Auteur d'une saison pour le moins réussie, Didier Ollé-Nicolle nous fait le plaisir de répondre à nos questions ! Ses débuts en tant que joueur, jusqu'à la saison 2017/2018, en passant par ses plus beaux souvenirs, ses techniques de jeu mais également son avenir professionnel, le coach de l'US Orléans se livre à nous.

Bonjour Didier, merci d'avoir accepté cette interview. Rentrons dans le vif du sujet, pourquoi avoir fait le choix de prendre la casquette d’entraîneur dès l’arrêt de votre carrière de joueur ?

Ça s’est fait en deux temps ! Déjà quand j’étais joueur au SCO d’Angers, j’ai toujours été intéressé par l’entraînement, j’ai toujours eu des rapports privilégiés avec les entraîneurs, j’étais capitaine au SCO et j’échangeais beaucoup avec l’entraîneur donc j’ai toujours été intéressé par cet aspect. Déjà à l’époque quand j’ai terminé ma carrière de joueur à Angers ils ont dû sentir la fibre en moi car ils m’ont proposé de prendre le centre de formation, le président du club à ce moment là était le docteur Tondut, qui était le médecin du club à mon époque, et quand le centre de formation s’est libéré il a pensé à moi tout de suite. J’allais vraiment signer avec eux, tout s’est joué en une semaine de temps parce que le club de Raon-l’Étape m’a proposé un poste d’entraîneur-joueur vu que j’étais encore assez jeune. J’ai donc favorisé ma reconversion professionnelle tout en restant joueur. Je n’avais pas le projet de devenir Entraîneur, je ne savais pas si j’en avais les capacités et la constance pour y parvenir.

Vous avez connu plusieurs clubs de plusieurs niveaux, dont la National, la Ligue 1 et la Ligue 2. Pour vous à l’heure actuelle quel est votre plus belle réussite ?

Ma plus belle réussite je pense que c’est Clermont Foot ! J’ai repris le club alors qu’il était en difficulté.

Jusque-là j’avais eu un parcours linéaire avec Raon, j’ai connu 5 accessions en partant d’un petit niveau jusqu’à l’accès à la National, c’était donc une grosse performance parce que c’était un petit club et une petite ville de 6000 habitants sans aucun moyen. On a commencé amateur puis amateur amélioré..

J’ai par la suite connu des aventures évolutives comme avec Valenciennes où on est monté aussi, avec Nîmes on a connu la demi-finale de Coupe de France donc on a vécu des bons moments mais Clermont a vraiment été ma plus belle réussite parce qu’on a mis en place la structure complète d’un club, il y a une vraie politique autour des éducateurs, on a fait beaucoup de réunions techniques, on a créé une relation avec les clubs amateurs locaux car plus de 40 clubs ont signé une convention avec nous. On a recommencé avec une feuille blanche et on s’est dit qu’on allait repartir avec une équipe très jeune de post formation, que des gars de 20 ans ! La première année on est monté de National en Ligue 2 avec ce groupe là sans le changer puis on manque la Ligue 1 de peu puisque on a fini 4e cette saison-là. Il y a une dizaine de ces garçons là qui avaient une formation de club pro mais qui n’ont pas réussi et qui ont rebondi grâce à cette aventure là et qui ont rejoint la Ligue 1 derrière. Que ce soit Mehdi Benatia qui évolue aujourd’hui à la Juventus de Turin, Marveaux, Yatabare et pleins d’autres ! Ça a été une vraie réussite pour le club et ses garçons. J’ai été élu deux années de suite meilleur entraîneur, une fois par Canal et une fois par France foot pour la National et la Ligue 2 ! C’est une vraie réussite collective et puis grâce à ça j’ai pu me faire remarquer par les clubs de l’élite en France et à l’étranger et ça a pu me faire découvrir la Ligue 1..

Vous finissez milieu de tableau avec Orléans quel est le bilan de cette saison ?

