NFL

Génération QB 2021 : Zach Wilson, l’énigme new-yorkaise

Le 29 avril dernier, cinq quarterbacks entendirent leur nom être prononcé par Roger Goodell lors du premier tour de la Draft NFL 2021. L’exercice actuel s’approchant peu à peu de son dénouement, l’heure est au premier bilan pour ces joueurs qui doivent incarner le futur de leurs franchises respectives. Cette semaine, suite de notre série avec le joueur le n°2 de la cuvée 2021, Zach Wilson.

Un invité surprise

Contrairement à Trevor Lawrence, Zach Wilson n’était pas un prospect très attendu à sa sortie du circuit universitaire. Du moins, pas avant la saison 2020. Seulement 958e prospect à la fin de son cursus au lycée Corner Canyon dans l’Utah en 2018, il n’était que le 38e quarterback pro-style du pays selon le site de référence 247 Sports. Recruté par BYU, il réalise deux premières saisons assez moyennes, malgré quelques flashs d’un potentiel intéressant et un titre de MVP du Famous Idaho Potato Bowl lors de sa saison freshman. Il explose réellement aux yeux de tous lors de son année junior, au sein d’une formation qui terminera l’année avec un bilan de (11-1) à la 11e place au AP Poll : Wilson enchaîne alors les prestations de haute volée et s’affirme comme l’un des meilleurs à son poste en College Football. À l’issue de la saison, ses statistiques sont édifiantes : 73,5 % de passes complétées (2e CFB), 3692 yards à la passe pour 33 touchdowns (3e CFB) et seulement 3 interceptions, le tout avec un Rating de 307.7 (10e CFB). En une année, il est devenu l’un des quarterbacks les plus en vue et les mieux cotés, un timing parfait avant d’entrer dans le processus draft.

Si le premier choix de la Draft 2021, détenu par les Jaguars, est destiné à Trevor Lawrence, le n°2 est beaucoup plus ouvert, tout comme la hiérarchie des quarterbacks derrière le prodige de Clemson. Pourtant, le suspens va vite disparaître et Zach Wilson va s’affirmer comme une évidence pour les Jets, détenteur dudit deuxième choix. Prospect assez clivant, en cause notamment son explosion tardive et ses prises de décisions risquées, Wilson cherchant trop souvent le gros jeu, ses points forts et son potentiel vont toutefois faire pencher la balance en sa faveur pour New York, qui entame qui plus est une reconstruction.

Absente des playoffs depuis 2010 et n’ayant enregistré qu’un seul bilan positif sur la période (10-6 en 2015), la franchise a décidé de faire table rase du passé et de redémarrer une énième fois un nouveau cycle. Conséquence de cela, exit Adam Gase sur le banc de touche, remplacé par l’architecte de la défense des 49ers Robert Saleh, et exit Sam Darnold au poste de quarterback, 3e choix de la Draft 2018 qui n’a jamais vraiment convaincu, substitué donc par Zach Wilson. Dans ce projet, Wilson a tout pour être mis en confiance. Choix de la nouvelle direction, il intègre une franchise qui lui laissera du temps et qui semble prête à construire autour de lui. Avec des éléments intéressants sur la ligne, quelques bons coureurs et un jeune coordinateur offensif – Mike LaFleur – prometteur, tous les éléments semblaient réunis pour lancer au mieux cette première campagne. Néanmoins, après quinze semaines de compétition, le bilan est déjà très contrasté.

Des doutes et une blessure

Sur le plan sportif, individuellement, un premier point inquiétant réside dans sa précision et ses lectures de jeu. Avec seulement 56,2 % de passes complétées en dix rencontres, il est le quarterback le moins précis de la ligue, affichant pour l’instant le pire pourcentage dans cette catégorie depuis 2018 pour un titulaire. Cette imprécision latente se confirme également dans son taux de lancers dits on-targets, qui ne s’élève qu’à 64,1 % (31e sur 32). Ses prises de décision sont également contestables, avec 23,2 % de mauvais lancers (31e sur 32) et 3,6 % de ses passes tentées qui se retrouvent interceptées (30e sur 32). Certes, certains paramètres ou comparaisons pourraient atténuer la gravité de ces chiffres. Par exemple, il est l’un des quarterbacks les plus pressés par les défenses adverses (27,7 % de ses dropbacks) et qui subit le plus de sacks (34, soit 9,9 % de ses tentatives de passes). À titre de comparaison, toute cette partie de sa ligne de statistiques ressemble en de nombreux points à celle de Josh Allen lors de sa saison rookie en 2018 : des chiffres qui semblent donc voués à s’améliorer avec le temps et l’expérience. Pas de quoi s’alarmer donc ? Peut-être que si, surtout en regardant son efficacité.

