“Et si … ” : Il y avait eu penalty sur Nilmar
Tout part de la citation d’une célèbre philosophe du XXe siècle : « Et si je t’avais dit combien je t’aimais mon frère et si on t’avait dit ne baisse pas les bras sur cette Terre. Et si… Tout simplement si. ». On a coutume de dire qu’avec des « si » on peut mettre Paris en bouteille. Avec une séries d’uchronies, Wesport vous propose de refaire l’histoire du football si un élément perturbateur du ballon rond avait été différent.
Nous sommes le 13 avril 2005. TF1 diffuse un match de quart de finale de Ligue des Champions. Une rencontre qui oppose l’Olympique Lyonnais et le PSV Eindhoven. Après un match nul 1-1 au Stade de Gerland, les lyonnais doivent s’imposer aux Pays-Bas ou du moins faire un match nul avec plus d’un but marqué car les buts à l’extérieur comptent double. Quoi, je ne peux pas me laisser dire ça ! Donc un but de Valère Germain à l’extérieur, ça vaut deux buts de Neymar à domicile ? Donc à 2-1, ça fait 2-2 puisque le but marqué à l’extérieur compte double ? Bah non, donc ferme-là avec cette phrase de débile. Comme « match nul et vierge ». Si le score est vierge, il est forcément nul. Si ta sœur est vierge, ça veut pas forcément dire qu’elle est nulle, c’est peut-être juste par choix ou qu’elle est moche. Donc, un but à l’extérieur ne compte pas double. POINT.
Revenons à nos Gones. Lyon arrive au Philips Stadion avec pour ambition d’atteindre pour la première fois les demi-finales de la C1. L’année précédente, ils avaient chuté sur cette même marche face à Porto alors que les rhodaniens avaient atteint pour la première fois de son histoire la phase finale (hors seconde phase de poule) de Ligue des Champions. En 2005, l’OL venait de frapper en grand coup en terminant premier de son groupe devant Manchester United. En huitième de finale, ils venaient d’exploser le Werder Brême (3-0 puis 7-2). Aujourd’hui, le Werder c’est peut-être pour vous une équipe moyenne de Bundesliga, mais à l’époque, c’était du lourd, il y avait Johan Micoud et Valérien Ismael.
Ce 13 avril 2005, Lyon a toutes les cartes en main pour passer le quart de finale. Le PSV n’est pas forcément plus fort mais l’équipe lyonnaise est flamboyante. Emmenée par un Juninho de folie. Le sérial tireur de coups francs est un véritable leader dans les rangs rhodaniens. Ce soir, c’est sûr on entendra la voix de Thierry Gilardi vibrer après la qualification des Gones. On ne le sait pas encore mais le dernier carré sera composé de l’AC Milan, de Chelsea et de Liverpool. De quoi promettre de belles soirées pour l’OL. Après dix minutes de jeu, Sylvain Wiltord ouvre le score et pousse un peu plus son équipe vers ce carré magique. Malheureusement, à la cinquantième minute Alex égalise. Ce but poussera les deux équipes vers les prolongations.
Dans trois jours, l’OL doit recevoir le PSG en championnat. Jouer trente minutes de plus risque de les fatiguer. Mais ce n’est pas grave, Lyon est leader, Lyon a de la marge au classement, Lyon est à une demi-heure d’aller en demi-finale de Ligue des Champions, Paris compte José Karl Pierre Fanfan dans ses rangs. Si Lyon marque durant cette période de rab, l’équipe sera quasiment assurée d’être en demi-finale car son but marqué comptera double. Oh tu vas pas recommencer avec ton but double ?
« Six mètres, messieurs »
Décisive 99e minute… Entré il y a quelques minutes, Nilmar est lancé, tape un sprint et se retrouve face à Heurelho Gomes, le gardien du PSV. Nilmar tombe. Tout le monde regarde l’arbitre du jour, Monsieur Nielsen. Ce dernier ne bronche pas et siffle une sortie de but. Pour lui, Nilmar simule. Les ralentis tournent sur les écrans de TV, Nilmar est bien accroché. Gilardi hallucine « C’est pas Nielsen, c’est NULsen, wolah » (il a pas vraiment dit ça). Pas de VAR à l’époque, donc pas de doute possible, pas de pénalty pour Lyon. Et pourtant, il y avait bien pénalty sur Nilmar ! Les lyonnais prennent un coup derrière la tête. Quelques minutes plus tard, les Gones s’inclineront lors de la séance des tirs au but. Le PSV s’envole alors vers les demi-finales de Ligue des Champions.
Lors du tour suivant, Eindhoven se fera éliminer par l’AC Milan qui donnera lieu à l’une des plus belles finales de Ligue des Champions entre les Rossonero et Liverpool (3-0 à la mi-temps pour une remontada liverpuldienne). Quelques jours après l’élimination des lyonnais, le PSG viendra s’imposer au Stade de Gerland avec un but de Danijel Ljuboja. L’élimination des lyonnais avec ce non-pénalty restera un traumatisme dans les souvenirs des supporters de l’OL. Il y avait pénalty sur Nilmar !
L’année suivante, l’OL se fait une nouvelle fois sortir en quart de finale face à l’AC Milan dans un scénario tout aussi cruel. Les trois campagnes suivantes se termineront en huitièmes de finale. En 2010, Lyon va jusqu’en demi-finale mais ne fait pas le poids face au Bayern Munich. Mais une chose est sure, si l’OL pouvait gagner la Ligue des Champions ou du moins aller très loin, c’était durant les années 2004-2005-2006. Son effectif en était totalement capable. Mais tout cela s’est stoppé à cause d’un pénalty non-sifflé. Il y avait pénalty sur Nilmar, seul Nielsen pensait l’inverse. Et si, Monsieur Nielsen avait sifflé pénalty sur Nilmar ?
