Speaker du Racing club de Lens depuis l’été 2017, Cyril Jamet est avant tout un homme de radio. N’étant pourtant pas destiné à ce métier, il a su faire ses armes et monter les échelons. De ses débuts atypiques à son rôle au sein du club “sang et or” où il est arrivé lors d’une période difficile, Cyril se livre à WeSportFR dans une interview exclusive. Focus sur la voix de Bollaert-Delelis.

 

Peux-tu te présenter à nous ?

Je m’appelle Cyril Jamet, j’ai 46 ans, je suis né à Châteauroux dans le Berry. Un berrichon au pays des ch’tis il ne doit pas en avoir beaucoup ! (Rires). J’ai plusieurs passions comme l’équitation. Je suis né sur un cheval, j’ai même été propriétaire d’un centre équestre à l'âge de 21 ans, mais pour des raisons très personnelles j’ai quitté ce milieu au bout de quelques années pour ensuite arriver dans l’univers des médias, radios et TV. Mon autre passion c’est le foot ! Le seul club dans le Berry qui a côtoyé l’élite c’est Châteauroux, j’ai pas mal traîné au stade Gaston Petit avec mon grand-père quand j'étais gamin.

 

Tu es animateur Radio sur Horizon, peux-tu nous en dire plus ?

Oui bien-sûr ! J’ai une histoire particulière avec le groupe (groupe force 1 NDLR) qui détient la radio Horizon. En 2000 quand j’ai quitté le milieu équestre je voulais travailler dans la radio mais en n’ayant aucune expérience je me suis heurté à beaucoup de portes fermées, pour ne pas dire toutes. Sauf une, celle du groupe force 1 basé à Béthune, les dirigeants Philippe D. et Malik D. m’ont donné la chance de faire mes preuves devant un micro et ça s’est plutôt bien passé puisque j’ai été embauché pour être animateur sur Skyrock. Ensuite j’ai pas mal vadrouillé de radio en radio, puis 15 ans plus tard je reviens dans le même groupe mais cette fois pour être directeur adjoint de la radio Horizon que le groupe venait de racheter. Je aussi animateur du Morning « 6h-9h De bonne heure & de bonne humeur ». Cela fait 5 ans que j’occupe ce poste et je réalise chaque jour la chance que j’ai de vivre d’une de mes passions.

 

Supporter du Racing club de Lens, raconte-nous ton histoire avec le club 

Passionné de foot je connaissais bien évidemment le RC Lens !! La seule saison où Châteauroux a joué en première division c’est tombé l’année du titre de champion de France des « sang et or ». Mon grand-père me parlait souvent de Lens, il aimait bien cette équipe avec son public, sa région, son histoire, il partageait les mêmes valeurs. Le match retour à Gaston Petit, j’y étais, le RC Lens perd 2-1 mais heureusement derrière ils enchaînent une série de victoires qui leur permet enfin de décrocher le Graal, « Champion de France » !! Deux ans plus tard j’arrive dans le Pas-de-Calais avec l’impatience de vivre un match dans ce stade mythique. Malheureusement je ne pourrais pas le vivre avec mon grand-père parti trop tôt. Quand je suis rentré pour la première fois dans le stade Bollaert j’ai fait « WOUAHOUUU » ça me changeait de Gaston Petit !!

J’ai eu la chance pendant plusieurs saisons de coanimer une émission, l’intégrale, sur Europe 2, qui était en direct de Bollaert chaque soir de match et c’est là que je suis tombé amoureux de ce club ! C’est là que j’ai vraiment compris ce qu’était une ambiance de foot digne de ce nom !! Quand vous assistez à un match dans ce stade vous ne pouvez pas ressortir indemne !! C’est fou ce que l’on peut ressentir devant un tel public, je mets au défi quiconque de regarder la Marek avec son kop et de ne pas ressentir des frissons, c’est impossible, en tous cas moi je peux vous dire que 18 ans plus tard ça me fait toujours le même effet, les frissons sont toujours là…

 

Aujourd’hui tu es speaker du Racing, rôle très important ! Comment as-tu décroché le poste, qu’as-tu ressenti ce jour-là ?

10 jours avant de partir en vacances en août 2017, mon boss me téléphone et me dit « Cyril ça te dirait de devenir le nouveau speaker du RC LENS ? » Je vous laisse imaginer ma réponse ! J’étais comme un dingue ! Horizon devenait à ce moment la seule radio partenaire du RC LENS et il s’avère qu’ils étaient à la recherche d’un speaker. J’ai rencontré les dirigeants du club et j’ai fait mes premières armes lors du match face à la Gantoise.

 

Crédit Photo : Cyril Jamet

 

Tu remplaces un speaker qui était en place depuis de nombreuses années, comment est-ce qu’on se conditionne lorsqu’on accepte ce challenge ?

Forcément ce n’est pas simple. Remplacer une figure emblématique du club comme Dominique Regia-Corte, le challenge est énorme mais à la fois super excitant et c’est cette partie que je préfère garder en tête. Je ne me suis pas mis la pression inutilement ! Je n’ai pas voulu le copier, car je pense qu’il était important d’apporter quelque chose de nouveau sans oublier pour autant tout ce qu’il a accompli dans ce club, et de le respecter.

