Partez avec nous découvrir Bollaert et son patrimoine. La série « à la découverte de » permettant d’en savoir plus sur les stades et clubs qui nous entourent revient sur le site. Petites histoires et faits marquants y sont relatés dans le but de transmettre toutes les informations nécessaires, en vue de préparer au mieux un éventuel déplacement de nos chers lecteurs.
Le temps passe et les stades s’agrandissent, se modernisent ou sont remplacés par des nouveaux dans des zones éloignées des centres-villes. Aujourd’hui, c’est dans une enceinte connue de tous que je me rends vivre un match de football : le stade Bollaert-Delelis. À Lens, le club de foot occupe une place conséquente dans le quotidien des supporters. Dans cette ville, le taux de fans au mètre carré est sûrement l’un des plus élevés en France. Le terme de « sport populaire » prend ici tout son sens. Ainsi, une véritable ferveur se fait ressentir en amont de la rencontre du soir. Cela passe notamment par le nombre de maillots qui se baladent aux abords du stade. À vue d’œil, trois personnes sur quatre sont vêtus de la tunique sang et or.

En compagnie de deux amis, nous fendons la masse histoire de s'imprégner de l'ambiance. Dans un rayon de 1,5 km autour de Bollaert, les baraques à frites inondent les rues. Le fameux cliché lensois illustré dans “Bienvenue chez les ch'tis” se dessine devant nous. Dans la guinguette où nous commandons notre repas, la barquette et la saucisse coûtent quasiment le même prix que le ticket. Heureusement, tout est bon. Pendant que le ventre se remplit j'en profite alors pour observer le stade qui se dresse sous mes yeux.
LA CONSTRUCTION DU STADE BOLLAERT EN 1932
Pour se remettre dans le contexte de l'époque, il faut savoir que Lens était une ville de mineurs. On parle ici des personnes qui travaillaient dans les mines de charbon et non de celles qui ont en dessous de 18 ans. Bien que, force est de constater qu'il y avait des mineurs… également mineurs. Le patrimoine industriel de la ville est directement lié au RC Lens. En effet, pendant de nombreuses années, les joueurs n'étaient autre que les travailleurs de la mine. Ainsi, lorsqu'il a fallu délocaliser l'équipe à la fin des années 1920, c'est la Compagnie des mines de Lens qui acheta une parcelle de terrain afin d'y construire un stade. D'ailleurs, le directeur de celle-ci à l'époque était un certain Félix Bollaert.

Lui qui a fini par donner son nom à l'enceinte voulait à tout prix favoriser le développement des clubs sportifs de la région. La construction du stade a donc débuté en 1932 avant de s'achever en 1933. Si le nom officiel de l'époque est “le Stade des Mines”, la mort de monsieur Bollaert en 1936 entraîna le changement d'appellation immédiatement : le Stade Bollaert. Depuis 2012, on l'appelle même le stade Bollaert-Delelis en hommage à l'ancien maire de la ville André Delelis qui a notamment participé au sauvetage du club et de l'enceinte à la fin de l'exploitation charbonnière.
UN GRAND STADE POUR DES GRANDS SUPPORTERS
Aujourd’hui si le stade peut accueillir 38 000 personnes, il avait avant une capacité qui allait jusqu’à 51 000 places. Une première diminution a eu lieu dans l’optique de la Coupe du monde 1998 passant sa capacité à 41 000 places. Enfin, les 3 000 places en moins ont été enlevées durant les travaux de l’Euro 2016. En raison de problèmes financiers, la ville de Lens a revu la rénovation de son stade à la baisse. Toutefois, cela ne l'a pas empêché d'être conforme aux normes pour accueillir des matches du championnat d'Europe. Il est également reconnu stade de catégorie 4, ce qui pourrait lui permettre d'accueillir une finale européenne. En plus de cela, il peut compter sur ses indéboulonnables supporters.
Le passage en Ligue 2 il y a 5 ans n’a pas joué en leur faveur. Mais depuis leur remontée en Ligue 1 il y a 3 ans, force est de constater que le club affiche un taux de remplissage jamais trop loin du 100%. Ce soir encore, un mercredi soir contre Lorient, la rencontre se joue à guichets fermés pour la dixième fois consécutive. Il faut dire que l’équipe emmenée par Franck Haise tourne bien. Elle propose un jeu agréable et cohérent avec les moyens du bord, ce qui lui vaut d'attirer les regards des amateurs de ballon rond de toute la France. Et pas que. Il n'y a pas que des Français ce soir au stade à écouter certaines discussions qui se perdent dans mes oreilles. Anglais, Allemands ou encore Néerlandais n'ont pas hésité à tenter l'expérience Bollaert.
UNE EXPÉRIENCE À RECOMMANDER
Le ventre étant rempli, l'heure est venue de rentrer dans le stade. Pour seulement 12 €, les portes d'un des stades les plus emblématiques de France s'ouvrent à nous. Très vite, les places se remplissent. Le poids des chants s'accroît minute après minute. Les trois quarts du stade ne viennent pas assister au match. Ils viennent le vivre. Le fameux 12e homme joue à Lens un rôle important et cela se ressent une nouvelle fois ce soir, même “contre Lorient”. Au moment où ces lignes sont écrites, tout le monde connaît le résultat. Une manita cinq buts à deux mais surtout un spectacle sur et en dehors du terrain durant toute la partie. Chanter les Corons à Lens est désormais chose faite et inutile de préciser que cela procure des frissons tant cela paraît évident.
Ce soir-là nous avons assisté à une véritable pièce de théâtre. Dans cette pièce, le quatrième mur est brisé tant les supporters se donnent à fond dans leur rôle. Enfin, le script était idéal pour que la soirée soit parfaite. Absent de la feuille de match car tout le monde le pensait partant, Séko Fofana a bien fini par rentrer sur la pelouse. Sa prolongation sur le terrain à l'issue du match dans une atmosphère festive fut un magnifique bouquet final.