Championnats Etrangers

Football : West Ham, partagé entre les tensions et ses ambitions

West Ham, auteur d’un dernier exercice intéressant, est reparti sur le même élan cette saison. Les supporters adhèrent au projet de jeu de David Moyes, moins au fonctionnement des propriétaires. Entre un mercato jugé réussi mais pas abouti et un budget dont la gestion soulève des questions, les dossiers épineux sont nombreux. L’objectif, lui, reste le même : faire du club un habitué des joutes européennes. Explications.  

À deux points près, c’était la cerise sur le gâteau. Les Hammers, il y a quatre mois, terminaient 6e de Premier League, devancés par Leicester, Chelsea ou encore Liverpool. Les Blues étaient même venus chercher leur qualification en Ligue des champions au London Stadium, quelques semaines plus tôt. Plus précisément le 24 avril. Une réalisation de Timo Werner décramponnait les coéquipiers de Saïd Benrahma d’une place, la 4e, convoitée par bon nombre d’écuries. Les présentations avec le haut du panier et le trio de tête – Manchester City, Manchester United et Liverpool – n’avaient pas duré longtemps mais au moins le rendez-vous était pris.

« Au mieux c’est du sabordage, au pire c’est du suicide »

Clap de fin sur le championnat, les projecteurs se tournaient vers l’Euro où Declan Rice et Tomáš Souček, la paire de milieux récupérateurs chez les Hammers, ont brillé. Un rayonnement profitable à la République tchèque, quart de finaliste, et l’Angleterre finaliste. En parallèle, le mercato agitait les clubs, une période où West Ham a misé sur Kurt Zouma (26 ans) et Craig Dawson (31 ans), soit respectivement 35 et 2,3 millions d’euros. Le chantier sur la défense centrale bouclé, direction la Russie pour dénicher Nikola Vlašić (23 ans) et Alex Král (23 ans), deux milieux de terrains auteurs d’un championnat d’Europe convaincant. Le second est arrivé en prêt tandis que le premier a couté 30 millions d’euros.

Pourtant, ses investissements n’ont pas pallié un manque au sein de l’effectif, pointé du doigt par les supporters : “Sur ce mercato il y a un gros loupé, juge Florent membre de la communauté West Ham France. L’absence d’un deuxième n°9, c’est ce qui va nous faire défaut cette saison. Antonio est fragile. Au mieux c’est du sabordage, au pire du suicide“. Le budget du club est évalué à 354 millions par Transfermarkt. Malgré ces moyens, le problème au poste d’avant-centre persiste depuis plusieurs saisons. Une faille s’est créée, reste à savoir d’où elle vient ?

Pour Thibaut, supporter des Hammers, il suffit de se tourner vers David Sullivan, David Gold et Albert Smith les trois propriétaires du club : “Ils ne lâchent pas l’argent comme ils devraient le lâcher. Quand on voit que l’AS Roma a recruté Tammy Abraham, un joueur que j’aurai bien aimé avoir, pour 40 millions. Le changement de stade en 2016 devait notamment rapporter de l’argent mais on ne le voit pas en fait, explique-t-il avant de poursuivre. Le plus rageant c’est qu’ils nous ont vendu un projet en partant du stade mythique (Upton Park). En 2016, les propriétaires avaient dit que West Ham jouerait la Ligue des champions. On n’y est pas encore comme on peut le voir. La seule solution c’est qu’ils partent.

David Moyes, symbole de la transformation

Si la relation entre les propriétaires et les supporters tournent au vinaigre, celle entre les joueurs et David Moyes, l’entraîneur, prend forme. L’Écossais, revenu sur le banc des Hammers il y a presque deux ans, après un premier passage mitigé (2017-2018), a permis à son équipe de retrouver l’Europe. Une montée en puissance partagée par Clément, également supporter. “Au départ je n’étais pas emballé mais au niveau des résultats c’est efficace, analyse-t-il. L’année dernière a été incroyable et avec lui l’équipe a bien joué. Il veut instaurer un groupe surtout pour faire réussir l’équipe collectivement.

Cette arrivée de résultats s’explique, aussi, par un changement de style, de mentalité. Le technicien aux cheveux grisonnants y a apporté quelques modifications. “Il a beaucoup évolué dans sa conception du foot, note Florent. Quand il est revenu, on a retrouvé le David Moyes que l’on avait quitté. C’est-à-dire frileux, à subir le jeu avec son 3-5-2 qui ressemblait à un 5-3-2. Tout le monde réclamait Benrahma notamment. Puis il est repassé à quatre avec Rice et Soucek au milieu. L’animation est devenue plus offensive même si devant il bricole un peu.” Choix payant puisque West Ham était la 6e attaque du championnat lors du dernier exercice avant de devenir la troisième équipe la plus prolifique cette saison après six journées.

La Ligue des champions peut attendre

Le collectif penche dorénavant vers l’attaque tout en gardant la tête froide. West Ham connaît son niveau, ses ambitions mais aussi ses limites. Les supporters en sont conscients et une qualification en Ligue des champions “ne rendrait sûrement pas service à l’équipe, estime Thibaut. Pas la peine d’y aller si c’est pour prendre des roustes, on va se concentrer sur la Ligue Europa.

Même son de cloche pour Clément qui préfère voir son équipe avancer pas à pas : “Un top 10 cette saison serait bien. On peut espérer au mieux une nouvelle qualification pour la Ligue Europa vue la concurrence en championnat pour atteindre la Ligue des champions“. D’autant que cette compétition est prise au sérieux par les Hammers, ajoute Florent : “Le groupe est abordable, on a envie de bien figurer. Je nous vois bien atteindre les huitièmes ou les quarts cette année. Et faire deux fois de suite l’Europa ça serait un message de régularité envoyé à tout le monde. Ça serait pas mal.”

Les supporters regardent, à présent, vers un nouvel horizon, celui de voir West Ham figurer parmi les visages familiers de la coupe d’Europe. En attendant, c’est le Rapid Vienne qui se présente sur la route des Hammers, jeudi en Ligue Europa. Une marche supplémentaire à franchir s’ils souhaitent vivre un printemps parmi les grands.

 

Crédit photo : Foot Mercato

Etudiant en journalisme et passionné par le football mon club de cœur est l'Olympique Lyonnais.

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