C’est une superbe saison dans la mesure où j’étais arrivé à la trêve l’année précédente. Pour tout le monde le club était mort, on allait descendre, puis le club était en difficulté économique ! Orléans n’aurait pas résisté à une descente et on ne serait pas seulement descendu en National mais beaucoup plus bas, donc on partait vraiment de loin et on a pris le deal de beaucoup rajeunir l’équipe cette saison. Puis avec le 19e budget on termine 12e donc c’est pas mal, en sachant que dans la saison j’ai lancé 9 joueurs comme Mutombo, Furtado, Ngoma, Gomis, D’arpino, Demoncy, Benkaid et Perrin entre autres, qui n’avaient jamais mis les pieds sur un terrain de ligue 2. On est resté fidèle à notre stratégie, sans être inquiété par la descente !

Les médias évoquaient votre envie d’ailleurs, avez-vous été sollicité ?

Oui j’ai été sollicité par d’autres clubs, mais je voulais m’assurer que le président de l’USO reste. C’est plutôt rare dans le foot mais j’ai une très bonne complicité avec le président, il a d’ailleurs été mis au courant tout de suite et il a très bien compris que si ça pouvait se faire avec ces clubs là, je serais parti et il m’aurait rendu ma liberté, il me reste un an de contrat avec Orléans. Mais je n’aurais pas quitté l’USO pour un autre club de ligue 2, car on est parti pour bâtir quelque chose, j’y suis plutôt bien ! Il y avait un club qui m’intéressait beaucoup avec un vrai projet, si ça avait été au bout j’y serais allé et le président le savait, par contre si ça n’aboutissait pas on allait parler prolongation de contrat. J’espère m'engager pour 3 années supplémentaires donc si on tombe d’accord je devrais signer trés prochainement.

L’équipe sera plus ou moins semblable ou avez-vous des priorités mercato ?

L’idée est que les 3/4 de l’équipe soit la même. On a proposé des prolongations de contrat à certains et des nouvelles propositions à d’autres, les 13-14 joueurs présents dans la majorité des matchs devraient rester. C’est la première fois depuis ces 20 dernières années que l’USO va jouer trois saisons consécutives en ligue 2 ! Il faut qu’on bâtisse là-dessus sur le moyen terme qu’on puisse structurer, améliorer le projet. Donc je compte sur les 13-14 mecs plus 5-6 nouveaux. On a la chance de garder les 5-6 joueurs d’expérience comme Cambon ou Renault..

Quelle équipe vous a surpris cette saison ? Celle qui vous a posé le plus de soucis ?

Celle qui nous a posé le plus de souci c’est Nîmes, c’est l’équipe qui nous a perforé les deux fois, on n’a pas su remédier à ce probléme. Elle m’a semblé être la plus costaud, la plus complète ! On a eu des matchs difficiles comme tout le monde, on a gagné et fait nul contre Brest, pour prendre les barragistes de cette saison, on a gagné et fait nul contre Le Havre, deux nuls contre L’AC Ajaccio,  puis on a battu deux fois Lens pour parler des gros clubs.. La vraie problématique a été contre Nîmes.

Comment fait-on sa feuille de match ?

Ça dépend des moments de la saison, des fois il y a des petits réaménagements techniques et tactiques à faire pour le prochain adversaire, puis je marche aussi au mérite ! Je fonctionne selon l’investissement du joueur en match ou au comportement dans le vestiaire et aux entraînements, ils ont toujours la possibilité de gagner leur place. J’aime prendre des jeunes pour qu’il se remettent en question et qu’ils aient une marge de progression ! Pour revenir à Mehdi Benatia, quand je l’ai pris il avait les ligaments croisés et il avait été à Marseille à Tours à Lorient sans jamais vraiment jouer, et quand il est arrivé chez nous à Clermont, il s’est vraiment réalisé et est devenu un titulaire de Ligue 2. Ca lui a permis de franchir un cap et d’accéder à la ligue 1 italienne, donc s’il n’avait pas pigé ce message là il serait certainement resté un joueur moyen de ligue 2, c’est ce que j’appelle le mérite.

