Dans l’histoire et la nomenclature de la NBA, les Celtics constituent indéniablement un baobab, un monument, un mastodonte intemporel qui a vu passer des génies absolus de la balle au panier. Ceux qui ont joué un rôle plus qu’incommensurable dans l’édification de cette odyssée restent : Bill Russell et Larry Bird sans oublier Kevin McHale et Robert Parish ou d’autres comme Paul Pierce, Ray Allen, Kevin Garnett… Et pourtant, la franchise de Boston a connu un autre très grand que l’histoire a toujours peu mis en lumière et qui n’en demeure pas moins un véritable sphinx que les plus jeunes ont le devoir de connaître. Il s’agit du ‘’monsieur plus’’ des Celtics des années 70, période au cours de laquelle, Boston a tout de même engrangé deux titres de champion. On vous dit tout…

Dave Cowens, un oublié de l’histoire,

Le natif du Kentucky qui soufflera le 25 octobre prochain sur sa 74e bougie a ribambelle de raisons pour demander des comptes à l’histoire de la NBA en général et celle des green de Celtics en particulier tant elles ont toutes les deux pris un vilain plaisir à ne point lui tresser les lauriers que son imparable talent et sa carrière clinquante méritaient légitimement. Pour d’aucuns notamment les sachants de la balle au panier, bibliothèques avisées de la NBA, Dave Cowens est dans doute le deuxième meilleur poste 5 de l’histoire de la franchise du Massachusetts, derrière Bill Russell et devant Robert Parish. Et pourtant, peu aujourd’hui peuvent se prévaloir conter avec force-convictions ce que fut le parcours de l’homme… Pivot gaucher, celui qui était surnommé « Big Red », à cause de sa chevelure rousse était un joueur qu’on prenait du plaisir à voir évoluer sur les parquets. Pour la petite histoire, c’est d’ailleurs Bill Russell qui en 1970 le recommanda comme 4e choix de la Draft aux dirigeants des C’s.

Il mettra dès lors très peu de temps après sa cooptation pour en mettre plein la vue aux amateurs de basket. Dès 1971, il est élu Co-Rookie de l’année en compagnie de Geoff Petrie avec des moyennes de 17 points, 15 rebonds et 3 passes. 10 ans durant, il aura à sa manière et ce ostensiblement porté à bouts de bras Boston vers de probants succès qui feront tâche d’huile.

L’odyssée Cowens avec les c’s…

Nous sommes en 1973 et pour sa troisième saison dans la ligue, Dave Cowens décroche le graal et accède au firmament des Most Valuable Players. Grâce à ses statistiques de 20.5 points, 16.2 rebonds et 4.1 passes par rencontre, le choix porté sur ‘’Big Red’’ coulait de source. Guide, référence, éclaireur, leader des Celtics, il conduit son équipe vers un somptueux bilan de 68 victoires et 14 défaites : demeuré à ce jour le meilleur bilan de l’histoire de la franchise !
Il faudra néanmoins attendre un an de plus encore avant que le titre NBA ne soit décroché ! A l’issue d’un Game 7 arraché à l’extérieur, chez les Bucks de Kareem Abdul-Jabbar et Oscar Roberston, un duel épique farouchement disputé, Cowens s’illustre avec un total de 28 points, 14 rebonds et 4 passes. Pour autant, c’est John Havlicek qui est élu MVP des Finals. Pouvait-il en être autrement quand on sait que sur ces finales, en marge du scoring, le pivot gaucher avait pour impérieuse mission de contenir celui-là qui à l’époque était comme considéré comme le meilleur joueur de la planète, un certain Kareem Abdul-Jabbar. Pour autant, les moyennes de Dave Cowens durant ces Finals n’en restent pas moins éloquentes et décisives : 22.7 points, 9.9 rebonds, 4.6 passes et 1.1 interception (contre 26.4 points, 7.7 rebonds, 4.7 passes et 1.9 interception pour John Havlicek).
Deux ans plus tard, Boston retrouve une nouvelle fois les Finals contre le Phoenix de Paul Westphal et Alvan Adams cette fois-ci. Cette série restera dans la légende et se fera une place de choix dans la gibecière mémorielle de la Ligue avec notamment un Game 5 d’anthologie encore considéré par beaucoup aujourd’hui comme le plus grand match de l’histoire des play-offs. Ce jour-là, devant leur public et après trois prolongations, les Celtics se sont imposés 128-126 avant de remporter le titre lors du Game 6. AMAZING !

