Biathlon

Johannes Boe, un grand presque chelem

Pour celles et ceux qui n'auraient pas suivi le biathlon ces deux dernières semaines, Johannes Boe a une nouvelle fois tout raflé. Lors des championnats du monde d'Oberhof en Allemagne, le Norvégien est passé tout proche du grand chelem. Sur ces sept courses disputées, il en a remportées cinq. Pour les autres, il s'est seulement contenté d'une médaille d'argent et d'une médaille de bronze. Rien que ça.

Johannes Boe fait partie des sportifs que l'on ne présente plus. Plus de dix ans après ses premiers pas en Coupe du monde de biathlon, il est devenu une légende de son sport. Une de plus dans les rangs norvégiens. Même ceux qui ne connaissent rien à ce combiné ski de fond – tir, ont déjà entendu parler de lui. Que cela soit dans un journal télévisé ou sur une notification téléphone, son nom apparaît souvent dans les médias au moment de l'hiver. Mais cette année, cette couverture médiatique est multipliée par dix. Après une saison plus compliquée en dehors des Jeux olympiques, le frère de Tarjei est revenu avec des objectifs très clairs. À la manière d'un Kylian Mbappé affamé de succès, Johannes a débarqué sur le circuit biathlon avec cette envie de “tout soulever“.

Tout d'abord en Coupe du monde, puis lors des championnats du monde, son plan est tout tracé. Il sait qu'il est le meilleur sur la piste. À l'heure actuelle, il n'existe pas meilleur biathlète sur cette terre. Donc au moment où le grand chelem de victoires est évoqué durant cette quinzaine, la communauté est unanime : l'en empêcher sera compliqué.

JOHANNES BOE : UNE ARRIVÉE EN CONFIANCE

Lorsqu'il pose ses valises à Oberhof, Johannes Boe est en tête de la saison régulière. En effet, il occupe la première place des quatre spécialités après trois mois de compétitions. Et puis en relais, bien accompagné par ses coéquipiers, il gagne tout également. Avant l'ouverture de ces championnats allemands, il a remporté 15 courses sur 18 courues. Sinon, ce sont deux 3e places et une 12e position. Son bilan n'est pas parfait. Il est extraordinaire. Du coup, dans la continuité de sa saison, le relais mixte de lancement lui offre sa première médaille d'or. En quatrième position du relais norvégien, il conclut le travail de Roeiseland et Laegreid pour revenir aux avant-postes. À l'aise sur le pas de tir, il l'est encore plus sur les skis. Ses adversaires sont prévenus : on ne fait pas plus rapide que lui à Oberhof. Mais bon, la légende raconte qu'ils étaient déjà au courant.

En tout cas, si l'un d'entre eux avait un doute, il obtient sa confirmation à l'issue du sprint masculin. J.Boe est loin d'être parfait. Il lui arrive parfois d'ouvrir des portes à ses concurrents. Effectivement, il n'est pas rare de le voir louper une cible avec sa carabine. Le problème c'est qu'il peut se permettre une voire deux erreurs. Grâce à ses temps de glisse, il possède quasiment 40 secondes de marge sur ses vis-à-vis. Autant dire que vous avez intérêt à être parfait si vous voulez perturber la hiérarchie en place. Car une fois encore, avec un 9/10 au tir, le Norvégien s'impose largement. Il devance son frère Tarjei, mais aussi deux compatriotes, Laegreid puis Dale. La domination norvégienne est étouffante. Celle de Johannes est éloquente.

SHOW TIME POUR JOHANNES BOE

Deux victoires en deux épreuves. Et bientôt trois. Johannes est en forme et il ne compte pas se stopper en si bon chemin. Sur la poursuite du lendemain, il bonifie son avance acquise sur le sprint en allant triompher après 33 minutes de course. Seul et avec la manière, il réalise un sans-faute sur le pas de tir et le meilleur temps de ski. La partition est parfaite et l'artiste mérite son ovation. Les gens pourraient se dire que c'est facile quand on est le meilleur. Mais les performances de J.Boe ne doivent rien au hasard. En effet, la météo d'Oberhof vient mettre des bâtons dans les skis à tous les biathlètes. Dans ces conditions compliquées, le Norvégien prouve un peu plus qu'il est au-dessus du lot.

