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ITW Exclusive – Robert Malm : “On a un championnat de dingue”

Ancien joueur avec plus de 380 matchs de Ligue 2 au compteur, Robert Malm est aujourd'hui consultant pour la chaîne beIN SPORTS, diffuseur de la Ligue 2. L'international Togolais est revenu pour WeSport sur les 13e premières journées de Ligue 2 BKT.

Quels sont vos premiers enseignements de ces 13e premières journées de la saison en Ligue 2 ?

Je me dis que l’on a un championnat de dingue, un championnat complètement ouvert. Personne ne s’imaginait qu’à ce moment de la saison, Laval serait leader, que Bordeaux serait relégable. On a du suspense, des surprises qui sont bien classées comme Rodez par exemple. Certaines équipes ont de l’avance sur leur tableau de marche. Certains gros sont là comme Saint-Etienne, Angers, Auxerre. D’autres naviguent un peu au milieu, je pense à Guingamp, à Ajaccio. D’autres sont à leur rang, excepté Bordeaux qui est 17e du classement et c’est assez inquiétant.

En parlant de Bordeaux, est-ce-que selon vous ils peuvent s’en sortir ?

Oui je pense qu’ils peuvent s’en sortir même s’il est nécessaire de faire quelques retouches au mercato hivernal. On fait un peu le comparatif avec le Saint-Etienne de la saison dernière qui avait du mal à cette période la saison. L’ASSE avait bien fini, Bordeaux pourrait prendre ce chemin la mais pour bien finir il faut bien recruter. Ce sera aux dirigeants bordelais de trouver les joueurs pour remettre Bordeaux en selle. Mais ce n’est pas tout, il y a également des joueurs qui doivent élever leur niveau de jeu, être à la hauteur des attentes du club.Que ce soient les recrues ou les joueurs qui sont restés.

Il faut globalement que Bordeaux hausse son niveau de jeu. Alors l’entraineur a été changé donc on va attendre de voir comment ça va se passer pour la suite. Mais n’oublions pas non plus que la fin de saison dernière est tronquée, certains ont peut-être encore ce traumatisme, il faut le digérer. Le plus rapidement possible et il serait temps de le digérer. Tout reste possible, faire une série et remonter sur les barrages où s’enfoncer encore plus. J’ai du mal à croire que le groupe bordelais se disloque et qu’on arrive à ne rien obtenir. Je ne le pense pas. Je suis sûr qu’il y aura une réaction, un sursaut d’orgueil.

Quelle est votre opinion sur les débuts d’Albert Riera à la tête de cet effectif ?

Si on prend les résultats bruts, je dirai insuffisant. Mais tout comme quand David Guion était à sa place je ne vais pas lui tirer dessus. Il ne faut pas le juger trop vite. Il faut lui laisser du temps, le seul problème quand on arrive dans cette position-là, avoir du temps ce n’est pas toujours évident. On sait que le temps n’est pas le maitre mot en football alors qu’il en faut. Mais au moment où on se parle le juger ne serait pas correct de ma part. Il n’a fait que 3 matchs, c’est trop peu. Le jour où il aura plus de matchs, et le temps de mettre en place ses idées, là on pourra juger. Ce que j’aimerais pour le coach Riera et pour le club, c’est qu’il redresse la barre, mais aussi qu’on lui laisse du temps.

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Pour terminer sur les Girondins, les Ultramarines et certains partenaires ont pris la parole pour exprimer leur mécontentement et déplorer l’absence de Gérard Lopez, quel est votre sentiment ?

Je ne peux pas me permettre de juger, certains ont pris la parole car ils n’étaient pas content, et c’est logique qu’ils ne soient pas satisfaits. Quand on est une institution comme celle de Bordeaux et qu’on est relégable, que des moyens ont été mis lors du mercato pour faire une belle saison, je l’entends. Maintenant, il faut être très prudent, que les Ultramarines ne soient pas content des résultats, oui. Que les partenaires ne soient pas contents, je l’entends aussi. Le contraire m’aurait étonné. Après l’absence de Gérard Lopez, chacun le jugera comme il l’entend.

Le club fonctionne sans que Gérard Lopez soit là, il n’est pas coupé du monde, il n’est pas non plus coupé d’informations par rapport au club. Il a des gens autour de lui qui travaillent aussi, à eux d’effectuer le travail qu’il faut. Le président n’est pas souvent là, c’est une chose, il est au courant de ce qui se passe. Peut-être que certains aimeraient le voir un peu plus souvent. Mais ce qu’on veut voir, ce sont des résultats. La saison dernière, Gérard Lopez n’était pas plus présent qu’il ne l’est aujourd’hui. L’an passé, il n’a pas fait plus d’interview, il n’a pas fait plus acte de présence et il y avait des résultats et personne ne s’inquiétait de sa présence au Matmut Atlantique. C’est dans ces moments-là qu’on cherche les poux dans la tête. Ce n’est pas à moi de lui dire d’être plus souvent là. S’il estime qu’il doit y être, il viendra.