Si Josh Allen, qui paraît être un bon exemple au vu de son profil (bras puissant, recherche de gros jeux, déchet à corriger) à sa sortie du College, commettait de nombreuses erreurs, il se montrait plus incisif en attaque et laissait entrevoir un vrai potentiel en gommant lesdites erreurs. Difficile pour l’instant d’en dire autant de Zach Wilson. En dix sorties, le joyau de BYU n’a dépassé qu’une fois les 260 yards. Pire, il n’a lancé que 6 touchdowns, affichant le second plus mauvais pourcentage de touchdowns par passes lancées (1,9 %), n’ayant trouvé quelqu’un dans la endzone que lors de trois des dix matchs qu’il a disputé. N’est-il pas aidé par son attaque ? Cela n’est pas impossible, mais ne passer que par ce prisme serait trop réducteur, surtout que d’autres ont réussi à la faire tourner. Titulaire à quatre reprises en 2021, l’inexpérimenté Mike White a obtenu 5 TD au total et a lancé pour plus de 400 yards lors de la victoire des Jets contre les Bengals. En parallèle, et pour sa seule sortie en tant que titulaire, le vétéran Joe Flacco a lui cumulé 291 yards et 2 TD à la passe. Loin d’être rassurant.

Enfin, une première inquiétude peut surgir sur le plan physique. Si son épaule était le principal point de préoccupation avant sa draft, c’est au genou que Zach Wilson a connu quelques soucis cette saison. Obligé de quitter ses partenaires en Week 7 face aux Patriots, il a manqué quatre rencontres avant de revenir en Week 12 pour aller battre les Texans. Désormais, il est difficile d’évaluer l’impact que cette blessure a sur son jeu et sur son développement. Pas encore guéri à 100 %, ce problème au genou n’est pas censé le limiter dans le jeu, mais a peut-être eu des conséquences mentales. Néanmoins, même s’il n’est pas forcément impressionnant dans le jeu depuis son retour, il n’a en revanche pas peur d’aller se battre pour des yards au sol, comme en atteste ses trois touchdowns inscrits à la course sur les quatre rencontres post-blessure qu’il a disputé. Un petit signe d’espoir à quelques semaines de la fin de sa première campagne, qui montre qu’il pourrait ne pas être freiné à court terme dans son développement par ce pépin physique.

Des motifs d’espoir ?

Bien évidemment, enterrer Zach Wilson après seulement dix matchs disputés en NFL serait bien trop simple et rapide pour un talent drafté en deuxième position il y a moins d’un an. De fait, et comme nous l’avions déjà évoqué pour Trevor Lawrence, le temps semble être son meilleur allié, même s’il va devoir redoubler d’efforts pour enfin se montrer au niveau.

Premier motif d’espoir, son coach et la franchise semblent toujours avoir confiance en lui. Zach Wilson est encore très jeune – il a 22 ans – et l’organisation est prête à lui laisser prendre ses marques afin qu’il devienne enfin le franchise quarterback que les Jets attendent depuis trop longtemps. Ceci passera notamment par un meilleur encadrement de son jeune talent, quelque chose que les Jets ont déjà commencé à faire en renforçant la ligne offensive et qui devrait se poursuivre dès l’intersaison. New York est aujourd’hui virtuellement le 4e choix de la Draft 2021, et aura plus de 50 millions de dollars à dépenser sur le marché des agents-libres : de bons arguments pour solidifier son effectif. Il ne faut pas non plus oublier que l’effectif new-yorkais est encore très jeune (25,7 ans en moyenne cette saison) et que le développement d’autres jeunes joueurs offensifs (Mims, Carter ou même Davis) ne peut-être que bénéfique pour celui de Wilson.

Enfin, d’un point de vue plus personnel, le quarterback des Jets a encore du temps pour prouver sa valeur. Réussir en NFL dès sa saison rookie n’est pas automatique, plusieurs exemples récents en sont la preuve, et le vrai indicateur sera l’an prochain. Avec une saison pleine dans les jambes et tout une intersaison pour corriger ses erreurs et montrer de vrais signes de progression, c’est pendant l’an II qu’il sera réellement jugé et que ses dirigeants pourront commencer à émettre un jugement sur son futur dans la franchise. S’il va devoir se montrer plus convaincant en bien des points, notamment sur sa capacité à faire scorer son attaque, tout n’est pas encore terminé pour un joueur qui reste aujourd’hui une énigme. Loin de là même, bien que l’ombre d’un destin similaire à celui de Sam Darnold plane déjà dans les travées du MetLife Stadium.

Imprécis, inefficace et blessé, les quinze premières semaines de Zach Wilson en NFL ressemblent plus à un chemin de croix qu’à un apprentissage. Talent brut à polir, il devra absolument montrer des signes de progression dès l’an prochain, sous peine de voir ses dirigeants s’interroger sur leur choix de le sélectionner aussi haut. Une main se dirige doucement vers la sonnette d’alarme, mais laissons le temps à Zach Wilson de prouver au monde professionnel qu’il est meilleur que ce qu’il montre pour l’instant en 2021.

Crédit image en une : Kevin R. Wexler-NorthJersey.com / USA TODAY NETWORK

Les mots "Minnesota Miracle" et "No-Call" sont rayés de mon vocabulaire. Mon cœur pleure la retraite de Drew Brees.

Dernières publications

En haut