Cependant, l'épreuve individuelle aurait pu entraver sa moisson de médailles d'or. On le sait, ce long format de 20 km (ndlr : 15 km chez les filles) est parsemé de pièges. Pour commencer, la fatigue accumulée des jours précédents peut en faire vriller certains. Mais pas Johannes Boe. Ensuite, les conditions météorologiques peuvent faire déjouer les biathlètes. Mais pas Johannes Boe. Et enfin, la minute de pénalité à chaque tir loupé peut complètement fausser votre temps final. Mais pas Johannes Boe. Pourtant des balles, il en a raté deux. Malgré cela, il a de nouveau mis à l'amende ses adversaires sur ses temps de glisse. En quatre épreuves disputées, il en est déjà à quatre remportées. La moitié du chemin a été effectuée. Or, la deuxième partie de ces championnats du monde ne sera pas aussi rose pour le triple vainqueur du gros Globe.

ET LES FRANÇAIS SONT VENUS GÂCHER LA FÊTE

En compagnie de Marte Olsbu Roeiseland, Johannes commence sa deuxième semaine de compétition avec une nouvelle médaille d'or. La cinquième. Sur le relais mixte simple, il a tout de même fait transpirer le clan norvégien avec son anneau de pénalité après son deuxième coucher. Au final, il a sorti un tir éclair sur le debout dont lui seul à le secret pour soulager son équipe. Sa quête au grand chelem ne s'arrêtera pas là ! Dans l'Équipe, la légende retraitée du biathlon norvégien, Ole Einar Bjoerndalen, se montre très confiante : “si les Norvégiens ne gagnent pas samedi le relais, c'est que je ne connais rien au biathlon !“. Pour lui, le relais norvégien est le meilleur de tous les temps. Seules des conditions météorologiques désastreuses pourraient rebattre les cartes.

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'Ole avait vu juste. La météo est bel et bien capricieuse ! La course prend logiquement une autre tournure. Entre les rafales de vent sur le pas de tir, les balles manquées se multiplient. Pendant que Tarjei Boe et Sturla Holm Laegreid font un tour de pénalité chacun, la France s'envole vers un succès mondial. Dernier relayeur, comme d'habitude, Johannes Boe tente tant bien que mal de revenir sur un Quentin Fillon Maillet survolté. Malheureusement pour le Norvégien, son tir couché se solde par trois balles de pioche. Il a beau tout donner pour faire la jonction sur la piste, QFM est imprenable aujourd'hui. Malgré un dernier tir supersonique, Johannes voit son grand chelem s'envoler au loin dans une combinaison bleu-blanc-rouge…

UNE MASS-START POUR SE CONSOLER ?

Visiblement, Johannes Boe “n'y était plus” après le relais. Et encore, il termine tout de même troisième. Mais cette fois, ce sont les Suédois Samuelsson et Ponsiluoma qui étaient trop forts. En partant à la faute sur les deux couchers, Johannes a donné corps et âme pour revenir à chaque fois au contact de la tête. Mais après son erreur sur le dernier debout, il n'avait plus le jus nécessaire pour faire tomber un Samuelsson auteur du 20/20. Grand, il l'est déjà. Cependant, le grand chelem, lui, attendra.

La légende du biathlon mondial est contrainte de se contenter de cinq médailles d'or, d'une en argent puis d'une en bronze. Pas mal. Mais surtout, il en est désormais à 17 titres mondiaux depuis le début de sa carrière. À 29 ans, on peut encore imaginer qu'il effectuera encore quelques saisons pour accroître son quota. Après tout, les 20 titres de Bjoerndalen sont largement à sa portée.

Actuellement en Master à l'ESJ Lille, je m'avère être un adepte du groundhopping à la recherche de grosses ambiances qui ambitionne de parcourir le globe à travers ses stades de foot. Côté maillot, je fus biberonné au chardon nancéien et au coaching de Pablo Correa. J'ai aussi grandi avec le calme d'Arsène Wenger et les tacles de Laurent Koscielny sur Canal. Mais parce qu'il n'y a pas que le football dans la vie, je vibre tout autant à encourager Thibaut Pinot dans son virage, Julia Simon devant L'Equipe, mais aussi Arthur Fils sur Eurosport.

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