“On a une Ligue 2 homogène avec des clubs qui se structurent”

Pour revenir plus généralement sur la Ligue 2, on voit, depuis quelques années, le niveau se rapproche de la Ligue 1. Qu’est-ce qu'il manque aux clubs de la Ligue 2 pour combler ce gap ?

Un peu plus de sous pour garder les meilleurs éléments, pour pouvoir rivaliser. Au-delà de tout ça, on travaille très bien dans les clubs de Ligue 2, on recrute malin, à la formation aussi, il y a du bon travail. Pas mal de jeunes arrivent à sortir de centre de formation. En termes de formation, les clubs travaillent bien. On a vu l’an passé à Bordeaux avec Bakwa, Mwanga, Bokele, Delaurier-Chaubet. On le voit également à Saint-Etienne avec le petit Maxence Rivera. Chaque club travaille aujourd’hui de manière intelligente.

On peut prendre l’exemple de Grenoble avec Max Marty (directeur général du club). On ne fait pas n’importe quoi, on ne fait pas de folie. On a une Ligue 2 homogène avec des clubs qui se structurent comme Rodez, comme Pau, qui proposent quelque chose de très intéressant. Chacun travaille dans le bon sens, avec ses moyens, c’est ça le plus important. Le championnat ne roule pas sur l’or. On découvre des joueurs, c’est ça que j’aime, on recrute malin, parfois en National, parfois en National 2.

On peut prendre l’exemple de Pierre Lees-Melou, il y a 8 ans, il jouait au Cap-Ferret. Il a éclos à Dijon et aujourd’hui il se retrouve capitaine à Brest. Il compte presque 200 matchs en Ligue 1. On est capable de très bien travailler en Ligue 2, faire de bons coups, je pense qu’on est dans le bon sens.

Comment jugez-vous le passage à 18 à la fin de la saison ? Pensez-vous que cela va ramener de la compétitivité ?

Est-ce qu’on a moins de compétitivité à 20 ? Enlever deux équipes, est-ce que cela va ajouter plus de compétitivité ? Je ne sais pas, en ligue 1, ils sont 18. On expliquait que cela pouvait mieux protéger les gros, regardez aujourd’hui le dernier de Ligue 1, c’est Lyon. Aujourd’hui, oui, une Ligue 1 à 18, mais pas ne suis pas convaincu. J’ai joué dans une Ligue 1 à 18, ça n’a pas apporté plus de compétitivité.

Maintenant, si on veut plus de compétitivité en général, il faut arrêter de rajouter plus de compétition. Mais là où cela peut amener de la compétitivité, c’est peut-être en dessous, en National ou National 2 ou 3. Dans le sens où si vous sortez deux équipes en Ligue 2 en moyennant 25 joueurs par effectif, cela fait 50 joueurs qui pour les meilleurs resteront dans le championnat. Pour les autres, ils joueront en National et certains en National 2. Pour la Ligue 2 en revanche, je ne pense pas, mais c’est acté, c’est malheureux, mais je ne serais pas surpris que l’on revienne à un format à 20 dans le futur.

“Je suis triste pour Jean-Marc Furlan parce que cela reste une référence en Ligue 2”

Vous avez disputé plus de 380 matchs en Ligue 2, quelles sont les différences notables entre le championnat que vous avez côtoyé en tant que joueur et aujourd’hui ?

En premier lieu, les infrastructures de club. Les clubs se sont structurés et c’est une bonne chose. Maintenant, chaque club a un centre de vie et un centre d’entraînement. Les pelouses également, ça compte beaucoup pour la production du spectacle. Et grâce à tout ça, le niveau technique a évolué. On a des cellules de performances que tous les clubs n’avaient pas l’époque. Ce qui fait que vous devenez attractifs, compétitifs. Les joueurs et le jeu progressent, il y a beaucoup de travail sur la formation. À l’époque, on savait qu’il y allait avoir une ou deux équipes qui allaient survoler le championnat, aujourd’hui c’est plus homogène. Et à l’époque, il n’y avait pas de Play-Off, maintenant 5 équipes sont concernées par la montée.

Selon vous, les Play-Off sont un bon ajout ?

C’est un bon ajout pour les clubs, pour les joueurs. Cela permet de concerner tout le monde jusqu’à la fin du championnat. À l’époque, c’étaient les trois premiers qui montaient directement, donc si l’écart était fait, c'était plié. C’est une bonne chose, mais c’est toujours mieux de monter directement. C’est de l’attractivité, ça rajoute du piment à la fin du championnat.

Jean-Marc Furlan a été mis à pied du côté du Stade Malherbe de Caen. Qu’est-ce qui selon vous n’a pas fonctionné ?

Ça a fonctionné au départ avec 4 victoires en 4 matchs. Cela étant, il y a eu du moins bien, il faut demander à Olivier Pickeu qui était au quotidien avec Jean-Marc Furlan. Il n'y a que lui qui pourra donner les tenants et les aboutissants. Mais je suis triste pour Jean-Marc Furlan parce que cela reste une référence en Ligue 2. Il est le recordman de montée en ligue 1 (5 fois, trois fois avec Troyes, une fois avec Brest, et une fois avec Auxerre.) C’est dommage pour les deux parties. Les résultats bruts n’étaient pas là, mais il y a un travail qui avait l’air plutôt bien fait, peut-être pas suffisamment. Certains matchs lui on échappait par la suite.

