Avant WWE Backlash dimanche, Randy Orton s'est confié sans langue de bois aux médias. Son match contre Edge, son attitude décriée au début de sa carrière, la retraite, ses critiques envers NXT… Orton n'a pas mâché ses mots.

Sa parole se fait rare. C'est donc un événement lorsque Randy Orton sort de son mutisme pour évoquer sa carrière et le prochain défi qui l'attend, une rencontre alléchante face à Edge à Backlash. Après avoir perdu contre le Canadien à WrestleMania 36, Randy Orton retrouve un homme qu'il connaît depuis plus de 20 ans dans ce que la WWE a appelé le ‘The Greatest Wrestling Match Ever’, soit le plus grand combat de catch de l'histoire.

Présent dans une conférence téléphonique avec plusieurs médias à laquelle We Sport était convié, Randy Orton s'est d'abord prononcé sur cette appellation unique qui donne une pression particulière aux deux participants. « Habituellement, si quelqu'un qualifie un match comme l'un des plus grands de tous les temps, alors ça veut dire qu'il a déjà eu lieu. Là, ça met un peu plus de pression et ça place définitivement la barre plus haute pour Edge et moi. Je n'étais pas vraiment heureux quand je l'ai entendu pour la première fois. C'est vraiment difficile pour nous en tant que talent car les attentes sont très élevées. Mon adversaire a participé à deux combats au cours des dix dernières années et ce n'est pas beaucoup. Dans le même temps, j'en ai eu 1 126. Donc, quand on regarde ces chiffres, il semble presque impossible d'avoir le plus grand match de catch. Mais tout compte fait, si je devais choisir un seul gars et travailler avec lui, ce serait Adam Copeland, Edge. Il y a une chimie naturelle avec lui. Je pense que s'il y a deux personnes qui peuvent faire un très bon match, c'est Edge et moi », confie le multiple champion du monde. « Bien que les attentes soient grandes et qu'il soit peu probable que nous puissions avoir le plus grand match de catch de tous les temps, le fait que la pression soit là rend le tout très intéressant pour un fan. C'est donc à double tranchant, avec des points positifs et négatifs, et pour moi, il vaut mieux se concentrer sur les points positifs ».

 

« J'ai encore un peu à faire avant de pouvoir me comparer à Edge ou à l'Undertaker »

Avant de savoir si son match contre Edge sera ‘The Greatest Wrestling Match Ever’, Randy Orton a fait sa propre liste des rencontres qui l'avaient marqué dans l'histoire de la WWE : « Austin contre The Rock, The Rock contre Hogan. Personnellement, mon Iron Man avec John Cena est un match que je considère comme très bon. Il y a tellement de bons matches, et c'est ce qui rend les choses difficiles ce dimanche à Backlash avec Edge. Le match n'a pas encore eu lieu. Avant WrestleMania 25, lorsque Shawn Michaels et The Undertaker étaient sur le point de disputer leur premier match à WrestleMania, personne ne se disait : “Hé, ce sera le plus grand match de catch de tous les temps”. Après coup, tout le monde était du même avis, et je le pense aussi, ce match a été formidable, je pense qu'il est en tête de ma liste ».

Randy Orton nous a également parlé de ses débuts dans le business et de sa longue carrière qui a démarré il y a plus de vingt années. Malgré tout, le roi du RKO refuse encore de se comparer aux plus grands. « J'ai accompli beaucoup de choses en 20 ans. J'ai signé mon contrat avec la WWE en octobre 1999, donc je n'étais qu'un enfant. Quand je repense aux 20 dernières années, elles sont vraiment passées très vite, mais j'ai eu tellement de souvenirs et de matches incroyables. Je suis humble, parce que je sais que beaucoup de matches que j'ai eus ont été jugés excellents en raison de l'adversaire extrêmement talentueux avec lequel j'étais sur le ring. Je suis l'un des derniers à avoir travaillé avec ces gars la vieille école qui avaient la même mentalité, comme Shawn Michaels, The Undertaker, Triple H, Ric Flair, Booker T … La liste est longue. En ce qui concerne la comparaison des carrières, je sais que j'ai eu environ 3000 matches, mais ce n'est pas le nombre que vous avez eu qui compte, c'est le niveau de cohérence. À part quelques blessures et suspensions au début de ma carrière, j'ai vraiment été cohérent. Vince McMahon peut venir vers moi et me mettre dans n'importe quelle situation et je vais faire du bon travail. Quand il s'agit de me comparer à ces autres gars, j'admire toujours des gens comme Edge et The Undertaker. J'ai encore un peu à faire avant de pouvoir me comparer à eux, je suis toujours un fan…. nous sommes tous des fans avant tout », explique Orton.

