’est difficile à dire. Disons que les grosses compétitions sont toujours très spéciales. J’ai eu la chance de faire la Coupe du monde de rugby en Nouvelle-Zélande, le pays du rugby, et la Coupe du monde de football au Brésil, le pays du foot. Ce sont des souvenirs assez marquants. C’est aussi pour ça que j’ai voulu faire ce métier, je voulais être à l’endroit où les choses se passent et pouvoir les raconter. J’ajouterais également deux autres compétitions : le Tour de France de cyclisme et le Tour d’Italie de cyclisme, que j’ai couvert pour BeIN SPORTS pendant trois ans. Une compétition comme un Tour de France ou un Tour d’Italie, c’est très spécial. Ce sont toujours les mêmes personnes que l’on retrouve chaque jour, sur la ligne d’arrivée, dans une ville différente. C’est comme un petit village qui se déplace tous les jours et ça crée une atmosphère un peu particulière. Tous ceux qui ont couvert ce genre d’événements ressentent la même chose et ça fait toujours un pincement au cœur de se quitter après trois semaines en vase clos.
Tu présentes le MultiLigue 2 tous les vendredis sur la chaîne. Quelle est ta semaine-type ? Comment te prépares-tu pour un multiplex ?
Pour moi, l’essentiel de la semaine se concentre le week-end : vendredi, samedi et dimanche. Le vendredi, c’est le MultiLigue 2. Le samedi, on diffuse l’affiche de L2 de 15h à 17h, avec une demi-heure d’avant match et une demi-heure d’après match. Le dimanche, je commente en général un match de football étranger. Pour le MultiLigue 2, on est une équipe de trois journalistes avec deux chefs d’édition, Geoffrey Chapon et Florian Demez, et moi. Il y a aussi un journaliste qui est dédié aux statistiques, Jeoffrey Voltzenlogel. Pendant la semaine, on discute tous ensemble par Whatsapp, avec Robert Malm également qui est consultant. On s’est créé un petit groupe où on partage nos idées, et c’est comme ça qu’elles évoluent au fur et à mesure de la semaine. Dès le lundi, on fait un point sur l’invité que l’on veut avoir dans l’émission du vendredi et sur les angles que l’on a envie de traiter dans chacun des matchs à aborder. On a aussi mis en place deux nouveautés cette saison. Tout d’abord on fait porter un micro-cravate à un membre du staff technique de l’une des deux équipes pour avoir une séquence un peu inside pendant l’échauffement. Et la deuxième séquence un peu nouvelle cette année, c’est une caméra que l’on met dans le vestiaire d’une des deux équipes le samedi. Tout ça se prépare en amont, ce ne sont pas des choses qui se demandent la veille pour le lendemain. Dès le lundi, on voit donc ce qui nous paraît le plus intéressant et on fait nos demandes aux clubs en conséquence.
Est-ce que tu as un rituel d’avant-émission ?
Je dirais que ce n’est pas vraiment un rituel, mais plutôt une routine. Je fais les choses dans un ordre très précis. Ma journée du vendredi commence toujours par un foot entre copains, avant d’aller à la rédaction. Ça me permet d’être en bonne condition physique avant le week-end, qui est très long et chargé. Puis, j’arrive à la rédaction à la mi-journée et je mange toujours une salade. Mes collègues se moquent souvent de moi pour ça (rires). Ensuite, de 12h à 16h, on se consacre à la préparation de l’émission et, à 16h, on passe des coups de téléphone. On se retrouve en salle de réunion avec l’équipe éditoriale, on appelle tous les commentateurs qui sont sur les matchs, on se met d’accord sur les angles que l’on va aborder le soir dans la présentation de la rencontre et on rappelle quelques consignes pour que la tonalité soit la même sur chacun des stades. Ça nous prend quasiment 45 minutes. Après, de 17h à 18h, j’ai encore une heure pour écrire mes fiches. Et, à 18h, je vais prendre une douche (rires). Là aussi, on se moque un peu de moi, parce que je crois que je suis un des rares à le faire (rires). Je me dis que quand je suis invité chez quelqu’un, je me prépare et je me fais beau. Là, quelque part, quand les gens allument leur télévision, je m’invite chez eux. Donc j’ai envie d’être présentable et de faire ça bien.
Est-ce que tu as une anecdote à nous raconter sur le multiplex ? Un souvenir qui t’a particulièrement marqué ?
Ce que j’adore dans le multiplex, c’est l’imprévu. On a huit matchs, parfois neuf, et on ne sait pas du tout où on va. C’est ce qui fait le sel de cette émission. Un souvenir particulier que j’ai ? La dernière journée de championnat de la saison dernière. Je ne sais pas si tu te souviens mais Amiens était en position de monter en Ligue 1 et, à la 95ème minute, ils étaient cinquièmes. Il leur fallait un but pour monter en L1 et ils ont marqué ce but à la 96ème minute. Jérôme Bigot, qui était au stade, a commenté formidablement ce but, avec beaucoup d’émotions. On parlait tout à l’heure d’être à l’endroit où les choses se passent, je n’avais pas la chance d’être à Amiens mais en tout cas j’étais au cœur de l’actualité. Je la vivais en direct avec les gens qui nous regardaient et ça, c’était un moment très fort.