 

Raconte-nous ton tout premier match micro à la main ! Comment as-tu vécu ce moment ?

C’était contre la Gantoise en match amical et je ne peux pas dire que j’en garde un super souvenir (Rires). Dix jours avant je ne savais même pas que j’allais être speaker.  J’ai fait une erreur, celle de croire que j’allais maîtriser cet exercice comme mes émissions de radio ou les concerts que je présente sur scène, mais je me suis vite rendu compte que c'était un univers complètement à part.
J’ai fait ce soir-là tout ce qu’il ne fallait pas faire comme me tromper dans les noms de joueurs et bafouiller (Rires). C’était une catastrophe, pour la composition de l’équipe de la Gantoise on me donne une minute avant une feuille avec les noms des joueurs griffonnés à la main… Et en Néerlandais !! Je vous laisse imaginer la suite (Rires). En repartant du stade je me suis dit « Houlà j’ai beaucoup de travail à faire pour être à la hauteur », mais je n’ai pas l’habitude de baisser les bras, j’avais accepté cette mission donc j’allais tout faire pour la réussir. Les ingrédients : humilité et travail.

 

Quel est ton emploi du temps un jour de match ? Comment prépares-tu le jour-J ?

J’arrive trois heures avant le coup d’envoi, je fais le point avec mon équipe sur le conducteur et les animations que nous allons présenter au public. Ensuite je vais voir les délégués de la ligue pour les consignes de sécurité, et mon moment préféré c’est papoter avec les joueurs, prendre de leurs nouvelles.
Quelques minutes avant l’ouverture des portes au public j’ai un petit rituel, je fais le tour de la pelouse en admirant le stade, et je réalise à quel point j’ai de la chance d’être là !

 

 

Que ressens-tu quand tu foules cette pelouse ?
La première chose c’est de la fierté ! Je suis fier d’être le speaker d’un des clubs les plus populaires de France !
Ensuite c’est du bonheur que je ressens, être tous les 15 jours au milieu de cette pelouse face à de tels supporters, c’est un privilège que je savoure systématiquement ! Il n’y a pas un match qui passe sans que je prenne mon pied même si la saison dernière il y a eu des moments compliqués.

 

Justement tu as eu des débuts difficiles, Lens enchaîne 7 défaites, un changement de coach, des réclamations de démissions, comment as-tu vécu ce moment ?

Mal !! je ne vais pas mentir. Pour des débuts on aurait pu espérer mieux. Comme tu le dis en seulement quelques semaines j’avais déjà vécu 7 défaites, un changement de coach, des réclamations de démissions, un envahissement de terrain…
Avec du recul je peux dire que ça m’a servi. Déjà ça m’a endurci mais ça m’a avant tout permis de voir à quel point ce club est différent de tous les autres en France. Pour des milliers de personnes le RC LENS c’est leur vie, ils donnent tout à ce club alors on se doit d’être irréprochable, de tout faire pour assumer le rôle qu’on a au sein du Racing. On n’a pas le droit de les décevoir.
Je ne te cache pas que les premiers mois, via les réseaux sociaux j’ai reçu quelques insultes ou menaces. Je ne comprenais pas pourquoi certaines personnes m’en voulaient autant !!! Qu’est-ce que je leur avais fait pour mériter ça ? J’accepte la critique mais seulement si elle est constructive. Sur les réseaux sociaux beaucoup de supporters viennent me dire ce qu’ils pensent de mes prestations, y a des compliments mais aussi pas mal de reproches, mais c’est fait intelligemment. Je suis très attentif à ce qu’ils me disent. Il est déjà arrivé que je prenne en compte certaines remarques dans ma façon d'animer.
Je désire la même chose qu’eux, que le RC LENS gagne !!!!  Je suis avant tout un supporter même si sur le bord de terrain je n’ai pas le droit de le montrer.
Aujourd’hui j’essaye de me rapprocher le plus possible des supporters que ce soit par les réseaux sociaux ou les soirs de match à Bollaert, je pense que c’est très important, plus nous aurons de complicité, plus il y aura du bruit à Bollaert ! (rires)

 

Tu as une anecdote de terrain/vestiaire à nous raconter ?
La saison dernière l’ambiance était très tendue vu les résultats sportifs, et lors d’un match il y a une faute sur un joueur lensois qui n’est pas sifflée. Mon sang n’a fait qu’un tour je suis sorti de mon banc comme un fou en hurlant !!! Sauf que j’avais oublié que j’étais speaker et que je n’avais pas le droit de manifester mon mécontentement comme ça (Rires) Tout d’un coup l’arbitre arrête le match et vient vers moi en me demandant d’arrêter sinon c’était DEHORS !! J’ai failli être le premier speaker de France à être expulsé. (Rires)

 

Nous remercions Cyril pour sa gentillesse et sa disponibilité ! Nous lui souhaitons une très bonne continuation ainsi qu'une bonne saison au stade Bollaert-Delelis.