À moins de cinq mois des JO de Tokyo, l'incertitude plane au dessus de la tenue de l'événement. Les Nippons seront-ils en mesure d'organiser un événement d'une telle ampleur avec des contraintes sanitaires ? Les sportifs auront-ils envie de passer un mois enfermés ? Ou pourront-ils tout simplement le faire ? Beaucoup de questions restent en suspens. Néanmoins, si d'aventure JO il doit y avoir, quelle équipe pourrait emmener Vincent Collet, sélectionneur de l'Equipe de France de basket, qualifiée malgré une lourde défaite lors du dernier match de qualification ? Nous avons essayé de répondre à cette question. Force est de constater qu'en la présence de tous, la concurrence est rude. 

La liste des joueurs Team France Basket

Meneur : Rouselle – Maledon – Michineau – Diot – Causeur – Westermann- Albicy- Beaubois – Julien – Ntilikina – Heurtel – Okobo

Arrière : Fournier – De Colo – Lacombe – Cordinier – Toupane – Jackson – Ndoye – Konate

Ailier : Batum – Luwawu – Kahudi – Howard – Bouteille – Lang – Ouattara – Roos

Ailier fort : Lessort – Cornelie – Inglis – Labeyrie – Noua – Yabusele – Jean-Charles – Mbaye – Invernizzi – Moerman – Chassang

Pivot : Gobert – Lauvergne – Y.Fall – Camara – M.Fall – Poirier – Tillie – Morin – Boutsiele – Jaiteh

Ils sont sûrs d'y être

Si JO il y a, et si le calendrier NBA colle avec celui du plus grand événement sportif planétaire, Evan Fournier, Nicolas Batum et Rudy Gobert seront de la partie, à condition que leur saison n'ait pas été trop chargée et que ces derniers ne souhaitent pas faire l'impasse. En effet, voir Batum avec les Clippers ou Gobert avec le Jazz aller loin n'est pas usurpé. Auront-ils la force physique et mentale pour enchaîner une quarantaine et une nouvelle grande compétition ? Cela reste à voir. Mais si la France veut aller loin, elle doit espérer que son axe fort soit au rendez-vous. Coté Européen, Nando De Colo, qui renaît avec Fenerbahce après un début de saison compliqué collectivement, sera lui aussi bien au rendez-vous, sans contre temps de dernière minute.

Ne pas les voir serait une surprise

Certains étaient déjà là en 2019, pour la médaille de bronze mondiale. Cela marque forcément les esprits, et donne une petite longueur d'avance sur la concurrence. Bien qu'il ne soit pas transcendant avec les Knicks, Frank Ntilikina a déjà un statut en Bleu, sa performance XXL contre Team USA plaidant en sa faveur, et c'est tout simplement Vincent Collet qui l'a lancé à Strasbourg. Vincent Poirier joue peu également à Philadelphie (pour ne pas dire pas du tout), mais lui aussi était présent en Chine. De plus, sa saison stratosphérique à Baskonia avant de franchir l'atlantique est encrée dans la mémoire du sélectionneur. Poirier est capable de s'adapter, au basket NBA comme au basket FIBA. Heurtel, lui, est un habitué de longue date du maillot tricolore. Déjà vainqueur de 2 breloques (l'or en 2013, le bronze en 2014), il devrait être dans la liste s'il reste en jambe d'ici l'été car sans club à l'heure actuelle, il lui faudra retrouver du rythme. Et ne pas être à coté de la plaque psychologiquement, après un rocambolesque hiver catalan.

photo : lequipe

Amath Mbaye n'est certes pas le plus connu et le plus en vue, mais il reste un pion essentiel du dispositif de Collet. Toujours appelé quand il est disponible, il était également du voyage en Chine en 2019. Le joueur de Karsiyaka devrait encore être présent, d'autant qu'au fil de la saison il monte en régime. En effet, il fait tout simplement partie des meilleurs joueurs actuels de la  Türkiye Basketbol Süper Ligi. Luwawu-Cabarrot quant à lui n'a que très peu goûté aux joies de la sélection mais sa progression à Brooklyn est sensationnelle. Ainsi il pourrait prendre la place d'Axel Toupane, disparu des radars, derrière le capitaine Batum. Enfin, difficile pour le sélectionneur de se passer d'Andrew Albicy. Titulaire au mondial Chinois, il est surtout le capitaine de la Team France sur les fenêtres internationales en l'absence des joueurs NBA et Euroleague. Collet ne cesse de le responsabiliser, et ne pas l'emmener à Tokyo serait un véritable coup de poignard dans le dos de l'un de ses plus fidèles soldats. Sa hargne défensive et son sens du collectif font qu'il devrait être dans les 12.