Et si.. il y avait eu pénalty sur Nilmar ?
Décisive 99e minute… Entré il y a quelques minutes, Nilmar est lancé, tape un sprint et se retrouve face à Heurelho Gomes, le gardien du PSV. Nilmar tombe. Tout le monde regarde l’arbitre du jour, Monsieur Nielsen. Ce dernier consulte son arbitre de touche, marque un temps d’arrêt et montre le point de pénalty. Il y a donc pénalty sur Nilmar. Les ralentis tournent sur les écrans de TV, Nilmar est bien accroché. Gilardi est pressé de voir Juninho poser le ballon sur le point de pénalty. Le technicien brésilien ne tremble pas et fait vibrer les supporters lyonnais dans les cafés de la Presqu’île à l’unisson des filets du Philips Stadion. Neuf minutes après le début de ces prolongations les lyonnais sont en feu et prenne une belle option sur la qualification ! Quelques minutes plus tard, le jeune Hatem Ben Arfa, majeur depuis quelques semaines, marque le but du break et offre la victoire aux siens 3-1. C’est son premier but professionnel sous les couleurs lyonnaises. Les Gones s’envolent vers les demi-finales de Ligue des Champions.
Lors du tour suivant, les lyonnais auront l’avantage de recevoir au match retour. L’AC Milan, à l’époque, c’était vraiment du lourd : Dida, Cafu, Maldini, Shevchenko, Gattuso, Crespo, Nesta, Seedorf, Pirlo, Kaka, Stam, Costacurta, Rui Costa, Serginho, Dhorasoo. Que du sale ! Au match aller, les Rossonero s’imposent 2-0 et mettront le bus au retour afin de stopper les rêves de finale des lyonnais. A l’expérience et à la malice, l’AC Milan s’impose en toute fin de match à Gerland et remporte son billet pour Istanbul, théâtre de la finale de Ligue des Champions.
Les lyonnais cher déçus
Les lyonnais sont déçus mais ont tout donné. Paul Le Guen est en colère mais promet à la presse qu’il a compris les raisons de l’élimination et qu’on ne le reprendrait plus. La prochaine fois, il saura quoi faire. Dans cette uchronie, Paul Le Guen ne quitte donc pas l’OL en fin de saison 2015, Gérard Houllier n’arrive donc pas au chevet des Gones durant deux ans. Le Guen a un défi : ne pas se faire prendre une nouvelle fois au piège des malicieux gros clubs européens. Il est persuadé de pouvoir emmener Lyon sur le toit de l’Europe.
La saison suivante, l’OL brille lors de la première phase de poule terminant première de son groupe devant le Real Madrid. En huitième de finale, Lyon étrille le PSV Eindhoven 1-0 puis 5-0. En quart de finale, les hommes de Paul Le Guen se retrouvent une nouvelle fois face à l’AC Milan. Remake ?
Et pourtant, comme dans la vraie vie, l’OL et l’AC Milan se quittent sur 0-0 à Gerland. Au retour, Filippo Inzaghi ouvre le score avant l’heure de jeu mais Mahamadou Diarra égalise cinq minutes plus tard et assure un avantage à l’extérieur. Lyon tient sa qualification… jusqu’à la 88e minute. Shevchenko se retrouve sur le côté droit du but et reprend de volée, le ballon tape le poteau gauche puis droit. Le cuir traine devant la ligne de Grégory Coupet. Filippo Inzaghi est par là. Motivés par le discours de Paul Le Guen, Cris et Eric Abidal ne se débinent pas et se jettent sur le ballon pour le dégager. Milan était à deux doigts de mettre Lyon sous terre.
Une gâche pour le Stade de France ?
Coup de sifflet final et tremblement de terre à San Siro, Lyon élimine le dernier finaliste de la Ligue des Champions et se qualifie pour les demi-finales. Paul Le Guen tient enfin sa revanche. En tribunes, Jean Michel Aulas est aux anges ! L’OL n’a jamais été aussi proche d’un titre européen. Le pénalty sifflé sur Nilmar leur a permis de jouer un quart de finale très instructif la saison dernière. Ce match a fait tirer des enseignements pour l’édition suivante : se méfier d’un malicieux buteur comme Inzaghi.
Alors qu’en 2006 l’équipe féminine de l’OL n’a pas encore gagné la moindre Ligue des Champions, la section homme pourrait être la première titrée sur la scène européenne. Pour cela, il faudra se défaire du FC Barcelone composé de joueurs comme Puyol, Iniesta, Deco, Eto’o et Ronaldinho. Lionel Messi est, à l’époque, en convalescence. Nous sommes le 18 avril 2006 au Stade de Gerland. L’Olympique Lyonnais affronte le grand FC Barcelone afin d’essayer de se donner une chance pour disputer la finale (contre Arsenal) au Stade de France ! Tout est prêt pour faire un grand show.
Jean Michel Aulas y croit, il veut voir Juninho soulever la coupe aux grandes oreilles. Dans le staff lyonnais, tout le monde veut rêver. Ancien joueur et désormais superviseur à l’OL après son licenciement de Besançon, Bruno Genesio se dit qu’un jour ça sera lui qui sera sur le banc lyonnais et qu’il affrontera le FC Barcelone. Qui sait ?
Mais tout ceci n’est qu’uchronie. Le pénalty n’a pas été sifflé sur Nilmar. Lyon ne s’est pas qualifié face au PSV Eindhoven. Mais celui qu’on nomme désormais Pep Genesio va affronter le FC Barcelone en Ligue des Champions.
(Crédit photo : L'Equipe)