Une fois encore le titre de MVP des Finals échappera à l’insubmersible roux. Avec 21.7 points, 4.3 rebonds, 5.8 passes et 1.5 interception de moyenne, c’est Jo Jo White qui s’emparera du précieux sésame mais la série de Dave Cowens est une fois de plus gigantesque : 20.5 points, 16.3 rebonds, 3.3 passes et 1.2 interception par rencontre, dont un triple-double lors du Game 1 (25 points, 21 rebonds, 10 passes) ! RESPECT.

Quid des autres faits marquants d’un parcours sémillant ?

Même si l’histoire ne le met pas en emphase comme il l’aurait mérité, du point chiffres, Dave Cowens demeure à date aux côtés de Kevin Garnett, Scottie Pippen, LeBron James et Giannis Antetokounmpo, l’un des cinq joueurs à avoir été leader de son équipe dans toutes les catégories statistiques. Morceau choisi la saison 1977-1978 où l’octuple All-Star s’est rendu auteur de 18.6 points, 14.0 rebonds, 4.6 passes, 1.3 interception et 0.9 contre par match.
En 1980, après une dernière année vécue dans la peau d’entraîneur-joueur comme Bill Russell avant lui, Cowens annonce sa retraite sportive mais cela ne va durer que quelques mois. Deux ans plus tard, on le retrouve du côté de Milwaukee où il fera 40 apparitions pour 8.1 points, 6.9 rebonds et 2.1 passes par rencontre avant de raccrocher définitivement. Sa fin de carrière aura été marquée par de nombreuses blessures notamment au genou, à la cheville, au pied…Accumulation de pépins physiques qui ont eu raison de sa longévité et qui s’ils n’avaient pas existé auraient certainement décuplé son aura et lui auraient décerné plus de satisfécit qu’il n’en a aujourd’hui.

Il n’en demeure pas moins que 15 ans plus tard, le double champion NBA est réapparu sur un banc à la tête de l’une des plus belles équipes du milieu des années 90 : les Hornets. Avec Glen Rice, Vlade Divac, Anthony Mason ou encore Dell Curry dans ses rangs, Charlotte réalise deux magnifiques saisons à plus de 50 victoires au cours de la saison 1996-1997 puis remettent cela lors de la saison suivante. Toutefois, le début de campagne loupé la troisième année coûte son poste à D.C qui rebondira néanmoins à Golden State entre 2000 et 2002 sans que les résultats ne soient meilleurs (25 victoires en 105 matchs). On reverra ‘’Big Red’’ plus tard en WNBA en 2006 en l’occurrence au Sky de Chicago, mais ce ne sera guère mieux en termes de bilan collectif.
Entre temps, le MVP du All-Star Game 1973 (15 points, 13 rebonds) est entré au Hall of Fame. Ce fut en 1991 en compagnie de Tiny Archibald un autre monument des Celtics. Puisque l’on évoque Archibald, c’est un axiome que lui aussi a marqué d’un sceau indélébile son passage à Boston mais un peu comme Cowens, il a toujours été relégué au second voire troisième rang des joueurs qui ont hissé les Celtics au pinacle si restreint des franchises les plus mémorables de la NBA derrière le plus connus comme Bill Russell, Larry Bird, John Havlicek et autres Paul Pierce. En témoigne leur présence dans le Top 50 puis Top 76 des meilleurs joueurs de l’histoire de la ligue.

Joueur complet, ‘’franchise player’’ par excellence de son équipe durant les années 70, coéquipier remarquable et leader irrigateur, Cowens était un joueur en avance sur son temps et que les Celtics peuvent se vanter d’avoir eu en leur sein.