Ce fût un dénouement non pas plein de suspense du côté de la Géorgie hier, mais une dernière journée d'un récital en trois actes que nous a offert le numéro 1 mondial Dustin Johnson. Meilleure carte jeudi, samedi et hier, ses adversaires ne se seront partagés que des miettes d'espoir, tant le flegme et la précision de l'américain semblaient indéboulonnables cette semaine. Recordman, l'américain l'est aussi en battant le record du parcours sur les quatre jours, avec un total de -20, pour s'offrir le deuxième Grand Chelem de sa carrière après l'US Open en 2016, et décrocher la plus belle victoire de sa carrière. 

Recordman DJ

C'est le surnom le plus commun que l'on donne à Dustin Johnson, DJ. Et ce DJ nous a joué hier un de ses meilleurs tubes, une playlist totalement maîtrisée, en quatre volets, aussi féériques et exceptionnels les uns que les autres.

Parmi ses plus grands exploits, une trilogie de l'Amen corner négociée sans aucune fausse note, aucun bogey, et même souvent ponctuée de birdies, comme au mythique trou numéro 12, à deux reprises lors des deux premiers tours grâce à deux positions de drapeau plus abordables.

Son hit favori ? Assurément le trou numéro 2, avec deux eagles dans la semaine, lors de son premier et troisième tour, symbole d'un trou qu'il maitrise comme aucun de ses adversaires.

On l'attendait aussi dans cette dernière journée, souvent fatale, parfois cruelle, comme pourraient en attester de nombreux joueurs et en premier lieu Jordan Spieth. On l'a cru en danger, enchaînant successivement deux bogeys, au 4 et au 5 ce dimanche, avant de se reprendre au 6 avec un magnifique birdie sur ce par 3.

Dans une partie où Sung-jae Im a cru pouvoir lui voler la vedette, Dustin Johnson a effectué un retour de parcours parfait, avec trois birdies qui lui assurent une fin de parcours sereine, pour conclure sans problème au 18 et revêtir au club house quelques minutes plus tard, des mains de la légende Tiger Woods, une veste verte que très peu de golfeurs ont eu la chance de porter. Recordman et champion, Dustin Johnson n'a rien laissé au hasard, et est entré hier dans une nouvelle dimension.

Crédit photo: Getty Images

Une semaine mouvementée à Augusta, et un dernier jour toujours plein de rebondissements

On le savait. Du côté de la Géorgie, les jours se suivent mais ne se ressemblent pas. Et fort heureusement pour certains…

Ce dernier jour nous a offert un florilège de performances parfois très bonnes, parfois inquiétantes, à l'image de deux figures du circuit qui nous ont offert le meilleur comme le pire hier.

Si l'on commence par la légende Tiger Woods, on pouvait s'attendre, du fait d'un début de semaine plutôt bon, à une fin de Masters compliquée, voire très compliquée, à l'image de son trou numéro 12.

Arrivé en milieu de classement au début du Day 4, Tiger arrive avec peu d'ambitions pour cette dernière journée, mais se montre solide en début de journée. Le Tigre va pourtant subir une déconvenue assez importante, et ce à un trou mythique de ce Masters, le fameux Par 3 du 12, sur lequel il va aller deux fois dans l'eau, lors de son premier coup et lors de sa sortie de bunker. Une vraie galère qui l'oblige à jouer 10 coups… à deux coups du pire score historique de ce trou numéro 12.

Le si risqué trou numéro 12, pilier de l'Amen Corner.
Crédit Photo: Masters d'Augusta

Après cela, le Tigre va sortir les griffes et enchaîner une série de birdies assez hallucinante, avec cinq birdies en six trous pour compenser cette sortie de route assez hallucinante et bien inhabituelle pour l'américain.

Du côté des très bonnes performances hier, on retrouve l'ancien numéro 1 mondial, Rory McIlroy, décevant jeudi et beaucoup plus rassurant le reste de la semaine, pour finir à une honorable 5è place et un total de -11. Terriblement décevant quand on sait qu'une carte identique jeudi (en lieu et place de sa mauvaise partie à +3), lui aurait permis d'égaliser avec Dustin Johnson.

Les Tops 

  • Dustin Johnson: comment ne pas citer le numéro 1 mondial, qui a su tenir son rang, et ne pas craquer dans une dernière journée toujours périlleuse. Une vraie masterclass et un record du parcours qui le fait entrer dans l'histoire d'Augusta.

  • Cameron Smith: Avec quatre cartes inférieures à 70, le jeune Australien a fait étalage de tout son talent, en concluant une dernière journée une nouvelle fois étincelante, où il a même titillé en milieu de journée Dustin Johnson, avant un bogey au 11 et une fin de parcours sans trop d'éclats qui le laissera à une très prometteuse deuxième place. Comment ne pas voir en lui la figure d'un prochain vainqueur de Chelem ?

  • Ancien vainqueur à Augusta, le Sud-Africain Frittelli a impressionné cette semaine. Bon, très bon jeudi et samedi, il est passé malheureusement à côté vendredi et hier. Une belle cinquième place vient le récompenser pour une très belle semaine pour le 71è mondial.
Crédit Photo: Rob Schumacher-USA TODAY Sports

 

Les Flops

Ceux qui n'ont pas passé le cut :

  • Jason Kokrak: Après un Day 1 convenable, terminé à un coup en dessous du par, le deuxième jour sera fatal à l'américain, 25è mondial, avec un retour très mal négocié, et un Amen Corner fatal avec un +4 au cumulé dont un double bogey au 12. Une carte mauvaise, et un +5 plus tard, et c'est le cut pour l'Américain, en difficulté dans ce début de saison.

  • Michael Wolff a connu un parcours presque similaire, avec une première journée propre et une carte convenable de 70, avant de complètement craquer dans le Day 2.

  • Tyrrell Hatton: C'est certainement la plus grande déception de ce Masters, dans ceux n'ayant pas passé le cut. Avec deux tours très moyens, au dessus du par total, l'anglais 10è mondial, déjà vainqueur cette année, ne voit pas le Day 3 et voit sa belle progression bien stoppée.

Ceux qui ont passé le cut:

  • Collin Morikawa: l'Américain n'a jamais vraiment performé cette semaine, avec aucune carte en dessous de 70. Malgré des journées 1 et 3 bien négociées bien qu'agitées, le Day 4 fut une nouvelle fois compliqué avec pas moins de 5 bogeys et un double, fatal pour bien figurer au classement final.

  • Paul Casey: On peut difficilement parler de contre-performance pour un joueur dans le Top 40 du Masters, alors qu'il est en dehors des vingt premières places mondiale, mais le Day 1 de l'anglais laissait présager tellement d'espoirs. En tête au terme de la première journée, grâce à une carte presque parfaite de 65, l'Anglais a malheureusement laissé passer sa chance avec des Day 2 et 4 bien compliqués.

  • Bryson DeChambeau : D'abord sous pression, l'Américain signe deux premiers jours très moyens avec deux cartes de 70 et 74 pour passer le cut de justesse. Malgré deux journées un peu meilleures mais pas exceptionnelles, l'Américain n'a jamais existé dans ce Masters. L'apprentissage du plus haut niveau.
Crédit photo: Getty Images

 

Au terme de quatre jours d'une compétition acharnée, le Masters d'Augusta aura une nouvelle fois fait dans l'exceptionnel. Un record, un nouveau vainqueur, une édition marquée par le contexte, mais malgré tout fabuleuse à suivre, ce cru 2020 d'Augusta fut magique, et ne présage que le meilleur pour le reste de la saison sur le circuit PGA.