Ils peuvent y croire

Si Rudy Gobert sera présent sauf contre-temps, un tout petit doute subsiste concernant Poirier. Bien entendu, il part avec une ou deux longueurs d'avance sur la concurrence, mais il ne joue presque pas, et l'absence de temps de jeu pourrait faire réfléchir Collet. D'autant que derrière, la concurrence est rude. Titulaire et en vue en Euroleague, Moustapha Fall (LDLC ASVEL) et Joffrey Lauvergne (Zalgiris Kaunas) ont de vraies raisons d'espérer. Le premier est très apprécié par Vincent Collet, qui l'a très souvent sélectionné lorsqu'il évoluait en Turquie. Fall est un énorme défenseur mais également un très bon passeur, doté d'un sens collectif au-dessus de la moyenne pour un pivot. Lauvergne quant à lui explose enfin, dans une équipe où il s'éclate, et réalise la meilleure saison de sa carrière. En continuant comme ça, ils pourraient mettre le doute dans l'esprit du staff.

Présent en Chine mais très peu utilisé, Mathias Lessort a également de grandes chances d'y être. Capable d'évoluer poste 4 comme poste 5, sa polyvalence plaide en sa faveur. Mais c'est surtout sa très belle saison du coté de Monaco qui pourrait lui permettre de s'envoler pour le Japon. Revenu en France pour être plus responsabilisé qu'au Bayern, le joueur formé à l'Elan Chalon doit pouvoir profiter de la visibilité offerte par la Roca Team pour de nouveau faire partie du groupe France.

photo : l'équipe

Lui est encore jeune, et pourtant, à 17 ans, Collet a hésité à le cacher dans ses bagages. Théo Maledon monte gentiment en régime, et il est évident qu'il sera dans la discussion pour les JO. Si personne ne semble se détacher réellement à la mène, chacun ayant des avantages comme des inconvénients, ils semblent être quatre pour deux ou trois places: Heurtel, Ntilikina, Albicy et Maledon. Difficile de trancher, mais c'est à l'heure actuelle l'ancien Villeurbannais qui présente le moins de garantie, et qui dispose du moins de vécu. Irrévocable pour le laisser de coté ? Une grosse deuxième partie de saison du coté d'Oklahoma City pourrait largement rebattre les cartes. Il n'est pas le plus beau, le plus fort, le plus élégant, mais il est fortement apprécié par Collet, et ça, ça compte.

Louis Labeyrie n'a pas explosé au sein d'un top club Européen. Il est un joueur important à Valence, mais cela lui a pour l'instant suffi à participer à l'Euro 2017 et à la Coupe du Monde 2019. Bis repetita cette année ? Pourquoi pas, en sachant que personne ne se détache vraiment sur le poste 4. Il y aura match, sans doute, avec Lessort et Mbaye. Mais en Chine, les trois étaient de la partie. À moins d'une grosse fin de saison de Yabusele ou Moerman, l'ancien Strasbourgeois devrait y être.

Il va falloir se battre

Beaucoup de joueurs de l'ASVEL dans cette liste. Pourquoi ? Tout simplement parce que ces joueurs sont expérimentés, aimés par Vincent Collet, et que l'ASVEL a enfin trouvé son rythme de croisière après un début de saison compliqué. Si la concurrence est rude au niveau de la ligne arrière, Antoine Diot n'est pas près de s'avouer vaincu. Il a pour lui un incroyable vécu international qui pourrait, potentiellement, lui permettre de décrocher un billet sur le gong. Champion d'Europe 2013, médaillé de bronze l'année suivante, il était également de la partie en 2016 à Rio et en 2017 à l'Euro. Après une grosse blessure, il semble revenir, cette saison, à un niveau plus adéquat à ses qualités. Il serait présomptueux de l'exclure totalement de la discussion.

photo : lexpress

C'est également le cas de Paul Lacombe. Beaucoup moins en vue depuis son retour entre Saône et Rhône, “Paulo” reste un joueur apprécié par Collet qui l'a emmené en Chine, lui le seul joueur de Jeep Elite a avoir eu ce privilège. Il part de loin, mais il a pour lui sa présence dans le groupe lors de la dernière grande compétition. Ceci, William Howard et Guershon Yabusele n'en ont malheureusement pas connu le privilège. Les deux éphémères joueurs NBA retrouvent des couleurs à l'ASVEL et peuvent potentiellement entrer dans la short-list en cas de grosse fin de saison. Si l'incertitude et l'absence de vrai leader sur le poste 4 pourrait profiter à Yabusele, capable de véritable coups d'éclat, Howard part de plus loin.