« Au début de ma carrière, je n'en avais rien à foutre »

Un discours humble de la part d'un homme qui ne l'a pas toujours été, du moins en apparence, souvent critiqué en interne pour son attitude au début de sa carrière, et le futur Hall of Famer de la WWE ne s'en cache pas. « Au début de ma carrière, je n'en avais rien à foutre. C'était soit couler, soit nager aussi loin que n'importe qui d'autre… Je ne m'inquiétais que pour moi, c'était égoïste. Récemment, au cours des dernières années, j'ai travaillé avec Jinder Mahal et essayé de mettre en avant d'autres gars et de leur enseigner les petites choses que je fais bien… renvoyer ce savoir revient en quelque sorte à boucler la boucle. Quand j'étais jeune, il est évident que Ric Flair, Triple H et une poignée d'autres gars ont vraiment aimé partager leurs connaissances de ce business avec moi, que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur du ring, parce que c'est exactement ce que vous avez à faire. Pour en être là aujourd'hui, c'est agréable de pouvoir redonner à une entreprise dans laquelle j'ai grandi et qui nourrit ma famille depuis plus de 20 ans. J'aime vraiment ce que je fais, et je vais vous dire, tous ceux avec qui je travaille aiment ce business. On ne pourrait pas avoir un meilleur groupe de gars et de filles dans les vestiaires qu'en ce moment en termes de respect pour le business. Depuis 20 ans que je suis là, le vestiaire n'a jamais été aussi équilibré avec les hommes et les femmes qui s'y trouvent », confesse-t-il, avant de nous en dire plus sur son comportement passé un peu plus tard dans la conférence : « Quand j'avais la vingtaine, je crois que j'étais rancunier et aigri, j'en voulais à tout le monde. Cela a été perçu comme un blocage ou du narcissisme, mais je pense que c'était une sorte de couverture pour moi et mes insécurités. On ne l'imagine pas, mais beaucoup de gars et de filles dans les vestiaires de la WWE ne sont pas en sécurité. Nous sommes des êtres humains et nous sommes là, à la télévision en direct, à ne presque rien porter chaque semaine. Il faut vraiment soigner son mode de vie pour être en bonne forme, non seulement physiquement mais aussi mentalement et émotionnellement. Dans mon cas, j'ai une femme très forte, mais cela n'a pas toujours été le cas, je n'avais pas quelqu'un comme j'ai maintenant à qui je pouvais parler, alors j'étais un peu perdu au milieu de la vingtaine. »

« Mon plan est de continuer jusqu'à mon 50e anniversaire »