Toujours au sujet de la Ligue 2, que penses-tu du niveau cette saison ?
Je trouve qu’il y a une constante ces dernières saisons, et cette année ne déroge pas à la règle. Le niveau du championnat s’est largement élevé par rapport à ce qu’on faisait il y a une dizaine d’années. Et quel que soit le niveau, il y a du suspens du début à la fin du championnat. N’importe quelle équipe peut gagner contre n’importe quelle autre. La dernière peut aller battre la première et les écarts sont vraiment infimes. Cette saison par exemple, on a Reims qui est largement en tête, mais c’est très serré entre le deuxième et le dixième. En trois matchs, tout peut basculer. C’est vraiment la particularité de ce championnat. Le meilleur exemple, c’est la saison dernière. On ne peut pas faire meilleure publicité que le but à la 96ème minute d’Amiens.
Il y a des équipes qui t’ont particulièrement surpris ?
Oui, le Paris FC. Vraiment. Quand on connaît l’histoire récente de cette équipe, c’est très impressionnant de voir leur niveau de jeu et leur degré de performance actuel. Ils ont raté les barrages la saison dernière pour monter en Ligue 2, ils devaient jouer en National, ils ont appris qu’ils seraient finalement alignés en Ligue 2 quelques jours avant la reprise et ils sont parvenus à avoir un niveau de jeu, sans même recruter avant le début du championnat… C’est une équipe qui peut aller au bout je pense.
Un joueur à suivre de près selon toi ?
Il y en a plein en Ligue 2. Ce championnat est très intéressant justement car il permet de découvrir les joueurs avant les autres. Ceux qui le suivent sont déjà capables de dire quels joueurs ont le potentiel d’évoluer en Ligue 1 la saison prochaine. Je vais essayer de donner un joueur sur les trois grosses équipes. A Reims, il y en a un qui n’est absolument pas une découverte mais qui a un niveau exceptionnel cette année, c’est Diego Rigonato. Il a une qualité de centre et de frappe impressionnante et un physique hors-norme. A Nîmes, il y a Umut Bozok que l’on est obligé de citer, meilleur buteur du championnat avec seize buts. Il vient de Marseille Consolat en National et personne ne l’aurait imaginé à ce niveau cette saison. Au Paris FC, j’aime bien Redouane Kerrouche, un jeune milieu de terrain, venu du monde amateur lui-aussi. C’est d’ailleurs le cas de beaucoup de professionnels de Ligue 2 : ils viennent du monde amateur et ont une seconde chance, parce que la plupart était dans les centres de formation et n’a pas réussi à percer.
Tu vas partir en Russie pour couvrir la Coupe du monde de football 2018. Est-ce que c’est un rêve d’enfant pour toi de pouvoir participer à un tel événement ?
Oui, j’ai cette chance. C’est toujours un moment particulier. Quel que soit le lieu et quelle que soit la compétition, c’est toujours un événement hors-norme à couvrir quand c’est une compétition d’envergure mondiale. Toute la saison, on a la chance de couvrir des compétitions particulièrement intéressantes et de les faire suivre de la première à la dernière journée. Ça, c’est notre pain quotidien et pour le coup c’est un très beau pain. Mais la cerise sur ce pain-là (rires) c’est la Coupe du monde à la fin de l’année. A BeIN SPORTS, nous aurons un dispositif très étoffé. Nos chaines seront uniquement dédiées à cette compétition. Il y aura du travail jour et nuit. C’est très excitant pour un journaliste-reporter qui aura la chance d’être en Russie auprès de l’équipe de France.
Pour finir, quel est ton pronostic pour les Bleus au mondial ?
Il faut savoir que quand je fais un pronostic, c’est l’exact inverse qui se passe quasiment systématiquement. Donc je pense que la France va se faire éliminer au premier tour (rires). Plus sérieusement, je pense que la France ne sera pas loin. Je suis quasi-certain qu’elle sera dans le dernier carré. Ce qui va être intéressant, c’est de savoir si on a passé le cap pour aller gagner une grande compétition.
Qui sont tes favoris ?
Les favoris sont toujours les mêmes dans ce genre de compétitions : le Brésil ne sera pas loin, l’Allemagne sera dans le coup… Il y aura peut-être une ou deux surprises avec une ou deux équipes éliminées au premier tour ou en huitièmes, mais les grands seront là. Je regrette de ne pas voir l’Italie participer mais, cette année, on n’a pas vu grand-chose qui leur permettait d’y être. A part peut-être les performances toujours étincelantes de Buffon. Pour la France, la question sera de savoir si on va s’arrêter en quart, en demi ou en finale.
Merci beaucoup d’avoir pris le temps de répondre à mes questions.
Avec plaisir.
Eline WISNICKI