Houllier et Liverpool : un amour immortel…
5 kilos en moins, le regard rempli de passion, la tête haute, un sourire contagieux, une formidable accolade avec Fabio Capello et un stade debout. Voilà comment était revenu Gérard Houllier à Anfield un soir de mars 2002. Le manager de Liverpool venait de remporter une longue bataille de 5 mois contre une dissection aortique. En ce lundi 14 décembre 2020, il vient de perdre la guerre. Décédé à l’âge de 73 ans, ce grand Monsieur laisse derrière lui une empreinte indélébile dans l’histoire du club rouge de la Mersey.
Même si, avec son humilité et sa grande sagesse, Gérard Houllier ne le dira jamais, c’est bien lui qui a remis le club de Liverpool sur la carte en 2001. Alors que les Reds vivent des saisons difficiles depuis le départ de Kenny Dalglish en 1991, l’ancien entraîneur du Paris Saint-Germain mais aussi du Racing Club de Lens va ni plus ni moins remettre l’église au milieu du village. La surprise est énorme d’autant plus que le Français arrive à Anfield en tant qu’adjoint de Roy Evans. Il prend les reines du club en novembre 1998. 11e cet hiver, Liverpool termine la saison à la 7e place. Les dirigeants de l’écurie anglaise décident de donner du temps au Français et ils font bien. À une petite marche du podium la saison suivante, les Reds signent des performances très encourageantes mais personne n’a alors idée de la suite des évènements… Dans le monde du sport plus que dans d’autres domaines, c’est quand on s’y attend le moins que la magie opère. Liverpool rafle 5 titres en 2001 : Coupe UEFA, Supercoupe d'Europe et FA Cup. Trois trophées auxquels s'ajoutent la League Cup et le Charity Shield quelques mois plus tard.
Bien que la saison soit historique, Gérard Houllier souhaite s’attaquer à la Premier League. Pour cela, il faut faire face à Manchester United, alors entrainé par Alex Ferguson, mais aussi à la redoutable équipe des Gunners d’Arsenal ou encore celle de Leeds. Le match face aux Peacocks est d’ailleurs le premier choc de cette édition. Les deux équipes s’affrontent dans un Anfield bouillant pour le compte de la 9e journée. Menés par les visiteurs et leur effectif doré composé d’un certain Rio Ferdinand, les Reds rentrent aux vestiaires déçus des 45 premières minutes. Certains joueurs racontent que l’atmosphère était à ce moment-là très pesante, mais de là à dire qu’ils allaient voir leur entraîneur s’écrouler devant leurs yeux. Juste après avoir sermonné ses troupes, Gérard Houllier tombe complètement sur le carrelage des vestiaires d’Anfield. Son adjoint Phil Thompson prend sa place sur le banc et l’entraineur français file à l’hôpital. Urgences, cardiologie vasculaire, cinq heures à cœur ouvert, le cinquantenaire voit la mort de très près et n’apprendra que le soir que Danny Murphy a permis à Liverpool de ne pas perdre le match du jour. (1-1) La presse anglaise et mondiale s’empare de ce dossier et assure que Houllier ne frôlera plus de sa vie le rectangle vert. Que nenni, il s’assoit par surprise sur le banc d’Anfield 5 mois plus tard lors d’un match de Ligue des Champions face à l’AS Roma. Le You Never Walk Alone est immense et l’ovation inoubliable. Tous les supporters des Reds se lèvent pour applaudir leur héros. La victoire, ce soir-là, est inévitable. (2-0) Une histoire qui semble quand même rendre un sublime hommage à une autre légende du club qui disait “Certaines personnes pensent que la football est une question de vie ou de mort. Je vous l'assure, c'est bien plus que ça…”
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Comme s’il avait appuyé sur l’interrupteur dans une pièce plongée dans le noir, Gérard Houllier restera l’entraîneur qui a redoré le blason de Liverpool à un moment inattendu, mais aussi comme celui qui a lancé Steven Gerrard. Il n’aura pas l’hommage qu’il mérite mercredi soir, lors de la rencontre entre les Reds et les Spurs de Tottenham à Anfield. Qu’importe, même dans l’au-delà, il sait qu’il ne marchera jamais seul.