Pendant 30 jours, la rédaction F1 va vous proposer une rétrospective sur un Grand Prix particulier. Que ce soit un GP des années 70 ou tout récent, toutes les générations vont y passer, avec un prisme différent à chaque fois. Des joies, des larmes, des tragédies, des intempéries … de nombreux événements ont marqué le monde de la F1 jusque là. Ce 1er juillet 1979 marque l’avènement d'une nouvel ère. Une ère où la suralimentation sera reine. Où Renault et sa “théière jaune” gagnera sa première course avec un moteur turbo. Et où une lutte pour la seconde place restera à jamais gravé dans nos mémoires.

S'il on doit se souvenir de ce Grand Prix de France, ce sont ces deux événements qui nous viennent à l'esprit. La domination d'un moteur, d'une équipe et d'une technologie révolutionnaire pour l'époque. Et surtout ce duel, fratricide, mais teinté d'un grand respect et d'une belle amitié. Un duel qui résume aussi l'esprit d'un seul homme: Gilles Villeneuve.

Un travail de longue halène qui finit par payer

Plus qu'une victoire pour Renault, ce succès, obtenue sur le sol français, fut une délivrance pour la marque au Losange. Un pari osé, dont peu de personnes ne donnait une seul chance de réussite. Le fruit d'un travail aussi. Trois ans depuis la décision de Bernard Hanon, PDG de Renault, de créer une écurie de F1 et de baser leur succès sur une seule technologie.

Et personne ne s'attendait à voir la théière jaune remporter une épreuve ce 1er juillet 1979. Déjà parce que les résultats n'étaient pas là. En 1978, seulement une 4e place comme meilleur résultat, et 9 abandons. Et cela semblait partir de la même menière en 1979. Avant ce GP de France, aucun point! Il y a eu cette pole position en Afrique du Sud, mais cela reste bien maigre. Les performances sont là, pas la fiabilité.

Les débuts de Renault en F1 furent difficiles – Crédit image: leblogauto.com

Qualifications: Renault domine la grille

Et pourtant dès les essais, Renault se montre intraitable. Cela se confirme en qualifications. Jabouille signe la pole en 1'07”19. Arnoux verrouille une première ligne jaune, mais déjà à plus de +0″2. Villeneuve et sa Ferrari sont eux à +0″46. Derrière c'est la débandade! Schechter, leader du championnat est à quasi une seconde. Laffite son poursuivant direct n'est que 8e (+1″36). Il faut dire que les Ligiers ne sont pas très stables. Au même titre que les Lotus de Andretti, champion en titre, et Carlos Reutemann pointent à plus de deux secondes!

Grille de départ du GP de France 1979 – Crédit image: statsF1.com

La course

Le départ manqué des Renault profite à Villeneuve

A l'extinction des feux, les deux Renault patinent. Villeneuve en profite, déboîte par la gauche et prend le commandement de la course. Au premier virage le canadien mène ala meute devant Jabouille et Scheckter. Arnoux, lui, part au large et chute dans le classement. A la fin du premier tour le classement s’établit  ainsi: Villeneuve devant Jabouille, Scheckter, Piquet, Jarier, Lauda, Laffite, Jones, Arnoux et Pironi.

Le départ de la course – Crédit image: leblogauto.com

Si l'écart entre Villeneuve et Jabouille passe rapidement à 4″, il se stabilise rapidement dès le 5e tour. Le français préférant observer le canadien de loin et patienter, avant de tenter quoique ce soit. Derrière le grand animateur dans le peloton se nomme René Arnoux. Suite à son départ manqué, Arnoux remonte un à un ses adversaires jusqu'à retrouver la 3e place au 15e tour.

La remonté des théières jaunes

Progressivement les leaders arrivent sur les premiers retardataires (17e tour). C'est à ce moment que Jabouille décide de rattraper son retard. Il recolle le canadien, sans pour autant se rapprocher assez pour tenter une manœuvre. Au 24e tour, Lauda, victime d'un tête à queue, cale et abandonne. Il s'agit là du 7e abandon en 8 courses pour l'Autrichien.

Devant la course poursuite continue. Chacun essaye de profiter d'une erreur de l'autre. Mais c'est inéluctable. Jabouille passera devant Villeneuve. Tant le V6 Bi-Turbo est à l'aise en Franche-Comté aujourd'hui. Au 46e tour, Jabouille est sur les talons de Villeneuve. Les deux leaders se rapprochent d'un retardataire à l'entrée de la dernier courbe du tracé. Villeneuve le dépasse par la droite dans la linge droite des stands. Jabouille le suit à l'aspiration et le déboite. Villeneuve tente de se dédoubler, mais la Renault résiste. Jabouille est en tête.

Au fur et à mesure des tours, Jabouille prend de l'avance. De 4″ au 55e tour, cet écart monte à 13″ au 60e tour. Arnoux, alors à 30″ de la tête, voit une opportunité. Villeneuve semble en délicatesse avec ses gommes. Arnoux accélère et rattrapre progressivement le canadien.

Un final à suspens

En tête, la fin de course de Jabouille est loin d'être une partie de plaisir. A cinq tours du but, il ressent de violentes crampes dans sa jambe gauche à cause d'une pédale de frein trop dure. Malgré tout il tient bon et empoche la victoire, la première de Renault! La première pour un moteur turbocompressé également. Le pari de Renault est donc gagné.

La victoire de Jabouille et de Renault – Crédit image: France 3 Régions

Mais le spectacle se déroule derrière lui. Les 120000 spectateurs se lèvent pour voir un duel fratricide entre Villeneuve et Arnoux. Le Français a recollé à la Ferrari n°12 de Villeneuve, au prix d'un superbe effort, qui ne sera pas sans conséquences. En effet, il est plus que limite, niveau carburant. Il se doit donc de le dépasser vite pour pouvoir au mieux économiser de l'essence. Au 78e tour, Arnoux tente une attaque et passe! Mais il commence à lever le pied et ne prend pas assez d'avance sur Villeneuve. Ce qui fait qu'au tour suivant, dans cette première courbe, le canadien retarde son freinage et reprend son du.

Au 80e et dernier tour., Arnoux retente à l’intérieur. Villeneuve allume ses pneus. Les deux passent le premier virage cote à cote. S'en suivent coups de roues et touchettes en tout genre. Mais Villeneuve récupérera la deuxième place. Arnoux se contentant de la 3e.

Si bien sûr, on se souvient de ce GP pour ce magnifique duel, cette course marque aussi le début d'une ère qui durera 10 ans. Jabouille et Renault ont ouvert une voie victorieuse qui marquera la décennie suivante. Le duel Villeneuve-Arnoux, lui, a marqué l'histoire.