Souvent malheureux et malchanceux sur ses terres, Charles Leclerc arrive en Principauté de Monaco avec l’espoir de s’y imposer. Au volant d’une Ferrari un peu en dessous de la Red Bull, en termes de compétitivité, le Monégasque peut s’appuyer sur ses qualités sur un tour et sa connaissance, plus que parfaite, du terrain pour remporter une course qui lui échappe depuis des années.
L’Hymne monégasque résonnera-t-elle enfin pour couronner son nouveau prince ce dimanche ? Si aux alentours de 14h50, elle sera jouée avant le départ, comme le veut le protocole, tous les supporters sur place espèrent l’entendre de nouveau deux petites heures plus tard. Cela voudrait dire que Charles Leclerc a remporté le Grand Prix de Monaco 2023. Depuis son arrivée en Formule 1, le Petit Prince du Rocher a connu de nombreux soucis lors de son GP à domicile. Victime de problèmes techniques, coupable d’erreurs personnelles ou tout simplement malchanceux, pour l’instant le tracé de Monaco résiste à son héros national.
Quatre participations, quatre désillusions

Arrivé en F1 en 2018 chez Sauber Alfa Romeo, Charles Leclerc connaissait pour la première fois le bonheur de rouler à la maison. Qualifié en Q2, un petit exploit avec sa monoplace, le Monégasque avait déjà fait du bon boulot lors de ce week-end à domicile. A la lutte pour les places d’honneur, hors du top-10, avec Brendon Hartley, les disques de frein de l’enfant du pays lâchaient et envoyaient le porteur du N°16 s'encastrer dans la Toro Rosso à la sortie du tunnel.

L’année suivante, Ferrari ruinait tous les espoirs de son pilote dès la séance qualificative. Auteur d’un bon premier run en Q1, les stratèges de la Scuderia décidaient de ne pas renvoyer Charles Leclerc en piste. Une erreur fatale puisque les temps s’amélioraient considérablement et le Monégasque se retrouvait au-delà du top-15. Paradoxalement éliminé par son coéquipier de l’époque, Sébastian Vettel, le héros local ne décolérait pas que son écurie ait commis une telle erreur dans un week-end si important à ses yeux. Le lendemain en course, il réalisait une magnifique manœuvre sur Romain Grosjean (Haas) à la Rascasse. En tentant de la réitérer sur Nico Hülkenberg (Renault), il touchait le rail intérieur et partait en tête-à-queue, devant abandonner une seconde année de suite.
Annulé lors de la saison 2020, pour cause de restrictions sanitaires, le GP de Monaco revenait au calendrier en 2021. En qualifications, Charles Leclerc signait un tour canon lors de son premier run de Q3. Dans le second, il crashait sa voiture dans les S de la piscine, empêchant tout le reste du plateau d’améliorer. Auteur de la pole position, Ferrari décidait de ne pas changer certains éléments techniques, pour ne pas recevoir de pénalités et car tout semblait intact. Mais dans le tour de mise en grille, le Petit Prince du Rocher souffrait d’un problème de boîte de vitesses. Dans l’incapacité de prendre le départ, il était contraint d’assister à la course en simple spectateur.

La saison dernière, Charles Leclerc pensait enfin briser la malédiction. Une nouvelle fois qualifié sur la première place de la grille, le Monégasque gérait parfaitement le début de course malgré les conditions changeantes. Dans son jardin, rien ne semblait pouvoir l’arrêter, sauf peut-être son équipe. Sans couvrir la stratégie de Sergio Pérez, la Scuderia permettait au Mexicain de faire un undercut sur son rival direct. Quelques tours plus tard, les Italiens ont appelé en même temps Carlos Sainz et Charles Leclerc. Avec trop peu d’écart entre les deux coéquipiers, le dernier cité a dû beaucoup ralentir pour ne pas trop attendre dans les stands. Cela a nettement mieux marché chez Red Bull et le pilote à domicile devait s’incliner face à Max Verstappen. Au pied du podium, il semblait désemparé face à ce nouveau revers. Le désespoir se lisait aussi sur le visage de milliers de fans, tous venus voir le sacre du prodige maison.
Malgré les Red Bull, Leclerc peut avoir de l’espoir
A l’heure de faire des pronostics sur le vainqueur du 80e Grand Prix de Monaco, le leader du championnat Max Verstappen et le tenant du titre Sergio Pérez, premier en 2022, trustent forcément les premières positions. Pourtant, Charles Leclerc pourrait créer la surprise dans ses rues. Bien sûr, rouler à domicile apporte toujours une motivation supplémentaire qui peut permettre de se transcender même sans avoir la voiture la plus rapide du plateau.
Depuis le début de l’année, Ferrari est nettement en retrait, notamment par rapport à la saison dernière. Lors des deux manches, Charles Leclerc a semblé retrouver de la compétitivité. S’il a commis des grosses erreurs à Miami, le Monégasque avait un bon rythme. Une semaine auparavant, il réalisé un très bon week-end à Bakou. Auteur de deux podiums (sprint race et GP), il avait dominé les Red Bull dans l’exercice du tour rapide. En Azerbaïdjan, son manque de vitesse de pointe l’avait empêché de résister aux monoplaces autrichiennes. Mais à Monaco, cela est bien moins handicapant puisque la ligne droite est plus courte. Les zones de dépassements sont très rares et l’effet du DRS limité. C’est pour cela que le pilote Ferrari a des raisons d’y croire.
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Véritable référence dans l'exercice du tour rapide, Charles Leclerc pourrait faire une partie du travail dès les qualifications, ce qu'il a déjà fait lors des deux éditions précédentes. Dans des rues qu'il emprunte tous les jours, il faudra être constant pendant 78 tours le dimanche. Résister à la pression des deux Red Bull sera aussi un challenge, mais porté par son public, le Monégasque a le talent pour le faire. S’il est capable de réaliser un chrono sensationnel le samedi et de conserver sa position au départ alors il pourrait s’imposer en Principauté. Evidemment, tout devra être parfait que ce soit dans son pilotage ou dans la stratégie de son équipe. Mais pour prétendre à s’imposer devant son public, n’est-ce pas la perfection qu’il faut viser ?