Sinon on a toujours 6-7 garçons de base sur la feuille de match, s’il n’y a pas de souci de comportement ou physique ils y sont, puis il y a une dizaine de joueurs qui se disputent les places restantes ! Voilà comment je fonctionne.

22 matchs en 4-5-1 et 13 matchs en 4-3-3. Pourquoi avoir fait le choix de changer de schéma tactique en milieu de saison ?

Parce qu’on a deux éléments qui deviennent performants et qui évoluent, ou au contraire certains qui ont un coup de moins bien ! Il y a eu aussi l’apport de Demoncy qui a transformé le milieu de terrain, c’est donc surtout la géométrie du milieu qui a changée ! On a pratiquement toujours joué avec 4 joueurs offensifs, à un moment donné on avait 2 milieux récupérateurs plus les 4 offensifs, et des fois on avait deux garçons sur les côtés et un dans l’axe sur le plan offensif ça n’a jamais changé. On a commencé avec deux numéro  6 et un meneur de jeu, puis on est passé avec une sentinelle et un numéro 8 et 10.

Vous avez plusieurs années d’expérience dans le milieu, avez-vous remarqué un changement notable dans votre profession ? Que ce soit dans les mentalités, la gestion d’un club ?

Oui bien sûr c’est toujours plus compliqué aujourd’hui de gérer un vestiaire qu’il y a 6-7 ans. Le football est disséqué il n’y a pas une soirée où tous les matchs sont vus et revus et commentés ! Que ce soit sur BeIn Sports, sur Canal et SFR sport etc, tous les soirs il y a des émissions où on commente les systèmes, les joueurs, les Entraîneurs, les vestiaires, ça devient une habitude. Je pense qu’avant les joueurs étaient beaucoup plus portés sur le jeu, maintenant ils ont une analyse beaucoup plus complète, il y a un peu plus de critiques qu’avant. L’avènement des réseaux sociaux joue aussi.

Aujourd’hui ils sont beaucoup plus influencés par les médias indirectement, mais aussi par les agents ! Si un joueur fait quelques matchs de Ligue 2 et qu’il se fait encenser par la presse l’agent va tout de suite demander une augmentation de salaire, ou au contraire un joueur qui ne fait pas une bonne performance, on va le chercher à le mettre ailleurs, ça ce sont des choses qui n’existaient pas avant, ça modifie énormément la relation entraîneur-entraîné et ça modifiée également la mentalité du vestiaire. Au niveau de l’entraînement proprement non, pas de modifications c’est surtout ce qui tourne autour.

Vous sélectionneur de l’équipe de France ! Quel serait votre 11 ?

Dans les buts : Lloris

En défense : Mendy, Sidibé, Varane, Umtiti

Milieux de terrain : Nzonzi, Kante,

4 joueurs offensifs, sur les côtés : Dembélé, Mbappé

Dans l’axe : Giroud et Griezmann.

Et un petit pronostic ?

Je pense que l’équipe de France va faire une belle coupe du monde, qu’elle va arriver dans le dernier carré et à partir de là tout est jouable on a un groupe de poule assez simple, on ne devrait pas laisser beaucoup d’énergie et on devrait passer cette phase facilement. On peut arriver dans les dernières meilleures équipes avec le Brésil, l’Argentine, l’Allemagne, l’Espagne, sur des matchs à élimination directe ça ne tient à rien !  On a la chance d’avoir un sélectionneur qui a de la compétence et de la réussite, qui a su minimiser l’extra sportif. On a la chance d’avoir des joueurs qui sur le plan individuel ont des grosses qualités, on a un coup à jouer !

Merci beaucoup Didier Ollé-Nicolle pour cet échange, nous vous souhaitons une très bonne continuation au sein de l'US Orléans. A bientôt.