Concurrent direct de l'ancien des Rockets sur le poste 3, Sekou Doumbouya n'a lui jamais porté la tunique bleue. Pourtant, il pourrait décrocher un ticket in-extremis. Si les deux places semblent promises sur le papier à Batum et Luwawu-Cabarrot, le Piston de Detroit a pour lui une vraie polyvalence qui pourrait lui permettre d'avoir un vrai rôle en sortie de banc. Mais pour cela, il doit faire preuve de plus de régularité, ce qui n'est pour l'instant pas le cas. Pour Axel Toupane, il faudrait un vrai miracle. Alors qu'il était en Chine un an plus tôt, il a participé à la présaison des Warriros, lui qui avait signé à Strasbourg, où il n'aura finalement disputé qu'un seul match. Finalement, il s'est engagé en G-League avec Santa Cruz, mais cela risque d'être insuffisant pour disputer ses premiers JO…

Pour Adrien Moerman aussi, cela risque d'être compliqué. Souvent titré chez les jeunes, il n'a à l'heure actuelle jamais pris part à une grande compétition chez les A. Pourtant estimé au niveau Européen (Barcelone, Anadolu Efes), il a du mal a franchir le cap qui pourrait le faire changer de dimension. Et c'est peut-être ce qui le privera d'une nouvelle sélection avec les Bleus.

Cela risque d'être sans eux

Il est sans doute l'un des plus talentueux qui n'y sera pas, car son histoire avec la sélection est semée d'embûches. Dans le groupe pour la Coupe du Monde 2010 en Turquie et les JO de Londres 2012, Fabien Causeur n'est, depuis, plus réapparu avec la tunique bleue. Il avait préféré faire un break en 2019 et a sans doute laissé passer le wagon. Malgré une nouvelle très bonne saison au Real, il ne devrait pas être retenu. C'est également le cas pour deux autres joueurs Euroleague, Léo Westermann, néo Barcelonais, et Rodrigues Beaubois. Tous deux remplaçants dans leur club, ils partent de trop loin. Bien que toujours appelé depuis quelques années, Axel Julien ne devrait malheureusement pas être de la partie non plus. Victime de la concurrence, il sait que son sort est réglé. Tout comme Jonathan Rouselle et David Michineau, de très bons joueurs de Jeep Elite, mais insuffisant pour faire partie du gratin mondial.

Elie Okobo aurait quant à lui pu prétendre à une éventuelle place, mais, coupé par les Suns en début de saison, son évolution avec la G-League des Nets ne lui permettra certainement pas d'être dans les 12. Ndoye, Konate, Lang, Ouattara, Bouteille ou Cordinier, importants pour la qualification, n'y seront sûrement pas non plus, faute de concurrence. Charles Kahudi semble quant à lui avoir fait son temps, tout comme Edwin Jackson, quelque peu disparu des radars.

Si les places de pivots devraient se disputer entre quatre joueurs, les autres peuvent sans doute tirer un trait dessus. Youssoupha Fall, Ousmane Camara, Kim Tillie, Jerry Boutsiele, Mam Jaiteh et Yannis Morin devront se contenter de regarder France Télévisions pour suivre les exploits des copains. En revanche, si la bataille sur le poste 4 reste plus ouverte, certains auront tout de même du mal à accrocher le bon wagon. Invernizzi, Cornelie, Inglis semblent en-dessous, tandis que Livio Jean-Charles ne joue pas suffisamment avec l'Olympiakos. Enfin, Amine Noua et Alexandre Chassang ne cessent de progresser mais cela semble trop juste pour une compétition de cette envergure.

La saison est encore longue et les surprises, bonnes comme mauvaises, peuvent encore pleuvoir de toute part. Encore plus cette année, conditionnée par la crise sanitaire, qui laisse planer de gros doutes à tous les étages. Même s'il est possible de dessiner les contours de la sélection qui ira à Tokyo, impossible, aujourd'hui, d'affirmer qui seront les douze qui iront, espérons le, décrocher une médaille.

Crédit photo en Une : Europe 1