Un autre « gros » déçoit cette saison, l’ESTAC. Est-ce que vous comprenez le projet du City Group ?

Le City Group, je ne sais pas quel est le réel projet avec Troyes. Quelles sont les ambitions exactes des propriétaires ? On pensait que Kisnorbo allait être démis de ses fonctions. On est parti faire un match à Troyes, on ne savait pas s’il allait rester. Le mardi, le board du City Group était venu, on n’a jamais su ce qu’il en était. Ils l’ont reconduit. Comme quoi un entraîneur qui avait des résultats plus mauvais que ceux de Jean-Marc Furlan par exemple est encore là aujourd’hui. Dans notre sport, il n'y a rien de logique. Je pense que s'ils l’ont gardé, c’est qu’ils connaissent l’homme, c’est qu’ils pensent que c’est l’homme de la situation ou qu’ils n’ont pas trouvé de remplaçant. Lui est en place, le projet, on ne sait pas ce qu’il en est.

“Le football, c'est la fête d’un sport populaire”

On parle très peu de Concarneau qui est actuellement 14e avec 15 points et un match de retard, le club travaille très bien cette saison.

C’est un super début de saison, c’est cohérent. On les avait vus, à Bordeaux, c’était très intéressant. Stéphane le Mignan est un entraîneur qui veut faire jouer son équipe. Quand je disais tout à l’heure que dans le championnat, on recrutait intelligent, c’est le cas ici. Yanis Merdji est arrivé libre. Certains ont signé leur premier contrat professionnel à 30 ans passé. Ils ont renforcé le socle assez solide de National. Bravo à Concarneau, je leur tire mon coup de chapeau d’autant plus qu’ils ont été baladés de stade en stade pour les matchs à domicile. Je dis bravo, les points sont pris et ne sont plus à prendre.

Est-ce que vous suivez par extension la National ? Pour savoir ce que deviennent les anciens pensionnaires de Ligue 2, où pour voir qui pourra monter ?
Oui, bien sûr, on va voir qui va accompagner le Red Star qui est leader pour l’instant. Le Red Star avec Habib Beye fait du très bon boulot et capitalise sur ce qui a été fait l’année dernière. Le Mans est toujours dans le coup. Niort avec Philippe Hinschberger est également présent. Tous les gros répondent présent, sauf peut-être Dijon. Et on garde un œil très attentif sur la National et sur nos anciens pensionnaires.

Un de vos anciens clubs est actuellement en difficulté, c'est Nîmes, quel est votre regard sur la situation ?

Ça fait déjà plusieurs saisons que c’est un peu plus compliqué. La guerre entre les supporters et Rani Assaf. Le projet du nouveau stade, on supprime le centre de formation. Plein de choses font qu’aujourd’hui le Nîmes Olympique en est là. Malheureusement, je n’y suis pas tous les jours, mais de ce qu’on entend, le projet de Rani Assaf est plus que compromis. L’extra-sportif a pris le dessus sur le sportif et ce qui est embêtant pour un club comme Nîmes. Aujourd’hui, je ne sais pas s’il y a encore cette âme.

Pour finir, quel joueur vous a le plus marqué depuis le début de saison ?

Je ne vais pas être très original, mais Gauthier Hein (Auxerre). Il me surprend, dans sa régularité, dans ce qui l’apporte à son équipe, il est impressionnant. Mais il n’y a pas que lui, je pense à Loïs Diony, (Angers) à Louis Mafouta (Amiens) également à Benjamin Bouchouari (Saint-Etienne) à Jean Louchet (Valenciennes).

Et un entraîneur ?

Olivier Frapolli (Laval) évidemment. On le connait, il a fait monter Laval, Orléans, il confirme tout ce qu’il sait faire. Stéphane le Mignan également à Concarneau. Mais je pense aussi à Stéphane Gilli (Paris FC). Ils font du super boulot et ils vont donner sûrement des vocations à certains. Il faut continuer de voir des jeunes coachs avec des idées.

Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter cette saison ?

Des rires, des pleurs, de la joie, toutes les émotions qu’on aime avoir dans le football. Des stades pleins, des stades qui chantent. Éviter tout ce qu’on a pu avoir des derniers temps, des fermetures de tribune, des interdictions de déplacement, toutes ces choses-là qui ne rassemblent pas au football. Le football, c'est la fête d’un sport populaire.

Passionné de sport et des Girondins de Bordeaux. Bercés par les arrêts de Cédric Carrasso, les coups de casque de Wendel et la finesse de Yoann Gourcuff dans un stade Chaban-Delmas en feu ! Fan de la Ligue des talents, sans oublier les coups de volant de Fernando Alonso, les attaques de Thibaut Pinot ou les atémis du général du ring Gunther.

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