Pourtant, cela n'empêche pas Orton d'envoyer encore aujourd'hui quelques piques sur les réseaux sociaux à l'encontre de certains catcheurs de la WWE, et plus particulièrement ceux de NXT. Il y a quelques mois, le natif de Saint-Louis s'en était pris à Matt Riddle, et bis repetita en début de semaine avec Tommaso Ciampa suite à NXT TakeOver In Your House. Randy Orton n'a alors pas échappé à ce sujet mercredi, mais là encore, la Vipère se montre davantage pédagogue qu'aigrie. « Je pourrais aller à NXT, comme je le disais plus tôt, quoi que Vince me donne à faire, quel que soit mon travail dans cette situation particulière, je vais le faire. Si cela veut dire travailler avec Tommaso Ciampa, alors je serais tout à fait d'accord, car je pense qu'il est très talentueux et que je peux l'aider sur certaines choses. Principalement, à étirer un peu plus sa carrière, parce que je sais qu'il a subi des blessures, mais je sais aussi qu'il aime et respecte ce métier. Les gars de NXT m'inquiètent parce que je les vois faire des choses très physiques pendant leurs matches. Mais ces choses sont dangereuses et ont des effets sur votre carrière. Je fais ça depuis 20 ans et je le ferai encore pendant 10 ans. Je viens d'avoir 40 ans et mon plan est de continuer jusqu'à mon 50e anniversaire et je pense que je serais capable de le faire et de soutenir ma famille pendant 30 ans de catch au total sous les ordres de Vince McMahon grâce à la manière dont je raconte des histoires sur le ring. Les expressions du visage, les petites choses de transition que vous faites à la volée, ou les improvisations pendant un match, ce sont les choses dont les gens se souviennent. J'ai regardé un match de NXT l'autre jour, et je ne vais pas citer de noms. Beaucoup de gars là-bas travaillent comme ça, et c'était juste une grosse action, puis une grosse action, et c'est très impressionnant, mais quand tout était fini et que le match était terminé, je ne pouvais pas me souvenir de ce qui s'était passé, parce que c'était juste des mouvements et des gros chocs. Et quand vous regardez tout ça et que vous ne voyez pas comment cela a affecté la personne, ça signifie qu'ils n'ont pas vendu ce mouvement ou qu'il n'y avait pas assez de temps entre les points culminants pour que je puisse voir les expressions faciales, et me dire : “Oh, ce type souffre, oh, il s'est blessé au cou sur cette action, et il a juste essayé de ramasser l'autre gars parce qu'il ne pouvait pas à cause de sa blessure au cou, oh, je pense qu'il est vraiment blessé”. Vous ne pouvez pas vous investir dans ces matches parce c'est juste “boum, boum, boum, boum, boum”, une chose après l'autre. Et même si c'est très impressionnant physiquement, je ne serais pas capable de faire ce style, beaucoup de choses que ces gars font, je ne suis pas capable de les faire, mais ils vont avoir des carrières très courtes. Je suis particulièrement inquiet pour Ciampa vu les grosses blessures qu'il a eues. Prendre ces coups et ces prises hors du ring, sur le sol… Vous savez, le corps humain n'a pas été conçu pour subir ce genre de dommages, et bien que le corps humain soit capable de s'adapter à de nombreuses situations, il y a une durée de vie dans ce business. Si votre carrière à la WWE ne dure que 3 ou 4 ans parce que vous avez fait beaucoup de gestes imprudents, vous devez revenir en arrière et vous botter le cul en souhaitant que ce ne soit pas le cas. Il y a une manière plus intelligente de le faire. Plus intelligente, pas plus dur. Je pense que beaucoup de ces gars pourraient allonger la durée de leurs carrières s'ils essayaient de se focaliser sur les caméras, avec les expressions du visage, jouer avec la foule ou les gens à la maison. En fin de compte, c'est un business, on aime tous ce qu'on fait mais nous avons besoin de gagner de l'argent. Vous ne pouvez pas détruire votre corps puis ne plus pouvoir gagner de l'argent et finir par travailler chez McDonald's parce que vous n'êtes jamais allé à l'université et que vous avez détruit votre cou sur le ring. Il doit y avoir un but et ce but, c'est d'être payé. C'est mon plus grand souci pour ces gars de NXT. J'adorerais y aller et partager un peu de connaissance avec eux. »

En attendant de voir Randy Orton à NXT, c'est à Backlash que nous le retrouverons, dans la nuit de dimanche à lundi dès 1 heure du matin sur le WWE Network.

A lire aussi : Brock Lesnar, l’homme derrière la bête / Suivez-moi sur Twitter : @BernardCls

(Image principale : WWE)